45. Un début d'explication (Part.1)

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C'était un dimanche, il me semble. Quelques jours seulement avant la fête donnée par Ugo dans la demeure familiale. L'été passait son chemin, et pourtant ... toujours aucune certitude quant à l'avenir de Nour. Plusieurs grands clubs avaient d'ores et déjà fait des avances au futur champion, sans pour autant recevoir de réponses. Opérant dans la plus grande des discrétions, pas une seule des intentions du joueur n'avaient fuité dans la presse, pas même dans son cercle le plus restreint, seuls les membres de son staff étaient tenus au secret des dieux. Nour s'enfermait des heures durant en présence d'avocats, d'agents mandatés pour l'occasion et de représentants de clubs venus des quatre coins du monde. Les négociations se déroulaient en huit clos depuis le début de l'été, sans qu'aucune piste probante ne vienne mettre fin à cette émulation.

Il ne s'agissait pas seulement de football. Il n'était pas tellement question de savoir dans quel club Nour aller trouver l'épanouissement nécessaire pour faire de lui le champion que tout le monde espérait. Il fallait simplement trouver la meilleure alternative possible pour ce crack du ballon rond, à savoir : concilier son talent et sa valeur financière. Et pour cela, suffisamment de rapaces s'étaient missionnés pour suivre les tractations de près. D'un simple joueur prometteur au talent imparable, Senghar était devenu une marchandise, un bien que l'on se chahutait dans les plus hautes sphères de l'institution. Et c'est à partir de ce moment précis, que le football de Nour devint une spéculation boursière, l'allégorie de quelques zéros alignés sur une chèque de banque, la promesse d'une vie riche de tout sauf de l'essentiel.

Ce dimanche donc... persuadée de pouvoir influencer son choix de part la proximité secrète que nous entretenions, je m'étais laissée aller à l'exposé de ma position sur le sujet. Il m'était évident que Nour finirait par choisir le club Parisien. Il en rêvait depuis toujours. Il me l'avait confié maintes fois. Pourquoi en serait-il autrement ? Inconsciemment, je devais souhaiter au plus profond de moi, que ce choix ne concerne pas uniquement le football... mais bien parce qu'il s'agissait là de notre seule chance de grandir encore un peu ensemble, l'un à côté de l'autre. C'était naïf. Ce n'était que l'oeuvre de la réflexion d'une gamine un tantinet bercée par les illusions. Mais c'est ce que j'ai cru.

L'air surpris, il m'avait dévisagé farouchement dès lors que je lui avais soufflé ce que je pensais être une idée brillante. Un rictus malsain était apparu au coin de ses lèvres. On aurait dit qu'il s'apprêtait à se moquer de moi, mais se ravisa.

- C'est pas aussi simple, Sek. J'suis pas le seul à décider de mon avenir, ok ?

Ses yeux fuyaient mon regard à la dérobée. Cela faisait déjà quelques jours qu'il feintait mes prunelles pour observer maladroitement ses mains.

- Oui, je comprends tout ça. Mais c'est juste que Paris t'a fait son offre, c'est marqué partout dans les journaux et c'est toi qui fait durer le plaisir. J'aimerai savoir pourquoi ? Et si tu envisages réellement d'autres options ? Osais-je.

La nervosité commençait à gagner ses membres. La tempête menaçait cette tranquillité que je croyais instaurée entre nous. Car c'est le ton plein de mépris qu'il me rétorqua :

- Occupes toi de tes affaires Mara. Ça ne te regarde pas !

La porte se mit à claquer. Sa silhouette se dessina au loin au travers de la fenêtre, et seule dans mon salon je pris conscience de l'immense vide qu'allait laisser son départ si tel devait être le cas.

Il ne fallu pas longtemps pour que Nour ne revienne frapper à ma porte quelques heures plus tard. Et faisant mine d'être encore blessée par ces propos, j'ouvris la porte au bout de longues minutes d'attente. Voyant qu'il n'avait pas rebroussé chemin, je lui intima l'ordre d'entrer. Tout son visage trahissait l'embarra. Un fin sourire se dessina pourtant à la commissure de ses lèvres lorsqu'il observa mon corps affublé d'une légère robe estivale. Impassible, je lui emboitais le pas pour monter quatre à quatre les marches qui me séparaient de ma chambre. Il me suivit sans un mot. Dans un silence monacale, nous nous observâmes au travers de la pièce comme deux adolescents énamourés que nous étions. Sa voix grave vint fendre l'air d'un son profond.

