69. Point final

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PDV NOUR SENGHAR :


- Tu t'fous de moi ?

À l'autre bout du combiné, la voix de James Savage vocifère. Un tonnerre d'insultes s'abat sur moi depuis quelques minutes. Je le laisse exprimer sa rage et sa frustration tel un enfant à qui on confisque un paquet de bonbons. Et le paquet en question, c'est surtout la montagne de fric qu'il ne fera plus sur mon dos et celui de tous les joueurs qui ont un jour approché de trop près ce type. Mon agent Barys a la minę grave en face de moi. Il prend note de tous les noms d'oiseaux dont m'affuble Savage depuis qu'il est au courant de mes intentions de le faire tomber. Les informations qu'on a récoltées avec Sek, Selim et Rafi, sont pour lui comme une pierre accrochée à sa cheville. Depuis il tangue dangereusement au bord du fleuve. Je pose mon téléphone, pour que la voix enragée de mon interlocuteur ne soit qu'un écho lointain. Il réagit à chaud. Cela ne lui ressemble pas. Lui d'habitude si calme et emprunt à une certaine éducation ! Il perd totalement les pédales. Je me dis que la cible est atteinte. Si cela n'avait pas été le cas, jamais il ne se serait rebiffer de la sorte. C'est parce qu'il sent le vent tourné, que ses nerfs lâchent. Exactement comme moi pendant tant d'années. Je n'éprouve de ce fait, aucun foutu remord. Bien au contraire... à chacun son moment de payer l'addition.

Nous avons recueilli plus de sept témoignages différents, incriminants Savage et le patron de Clubster - le site de pari en ligne - responsables de chantages aux matchs truqués. Tous sont prêts à conduire les auteurs sur le banc des accusés. Un enquête s'est ouverte au parquet de Paris. Je n'en connais bien évidement pas l'issue, mais toujours est-il que cela n'augure rien de bien prometteur pour Savage. Je ne songe aucunement à parler de mon cas. Il est certain que cela détruirait ma carrière et pour le temps qu'il me reste à pratiquer ma passion, je décide de me taire. Encore. Cette fois-ci, je le sais, j'ai l'aval de mes proches. Tous feront ce qui est en leur pouvoir pour que mon rêve puisse continuer. Et je ne saurais comment en être reconnaissant un jour. Si même je peux l'être...

Assise sur le canapé, Sek m'observe depuis le début de l'appel. Un sourire est scotché sur ses lèvres. Rien dans ce monde ne peut être plus salvateur que cet éclat qui irradie à l'intérieur de ses yeux. Comme si la mélancolie d'antan avait laissé place à un sentiment mille fois plus pétillant. Ses longues boucles brunes encerclent son visage pur. Je voudrais savoir comment j'ai fait pour m'en passer pendant si longtemps ? Et tout me revient en mémoire.

La perte. Le trou béant dans ma poitrine. L'impression de courir toujours plus vite pour fuir ma réalité. La liberté qui n'en est pas vraiment une. J'ai toujours su qu'il manquait quelque chose, sans jamais osé le prononcer à haute voix. Qu'est-ce qui est nécessaire quand on a tout ? Peut-être que le vert de ses prunelles est un absolu. Le mien.

Je voudrais crier au monde entier à quel point je me sens enfin complet. De peur que tout ce que je vis aujourd'hui ne soit qu'un mirage dans mon esprit. Comme c'était le cas durant dix ans. Je veux qu'elle existe aux yeux des autres. Pour que tout le monde sache la douleur que me cause son absence.

Note de l'auteur :

Holà,
Un chapitre version Nour. Et déjà la fin se fait sentir. Je dis déjà ... c'est gonflé au vu du temps qu'il m'a fallu pour pondre cette histoire.

Le dernier chapitre c'est demain. 🎉

Soyez prêtes !
Je vous embrasse
Em.

Soisek - dix ans plus tard -  | Terminée |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant