Je reste muette, en retrait devant la porte de la salle. Je peux voir, en me penchant un peu, une femme que je ne connais pas, afficher un air mécontent en tenant ma clé USB à la main. Jeremy, le professeur de Gestion des Relations Clients Fournisseurs (GRCF) avance dans le couloir et en me voyant hésitante, fronce les sourcils avant de pénétrer dans la salle.
- Je commence à en avoir marre, s'emporte l'enseignante. Il y a encore une petite maligne qui a pris notre salle pour la salle informatique. Attends que je découvre qui c'est et elle va s'en souvenir.
Je n'ose intervenir et Jeremy me lance un regard interrogateur. Je hoche la tête, oui oui c'est bien moi qui ai laissé ma clé USB. Comprenant le message, il m'adresse un clin d'œil avant de se tourner vars sa collègue :
- Ah ! Elle est là. Merci Monique, je l'ai cherché partout.
La dénommée Monique l'observe surprise puis lui demande d'un air dubitatif :
- C'est ta clé USB ?
- Oui, répond-il.
- Rose, avec des fleurs orange ? insiste-t-elle.
- Absolument, affirme-t-il en essayant de rester digne, elle était en promotion donc j'en ai profité. J'en ai une blanche avec des grenouilles aussi si tu veux tout savoir.
La cloche retentit et je ne peux attendre plus longtemps. Je choisis donc de gagner ma classe car si Monique, qui ne m'a pas repéré jusque-là, venait à me voir, il ne lui faudrait pas longtemps pour faire le lien entre moi et la clé à fleurs. Tant pis, je la récupèrerai plus tard.
A peine ai-je posé un pied en classe que je suis assaillie de questions :
- Alors, ça c'est bien passé ?
- Ils sont sympas ?
- T'as pas trop stressé ?
Je n'ai pas le temps de répondre car Myriam, la prof de management fait son entrée, toujours tirée à quatre épingles. Elle prend place à son bureau tout en nous demandant de sortir un feuille blanche. Interro surprise. Elle nous dicte cinq mots clés du cours précédent et nous avons dix minutes pour écrire les définitions. Bienvenu à l'école ! Heureusement j'ai une bonne mémoire et je pense en avoir trois sur cinq de juste. Je note mentalement de veiller à apprendre mes définitions avant chaque cours en lui rendant ma copie. Elle récupère aussi nos dossiers de présentation qui feront également l'objet d'une évaluation. Elle démarre son cours et on pourrait entendre une mouche voler. Cette matière est vraiment rébarbative, la prof ne reprend jamais sa respiration et dicte son cours à une vitesse digne de certains prof de droit. La tête penchée, les doigts crispés sur nos stylos, nous essayons toutes de suivre et de noter chaque mot s'échappant de la bouche de Myriam. Aucune d'entre nous n'a la force de bavarder mais nous échangeons des haussements de sourcils et des soupirs d'ennuis.
La sonnerie libératrice retentit et nous ne demandons pas notre reste. Nous quittons toutes la salle. Toutes ? Non, je remarque qu'une des filles reste vissée sur sa chaise et continue d'écrire sur sa feuille. Il me semble qu'elle s'appelle Ludivine. Petite, les cheveux oscillant entre le blond et le châtain, des yeux bleus et sans aucun maquillage. J'hésite à lui proposer de se joindre à nous mais je ne le fais pas et descends en salle de pause. Les filles semblent m'attendre avec impatience et l'interrogatoire reprend de plus belle. Je leur fais un rapide compte rendu de mon début de semaine, sans omettre la discussion avec mon patron. Contrairement à Joe et Jess, les filles cherchent à me proposer des solutions concrètes. Celle que je retiens provient de Victoria :
- C'est simple, lundi matin tu ramènes les croissants et les chocolatines. Premièrement ça fera plaisir à tout le monde de commencer la semaine avec des viennoiseries et deuxièmement, ça justifiera le fait que tu te joignes à eux à l'heure de la pause.
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Bien Trop Sérieuse?
RomanceMadeline, vingt deux ans, a laissé tomber la fac de droit et galère à trouver du travail. Aussi, lorsqu'un éventuel employeur lui propose une formation en alternance elle n'a pas le choix si elle ne veut pas retourner vivre chez ses parents. Entre u...