- Je suis désolé Sek. 

- De ? Répondis-je fièrement.

Sa bouche s'étira en un large sourire.

- De mon comportement. J'aurais pas dû te parler comme ça. Ma mère ne serait pas fier de moi si elle savait ça. Je me suis emporté.

Ce n'était pas la première fois que je sentais sa colère prendre le pas sur son esprit. D'ordinaire réfléchi, il changeait d'humeur dès lors qu'une fumée noire imperceptible imprimait ses yeux. Ce n'était pas non plus la première fois qu'il s'excusait. Contre moi, Sélim, Rafi ou même Aristote. Peut-être qu'à notre échelle, chacun d'entre nous disculpait cette soudaine fureur par une explication qui nous semblait rationnelle. Parce que Nour n'eus jamais besoin de se faire pardonner bien longtemps.

Il s'approcha de moi et fit glisser la bretelle de ma robe le long de mon épaule pour y déposer un baiser chaste mais tendre dont lui seul avait le secret, et je ris. Un rire cristallin, pur, enfantin. J'agrippais sa mâchoire du bout de mes doigts et vint poser mes lèvres contre les siennes, pleines et gourmandes. Une explosion de sens faisait rage lorsque nos deux corps entraient en danse. Nos battements de coeur s'entrechoquaient contre nos poitrines, au rythme d'un tambour. Je n'étais jamais aussi vivante qu'à cet instant précis. Ses longs doigts fins parsemaient ma peau de caresses enivrantes, d'abord douces, elles se faisaient plus persistantes à mesure qu'il descendait au creux de mon ventre. Nous basculâmes sur mon lit, dans un fracas de plumes et de draps froissés. Chaque mouvement que nous commettions à l'égard de l'autre provoquait un frisson presque incontrôlable. Au-dessus de lui, je laissais mes boucles s'étaler le long de son torse encore recouvert de tissu. Ce n'est qu'ensuite que j'entrepris de découvrir chaque parcelle de sa peau pour en sentir la chaleur. Il fit de même. Nous étions l'oeuvre d'un ballet parfaitement orchestrée, tant l'impétuosité de ce rapprochement rendait les choses si poétiques. Ma tête dans le creux de son cou, je lui donnais l'autorisation de parcourir mon corps de ses mains adroites jusqu'à ce qu'il entre en moi. Sa douceur faisait rougir mes joues d'un plaisir inavouable. Dans l'intimité de cette chambre d'adolescente, je laissais Nour me faire l'amour comme si c'était la première fois. Nos souffles suffocants formaient une symphonie sensuelle difficile à maîtriser. J'apercevais nos reflets dans le petit miroir posé sur ma commode. Le contraste de nos deux peaux, la nuance de deux couleurs qui se fondent entre elles, la vibration de deux êtres qui s'aiment mais ne se ressemblent pas, cette alchimie quasi inexplicable entre nos deux épidermes, provoquèrent un incendie qui ne tarda pas à me submerger totalement. Je savais que cet instant serait à jamais suspendu dans le temps. Ce que je ne savais pas en revanche, c'est que ce serait la dernière fois. 

Note de l'auteur : 

Hello,

C'est tout moi ça, de débarquer avec un chapitre sorti du chapeau. TADAM... j'espère qu'il vous a plu et que vous êtes prêt(e)s pour la suite ? Car il se trouve que le prochain chapitre pourrait arriver dans la foulée si vous êtes d'accord et impatient(e)s, alors ??? 

Sinon quelles sont vos réactions suite à ce petit flashback entre Nour et Soisek. On valide ou pas ? 

Je vous embrasse, 

Em. 

PS: Promis, en ce mois d'avril, j'offre plus de régularité à mes écrits. Je veux aussi connaître la fin de Soisek (ahah). 

Soisek - dix ans plus tard -  | Terminée |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant