Les Royaumes Oubliés

Chapitre 46

Mon cœur s'emballe.

J'essaye de me détacher de sa poigne. En vrain. La sensation de sa main sur ma bouche me révulse.

— "Je ne te veux aucun mal. Je veux juste te parler. Fais un signe de la tête si tu as compris", me chuchote une voix féminine tout prêt de mon oreille.

D'abord surprise de découvrir qu'il s'agit d'une femme, je hoche lentement la tête. Même sans la voir, une intuition, presque instinctive, me dit que je ne suis pas vraiment en danger. Cette idée absurde me pousse à relâcher un peu ma tension, juste assez pour que mes pensées redeviennent claires.

— "Bien."

Sa voix résonne dans mes oreilles, douce mais ferme.

En même temps, qu'est ce que je pourrais faire d'autre. Je ne suis pas tellement en position de force. Et puis, ce n'est pas comme si elle m'avait parlé dans une autre langue ou parler pendant trois heures. Non. Ce qu'elle m'a dit est simple. Limpide même. Comprendre n'est pas un problème.

Par contre, est-ce que j'y croyais? ça c'était une autre histoire. J'étais peut-être un peu moins apeurée que quelques secondes plus tôt mais je n'étais pas non plus inconsciente. 

Qui vous attrape par surprise et vous réduit au silence, tout en prétendant ne pas vouloir vous faire de mal? 

Apparemment, elle.

— "Maintenant, je vais retirer doucement ma main et tu ne crieras pas. Compris?", continue mon agresseur.

J'hoche la tête une seconde fois. 

De toute façon, même si je voulais crier, vu la distance à laquelle je me trouve et le brouhaha qui règne là- bas, les chances qu'on m'entendent sont quasi nulles. Alors, qu'on vienne me chercher et qu'on me trouve? Improbable.

Je me résigne donc, et ne laisse échapper aucun bruit quand cette dernière libère ma bouche. Je commence à me retourner pour lui faire face, mais elle m'en empêche brusquement. Je n'ai le temps que d'apercevoir un bout de vêtement sombre.

— "Non. Ne te retourne pas. Nous pouvons parler ainsi. Tu n'as pas besoin de connaître mon identité", reprend-elle, "Pas encore."

Cette rencontre est de mieux en mieux. Si elle ne me veut pas de mal, pourquoi veut-elle garder son visage secret? ça ne fait aucun sens. Je reste sur mes gardes, prête à déguerpir à tout moment.

Mais une part de moi brûle de curiosité. Est-ce que le porte clé dans ma main, toujours bien fermée, est le sien? Qui est-elle? Pourquoi me faire une sorte de guet-apens?

— "Que me voulez-vous?" demandai-je alors.

— "Je sens la méfiance dans ta voix. Mais, au risque de me répêter, je ne suis pas ton ennemi Lyraliana," commence la femme.

Je frissonne à l'entente de mon prénom d'héritière. Manifestement cette femme me connait.

— "Vous m'accorderez que cette rencontre n'ai pas la plus cordiale qu'il m'ait été donné de vivre", je répond, ma voix plus assurée qu'elle ne devrait l'être