Chapitre 66

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— "Tu peux la lâcher," ordonne une voix calme, à la fois tranchante et pleine d'autorité.


La pression sur mon bras disparaît soudain, et je frotte machinalement l'endroit où l'homme m'a agrippée. C'est quoi ce bordel?


Je me tourne, prête à partir, mais il se place devant moi, une statue massive, bloquant le chemin. Je fais volte-face vers Nalia, mon regard chargé de méfiance.


— "Qu'est-ce que tu me veux ?" lancé-je d'une voix glaciale.


— "Je m'excuse pour la manière dont tu as été amenée ici." 


Elle jette un bref coup d'œil vers l'homme, qui hoche la tête avec raideur. 


— "Mais il fallait qu'on parle. C'est important."


Je la fixe, muette, trop lasse pour répondre. J'en ai marre de tomber piège sur piège. De toute façon, est-ce que j'ai vraiment le choix ? Ils semblent tous prendre un malin plaisir à rendre ma vie plus compliqué qu'elle ne l'est déjà.


Nalia continue, le ton presque sincère.


— "Je suis désolée pour Finn. Je sais que c'était un ami proche. Ce que tu traverses ne doit pas être facile."


Elle baisse les yeux, laissant un voile de tristesse adoucir son visage.


Ma colère explose, acide.


— "Oui, tellement tragique qu'un membre de ton clan soit enfermé, n'est-ce pas ?"


Elle me regarde, abasourdie.


— "De... de mon... de notre clan ?" bredouille-t-elle, perdue.


— "Allez, Nalia. Aie au moins la décence d'être honnête," je réplique. "Je t'ai vue le soir de l'attaque !"


— "Le soir de..."


Elle semble réfléchir un instant, puis éclate soudain dans un rire presque hystérique, que l'homme derrière moi partage. Ce rire percute mes nerfs, m'irritent encore plus. C'est quoi, cette comédie ?


Lorsqu'elle recroise mon regard, son rire disparaît instantanément.


— "Arrête avec tes suppositions, veux-tu ?" reprend-elle, redevenue sérieuse. "Tu ne sais rien, tu n'as aucune idée de ce qui se passe"


Décidément, tout le monde semble s'être mis d'accord pour me faire passer le message. J'en ai marre bordel. Laissez moi tranquille. Je sais ce que j'ai vu. Enfin je crois.


— "Peut-être, mais je sais reconnaître un rebelle quand j'en vois un," rétorqué-je avec froideur.

Les Royaumes OubliésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant