Chapitre 9

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La classe s'est rassemblée à l'extérieur, prête pour l'excursion vers le site protégé. Je ne suis pas sûre que ce soit la meilleure journée pour partir en randonnée. Le ciel est couvert, les nuages sombres promettent une tempête imminente. L'air est lourd, chargé d'une électricité palpable. Je repense aux étranges lumières vues sur le téléphone de Finn, j'ai des frissons qui me parcourent le corps.


A la sortie du bus, la directrice nous accompagne jusqu'à l'orée de la forêt avant de nous laisser entre les mains de notre professeur. Nous avançons en file indienne sur un sentier étroit. Les arbres autour de nous semblent murmurer sous le souffle du vent croissant.


Le site où nous nous trouvons est un parc naturel à quelques kilomètres de notre village. C'est l'avantage de ne pas habiter dans une grande ville : la nature est toujours proche. Ce lieu, réputé pour ses sentiers de randonnée et ses vues imprenables, est un refuge pour les amateurs de plein air. Il accueille également quelques espèces protégées qui vivent tranquillement en communauté. Aujourd'hui, cependant, l'atmosphère est différente, lourde de tension.


Nous marchons depuis une heure, admirant la flore et la faune autour de nous, lorsqu'une bourrasque soudaine fait ployer les arbres. Le professeur fronce les sourcils et nous fait signe de rester groupés. Leyla passe devant notre équipe avec Evan, et Finn ferme la marche derrière moi.


Soudain, M. Greystone indique un passage plus étroit, boueux, mais qui semble raccourcir notre trajet vers un abri naturel.


— "Prenez garde où vous mettez les pieds," nous avertit-il. "Le sol peut être traître après les intempéries."


Nous progressons prudemment, chacun essayant de ne pas glisser dans la boue. Alors que je me concentre sur mes propres mouvements, je vois le sol se dérober sous les pieds de Leyla. Elle se retrouve dans la terre jusqu'au genoux, son pantalon rose tournant instantanément dans les teintes de marron. Elle crie à l'aide. Evan réduit la distance qui les sépare et, en tant que vrai gentleman, essaye de la tirer par les bras. Ses efforts sont vains, il se retrouve lui aussi enterré jusqu'au cuisses.


Distraite par ce qui se passe devant moi, je pousse un cri de surprise en sentant mes jambes s'enfoncer dans ce qui semble être des sables mouvants.


— "Lyra !" s'écria Finn en s'approchant, mais comme nous autres, sa jambe droite reste bloquée dans la boue l'empêchant d'avancer.


Je tente de me dégager, mais chaque mouvement semble m'enfoncer davantage. La boue s'accroche à mes jambes comme un étau, refusant de me laisser partir. Mais, alors que mes camarades paniquent et s'agitent, je ressens comme une étrange sensation. Une sensation de calme. Un apaisement total, comme si la terre elle-même me disait de ne pas m'inquiéter.


— "Ne bougez pas ! On va vous sortir de là !" cria notre professeur, essayant de maintenir l'ordre malgré la situation. Mes camarades s'agitent dans la boue, et ceux hors de portée n'ose pas s'approcher.


Je ferme les yeux, sentant la boue froide et humide contre mes jambes. J'aurai imaginé l'expérience bien plus désagréable qu'elle ne l'est. Au lieu d'être étouffante, la terre semble presque protectrice. Sa pression sur mon corps se desserre. J'ai l'étrange impression qu'elle m'accueille plutôt qu'elle ne me retient.

Les Royaumes OubliésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant