Chapitre 69

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Derrière la paroi transparente, un homme se tient.


Un homme que je sais être Finn, mais que je peine à reconnaître. 


Il est torse nu, son corps marqué de multiples traces rouges, comme si chaque blessure était une lame encore enfoncée sous sa peau. Et malgré tout ce qu'il a fait, mon cœur s'emballe. Que lui ont-ils fait ? Est-ce qu'il va bien ?


Je lance un regard autour de moi, espérant voir la même stupeur sur leurs visages. Mais rien. Kael est impassible, et cela me brise. Comment peut-il rester si froid ? Ils se connaissent depuis l'enfance ! Peut-être qu'il cache ses émotions. 

Moi, je n'y arrive pas.


Alaric ne semble pas troublé non plus. Il m'adresse tout de même un regard compatissant, mais je sais qu'il a déjà vu Finn ainsi. À côté de lui, le petit homme qui nous a escortés ici dans le désert attend, silencieux. Trois hommes armés veillent dans l'ombre, surveillant chaque coin de la cellule.


Une panique sourde monte en moi, et je réalise que j'ai cessé de respirer. C'est bien plus angoissant que je l'avais imaginé. 


— "Ne te laisse pas distraire par ce que tu vois," murmure Alaric en se penchant vers moi. "Le jeune Carter est bien plus fort qu'il en a l'air."


Il adresse un regard à notre escorte, qui sort un objet de sa poche. 


Puis le Conseiller plonge son regard dans le mien.


— "Souviens-toi des exercices. Bloque tes pensées. Montre-lui seulement ce que tu veux qu'il voie. Le temps passera plus lentement qu'il n'en a l'air, alors promets-moi d'écouter Kael quand il te dira de revenir."


Je hoche la tête, jetant un coup d'œil vers mon ancrage. Ses yeux sont fixés sur le prisonnier.


— "Bien. Tu peux le faire, Lyra," finit-il par ajouter.


Le petit homme appose alors une pierre ocre contre la paroi, qui s'ouvre dans un léger glissement. Mon cœur bat si fort qu'il semble me marteler la gorge. 

Mais la confiance d'Alaric me donne le courage de franchir la porte de la cellule. C'est maintenant. 


Kael entre derrière moi, et comme prévu, nous nous installons sur les deux chaises face à une table carrée. 

Face à nous, Finn, les poignets et chevilles entravés. Sa tête est baissée, des mèches de cheveux cachent son visage. 

Autour des sangles, le sang séché dessine un spectacle insoutenable. Comment est-on arrivés là ? Qu'est-ce qu'ils lui ont fait pour qu'il soit dans cet état ?


Soudain, un courant électrique parcourt les chaînes, arrachant un frémissement de douleur à Finn. 

Je retiens un cri en le voyant sursauter, et il relève la tête. 

Son regard croise le mien, et pendant un instant, je le reconnais : le garçon doux et sincère, celui qui m'a sauvée tant de fois.

Les Royaumes OubliésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant