56. Prendre en main son destin

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PDV NOUR SENGHAR / Flashback juillet 2006/

J'entre dans son bureau, je suis furax. Quand est-ce que ce type va m'lâcher ? J'ai fait tout ce qu'il m'a demandé. J'ai accepté son offre pour aller jouer à Toulouse. J'ai soigné mon...problème, je suis clean depuis des mois. Le championnat se déroule à merveille, il sait qu'il a dans les mains le joueur qui lui faut pour hisser son équipe au plus haut niveau, alors c'est quoi son putain de problème ?

Il tire une de ces gueules en m'voyant débouler. J'ai fait un aller/retour pour venir le voir en express. Et clairement c'est pas la porte à côté Toulouse. Mais je suis bien décidé à en découdre. Des mois qu'il me tanne, me scanne, m'observe. J'ai fait une boulette et il s'en sert allègrement depuis.

Est-ce qu'il sauve ma carrière ? Sûrement. La justice est à deux vitesses pour des gars comme moi. Mais c'est pas la peine d'outrepasser les règles avec son pouvoir à la con.

Ça m'bute d'en être réduit à fermer ma gueule, alors que c'est moi la pépite bordel. C'est moi que le monde veut s'arracher. C'est moi que les clubs veulent voir jouer. Donc stop. Toulouse c'est tout juste si c'était un choix que j'avais envisagé. Qu'il soit juste bien content que je me traine jusqu'ici pour lui sauver ses fesses en septembre.

- Qu'est ce que tu veux putain ? Crachai-je.

Il me scanne depuis que je suis entré dans ce bureau. J'ai envie de lui arracher les yeux. Mes doigts s'enfoncent dans le fauteuil devant moi. Je fulmine de l'intérieur.

- Nour... qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

Sa voix est calme. Il ne se laisse pas abattre par mon entrée chevaleresque. Je sers les poings.

- Je t'ai dit que c'était ok pour venir dans ton club, je répète ma question : qu'est-ce que tu veux de plus ? Vociférai-je.

Il lève la tête pour planter ses yeux cristallins en plein dans la noirceur des miens. Inspirant profondément, le sourire impassible aux lèvres, il m'invite à m'assoir. Ce que je ne fais pas.

- J'assure mes arrières, n'importe qui ferait ça.

- De quoi tu parles ?

- C'est le business Nour. Tu croyais quand même pas que je n'allais pas poser de conditions à ta venue.

- Ma venue est déjà une condition en soi.

- Ça c'est que tu te racontes à toi-même mon garçon.

Son regard transperce ma peau à travers mon survêtement. Il a toujours eu ce pouvoir sur les gens. Capable de les molester en un simple coup d'oeil. Je l'ai appris à mes dépends récemment.

- Appelle ton avocat, il te conseillera de faire exactement ce que je te dis. Et tu sais pourquoi ? Son doigt est pointé vers mon buste d'un geste menaçant. Parce qu'il n'y a aucune loi qui encadre ce que toi et moi avons passé comme petit arrangement. Tu peux crier au scandale autant que tu le souhaites mon grand, tu t'es fourré tout seul dans le pétrin. Et j'suis le seul qui peut t'en sortir.

Il s'affale à nouveau dans son fauteuil sur-dimensionné, sûrement fier de la tirade à chier qu'il vient de me servir. Je m'éteints petit à petit. Dans la rage qui m'a fait traverser le pays pour le confronter, il ne reste que des débris de colère. Je me sens résigné tout à coup.

- Il nous faut un bouc émissaire et ça ne peut pas être toi.. n'est-ce pas ?

Son ton est lasse. Il m'apostrophe comme un donneur de leçon. Je m'en veux à mort de m'être mis dans cette situation. Je sais qu'aucun avocat au monde ne peut réparer mon erreur sans me faire plonger. Il n'y a que lui.

Soisek - dix ans plus tard -  | Terminée |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant