Chapitre 68

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Kael reste immobile, son regard rivé sur moi. 

Aucun mot ne franchit ses lèvres. 

Un silence épais s'installe, le malaise nous gagnant progressivement jusqu'à ce que le conseiller décide d'intervenir.


— "Bien. Il est temps. Allons-y"


D'une voix posée, il sonne le départ, et sans un mot de plus, le groupe se met en mouvement. 

À chaque pas, je ressens davantage l'étau autour de ma poitrine se resserrer. J'inspire profondément, me concentrant sur les petits détails, espérant calmer mon angoisse. 


Nous atteignons enfin la Nauctiléa et y montons chacun notre tour.


La vue d'Aldara, étendue sous nos pieds, m'offre un bref moment de répit. Vue d'en haut, la ville semble encore plus majestueuse, inaccessible, presque irréelle. J'essaie, tant bien que mal, de garder mes yeux fixés sur ce spectacle pour repousser mes pensées terrorisées. Mais ce n'est pas si simple..Peut être que cette entrevue est une mauvaise idée. Peut-être que j'aurai dû écouter Elara...


Il est trop tard, Lyra...


La voix surgit, implacable. 

Evidemment. 

Je le sais. 

Je le savais dès l'instant où j'ai accepté cette mission. 

Bien que acceptée sans vraiment comprendre tous les risques...


Heureusement que mes parents sont là. Leur présence me rassure quelque peu.


Le paysage change à mesure que la navette avance. Les bâtiments se raréfient, jusqu'à disparaître complètement, remplacés par une étendue de sable blanc immaculé. On navigue dans une sorte de désert silencieux et infini. Je ne suis jamais allé aussi loin. Je ne sais même pas où nous sommes. Mais bon, j'imagine que c'est le but.


Nous nous arrêtons finalement, isolés, perdus au milieu de nulle part.


Alaric descend le premier.


— "Bien, il est temps de nous séparer", son regard se pose alors sur mes parents, "Monsieur et Madame Valtair, je vous laisse quelques minutes avec votre fille, nous vous attendrons un peu plus loin"


Le sol semble se dérober sous moi. Quoi? Déjà ? Mon cœur se serre douloureusement.


Mes parents s'approchent et me prennent dans leurs bras, me tenant dans une étreinte rassurante.


— "Tout va bien se passer, Lyra," murmure mon père d'une voix douce et apaisante.


—"Nous t'attendrons ici jusqu'à ce que tout ça soit terminé", ajoute ma mère, un sourire doux mais fragile sur les lèvres.


Les mots me brûlent, mais je finis par murmurer :


— "J'...J'ai peur..."

Les Royaumes OubliésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant