60. Que des menaces

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PDV : flashback Nour printemps 2006.


- Nour, mon ami, viens là mon grand !

Ses bras s'ouvrent pour m'accueillir en son seing. Pendant qu'il m'enlace, j'observe le reste de l'assemblé de ses représentants avec une certaine appréhension. Flanqué de mon avocat, nous prenons place dans ce vaste bureau qui donne sur l'immense pelouse du stade Toulousain. C'est la première fois que je pénètre dans un endroit semblable à celui-ci. Tout me parait démesuré. Pourtant je sais qu'un jour, dans peu de temps, tout ça deviendra mon quotidien. En attendant, la table des négociations est ouverte. J'aurais dû me douter que j'allais intéresser un certain nombre de club. Toulouse pourtant c'était le cadet de mes soucis il y a encore quelques temps. Mai j'ai bien l'impression que mon avenir se dessine progressivement dans la ville rose.

- Ton contrat est prêt. Clame t-il en allant se rassoir derrière son grandiose bureau en bois orné.

Je jette un coup d'oeil suspect à mon avocat. Je voudrais qu'il trouve une parade mais nous avons assez discuté, il n'existe aucun recours. Le problème, je l'ai moi-même fabriqué il y a quelques années.

- J'espère que tu as apporté ton plus beau stylo Senghar. Son sourire brille au zénith. Le mien a disparu.

Mon avocat prend la parole.

- Nous ne signerons pas aujourd'hui Monsieur Savage. Mon client a besoin de fixer quelques conditions préalables.

Le regard du Président du club de Toulouse se voile légèrement. Je sens qu'il s'agace intérieurement. Mais sans se départir de son sourire faux, il ajoute.

- Et de quelles conditions parle t-on ? 

- Mon client souhaite ajouter quelques clauses au contrat. La première est non des moindres, c'est sa présence non souhaitée dans quelconques médias que ce soit pour toute la durée du contrat. Et il y en a d'autres bien évidement qui concernent la rémunération et les avantages sociaux, mais si vous êtes déjà enclin à accepter la première des conditions, nous vous en serons reconnaissants et cela aidera certainement mon client à accepter les termes.

James Savage change de couleurs. Ses conseillers également, n'en restent pas moins perplexes. Je sais que c'est beaucoup demandé, mais j'ai conscience de l'importance que mon talent a à ses yeux. Pour moi cette clause est non négociable.

Il réfléchit un instant. Ses yeux tueurs viennent s'échouer contre mon visage. Je saisis l'importance de rester droit et ancré dans la réalité. Je ne lui ferai pas le plaisir d'abandonner maintenant.

- C'est d'accord. Envoyez-moi le contrat revu en ces termes. Conclut-il enfin après de longues secondes. En s'adressant à moi - Je te conseille de rapidement te décider à signer Nour. Je n'ai pas tout mon temps. Et tu sais quelle issue malheureuse t'attend si le contrat n'aboutit pas. Je serai désolé vraiment. Les affaires... ce sont les affaires. Je suis sûr que tu peux le comprendre.

Son sourire me fait froid dans le dos.

Ce que l'histoire ne dit pas. C'est que j'ai attendu le tout dernier moment pour signer ce putain de contrat que je ne voulais pas. En août plus précisément. Le lendemain de la soirée chez Ugo. 24h après avoir brisé le coeur de Mara. Drôle de timing, n'est-ce pas !

Je l'ai signé après qu'il m'ait menacé une ultime fois. Je ne sais pas ce que j'espérais. Passer entre les mailles du filet ? Je pensais vraiment qu'il allait oublier notre petit arrangement ?

La vérité c'est que je me suis mis dans ce pétrin tout seul et que j'ai peiné à assumer.

Quelques semaines après avoir ajouté une clause spécifique dans mon contrat qui stipulait fermement qu'aucun média ne se devait d'entrer en contact avec moi pour toute la durée de mon mandat à l'Olympique de Toulouse, James Savage, le président, a décidé de rabattre ses cartes au milieu de nos négociations.

Soisek - dix ans plus tard -  | Terminée |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant