Chapitre 2

320 23 33
                                    


Je me réveille en sursaut dans ce lit inconfortable.

Comme chaque nuit, j'essaye de me remémorer ces derniers instants avec mon père. Et si j'avais raté quelque chose? Et s'il avait essayé de me dire quelque chose? Cela faisait maintenant bien longtemps qu'il avait disparu.


Je m'étais réveillé ce jour là, prête à commencer la journée, lorsque j'avais aperçu que ma porte était fermée à clés. Mes parents avaient toujours aimé me charrier, voulant tester mon ingéniosité mais j'avais un sentiment étrange.


Le sentiment que quelque chose n'allait pas.


Tendant l'oreille, je m'étais d'abord assuré que personne n'était là. Autre que mes parents je veux dire. Puis j'avais marché délicatement sur les lattes de mon plancher en bois, faisant attention à ne pas attirer l'attention sur moi. Une fois à la hauteur de ma commode qui était dans les tons bleu et vert, j'avais ouvert le troisième tiroir toujours en faisant le moins de bruit possible.


Quelque chose n'allait pas, je le sentais, je le savais. Et je ne pouvais pas rester éternellement dans l'enceinte rassurante de ma chambre.


Doucement, j'avais déplacé les vêtements qu'il contenait jusqu'à sentir du bout de mes doigts, la boîte lisse et froide au fond de l'étagère. Je l'avais tiré vers moi, juste assez pour pouvoir l'entrouvrir et récupérer les clés à l'intérieur. Je me souviens du jolie porte clés en forme de nymphe que m'avait offert maman lors de mon 7ème anniversaire.


Puis, clés en main, je m'étais de nouveau approché contre ma porte, la joue posée contre la surface rugueuse du bois afin d'écouter le moindre son qui me donnerait une idée plus précise de ce qui se passait. Peut-être que ce n'était qu'un test?


Lentement, j'avais inséré les clés dans ma serrure, faisant attention à ne pas faire toucher mon porte clés avec la porte lorsque je la tournerai. Ce serait dommage de me faire repérer pour un si petit détail. J'allais réussir ce test haut la main.


Mais quelque chose au fond de moi me criait de courir, que ce n'était pas normal, que c'était trop calme comparé aux autres tests qu'ils avaient pu me faire faire. Repoussant cette voix dans un coin de ma tête, j'avais continué le deuxième tour pour déverrouiller ma porte. Je l'avais ouverte le plus délicatement possible et y avait fait glisser ma frêle corpulence. A présent, les deux pas dans le couloir, je m'étais adossée contre le mur, rasant ce dernier au point de presque nous fusionner.


J'avais marché lentement jusqu'à dépasser la chambre silencieuse de mes parents. Mes pieds glissant sur le sol froid en marbre de notre belle maison. Mes mains à tâtons, longeant le mur où mes œuvres d'art d'enfant et photos de famille y étaient encore accrochés. Puis, le cœur battant, je m'étais figée. J'avais bloqué ma respiration. Une voix s'était élevée. Une voix que je ne reconnaissais pas. Une voix qui avait hérissé tous les poils de mon corps. Une voix qui m'avait rempli d'effroi.


Mais je n'avais pas encore vu. Ignorant mon instinct qui m'avait crié de fuir tant que je le pouvais encore, je m'étais approchée. Et approchées encore.


Mais ce que j'avais vu ce jour là était un spectacle effroyable auquel personne ne veut assister. Mais c'était trop tard, mes yeux avaient déjà parcouru la scène. Une scène à jamais gravé dans ma mémoire.

Les Royaumes OubliésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant