Le rythme de travail à l'école s'intensifie, d'ici moins de deux mois nous avons le BTS blanc, un moyen de nous préparer à ce qui nous attend l'an prochain. Afin de rajouter un peu de pression, les enseignants ont invité nos tuteurs de stage pour les oraux. Nous sommes toutes à cran, soucieuses de présenter des dossiers impeccables même si nous sommes conscientes que ce ne sont pas les définitifs.
Les cours avec Jérémy sont devenus une vraie torture. Depuis le retour du séjour au ski il est devenu froid et distant, se contentant de donner son cours sans laisser passer le moindre écart. L'intérêt que lui portait Vicky n'est désormais qu'un lointain souvenir, désormais elle l'appelle « l'autre naze », oubliant sans doute que pendant des mois elle rêvait d'être avec lui. De mon côté, j'essaie de me montrer amicale mais les rares regards qu'il m'adresse sont dénués de toute sympathie. Son attitude me peine, nous nous entendions pourtant bien au chalet.
Je soupire en rassemblant mes affaires pour rejoindre les filles. Celles-ci sont en pleine discussion. Visiblement elles comptent sortir en boîte ce soir pour évacuer un peu la pression.
— Tu viens avec nous Maddie ?
— Non, pas possible, j'ai un truc de prévu.
Mon truc est en fait une soirée sexe avec Thomas car apparemment sa femme passe la soirée chez sa mère avec Louise. Pour l'occasion, je me suis offert un ravissant ensemble en dentelle noir : soutien-gorge pigeonnant et tanga. J'ai prévu d'allumer des bougies parfumées, de cuisiner un poulet au curry et nous dégusterons la mousse au chocolat sur nos corps enlacés. Je suis tellement contente. C'est la première fois qu'il va manger chez moi, d'habitude nos entrevues ne durent qu'une heure tout au plus et nous sommes bien trop occupés à tester la solidité de mon clic clac qu'à penser à nous nourrir. Dire que ça va faire deux semaines qu'on ne s'est pas vu ! Depuis que MValu a décroché un chantier en île de France, Thomas est souvent amené à partir plusieurs jours pour superviser le démarrage du chantier. Avec Laury nous sommes aussi pas mal occupées. J'ai dû prendre contact avec toutes les boîtes d'intérim du secteur Ile de France afin qu'il nous délègue du personnel pour le montage de nos menuiseries alu. Payer à nos gars le transport, l'hébergement et le repas nous reviendraient trop cher. A la place nous envoyons deux chefs d'équipes et embauchons des intérimaires. Durant ces deux semaines nous avons échangés pas mal de textos, ou plutôt de sextos devrai-je dire ce qui explique mon état d'excitation à l'idée de le revoir ce soir.
Dès que la cloche retentit, je bondis hors de la salle de cours. Je me dépêche de rentrer chez moi, envoyant valser mes chaussures. Je me lave et les mains et m'attèle à la préparation du repas. La mousse au chocolat est déjà prête, je voulais qu'elle ait le temps de figer dans le frigo avant ce soir. Je découpe les blancs de poulet en petits morceaux avant de les faire revenir dans un peu d'huile avec les oignons et les poivrons. Quand il est cuit, j'ajoute un peu de crème fraiche et une brique de lait de coco. Je saupoudre généreusement le tout de curry et laisse mijoter tandis que l'auto cuiseur se charge du riz me permettant de me préparer. Je prends une douche rapide, me sèche et enfile mon ensemble en dentelle. Je me maquille les yeux et il me faut plusieurs essais pour obtenir le trait d'eye liner parfait soulignant ainsi mes yeux noisettes. Je laisse libre mes cheveux, les laissant retomber sur mes épaules. Un coup d'œil dans la glace me rassure, je suis vraiment sexy.
Je termine d'allumer mes bougies parfumées à la vanille avant de m'installer sur le canapé en trépignant d'impatience. Je guette l'heure toutes les trois minutes espérant qu'il me fasse la surprise d'arriver en avance.
20h10. Bon, dix minutes de retard ce n'est pas grave, il est peut être pris dans les bouchons. J'hésite à lui envoyer un petit SMS mais je ne veux pas paraître accro.
20h45. Je tourne en rond. J'enfile un sweat, je me sens mal à l'aise à moitié à poil.
21h45 : Toujours pas de nouvelles. Je m'inquiète vraiment. A-t-il eu un accident ?
22h30. L'inquiétude à laisser place à de la colère. Je me saisis de mon téléphone et l'appelle.
Ça sonne. Une fois. Deux fois.
— Allo ?
Une voix féminine décroche. Je la reconnais immédiatement, Hélène, sa femme. Je n'arrive pas à articuler un mot.
— Qui est-ce chérie ?
Je l'entends derrière. Au moins il est vivant.
— Désolée, j'ai dû faire une erreur de numéro, balbutié-je avant de raccrocher.
Je me laisse tomber sur le canapé encore sous le choc. Oubliée. Il m'a oubliée. Je ne peux pas y croire. J'embrasse du regard mon minuscule appartement. Pas étonnant qu'il ne soit pas venu. Qu'est-ce que j'ai à lui offrir. Un minable repas dans des assiettes dépareillées a déguster sur ma table basse couvertes de traces de verre. Les bougies se consument lentement, l'odeur de vanille me prend à la gorge. Je les souffle et envoie tout valser. J'aimerai hurler ma rage mais les mots restent coincés. Je pourrais presque entendre la voix de Jess me murmurant « Je t'avais prévenu ».
Je serre les rebords du lavabo de la salle de bain et prend une grande inspiration. SI lui s'éclate avec sa femme, hors de question que je reste à me lamenter sur mon sort. J'envoie un texto à Natalia et une heure plus tard je rejoins les filles en boîte, bien décidée à passer une bonne soirée.
Je me dirige directement vers le bar et commande trois shots de téquila que j'avale d'une traite. Une fois mon cerveau anesthésié, je me lance sur la piste de dance et me déhanche au rythme de la musique. La soirée se poursuit, les verres s'enchaînent. J'ai du mal à tenir debout, à tel point que Julie et Natalia s'inquiètent de la manière dont je vais rentrer.
— Je rentrer taxi, dis-je en rigolant.
Je danse avec un mec dont je ne connais même pas le prénom, il parle, il parle, mais je ne saurai dire de quoi. Au bout d'un moment ses lèvres s'approchent des miennes. Je le laisse faire, je m'en fous, au moins il est là lui. J'attends le contact avec sa bouche quand je suis tirée en arrière avec force. Sans comprendre comment je me retrouve dans les bras de Joe.
— On y va.
Je n'ai pas la capacité ni mentale, ni physique pour résister. Tout tangue autour de moi. Je m'accroche à lui comme à une bouée de sauvetage. Joe récupère mes affaires que lui tend Natalia. Il la remercie de l'avoir appelé et nous quittons ensemble la boîte de nuit. L'air frais de la nuit me fait du bien, il me réveille un peu. Malgré tout, cela n'empêche pas mon estomac de faire des siennes. Je m'écarte de Joe pour vomir dans le caniveau sous le regard dégouté des personnes faisant la queue pour rentrer dans la boîte.
— Elle va bien ?
Je reconnais la voix teintée d'inquiétude de Jeremy. Mais qu'est ce qu'il fait là lui ? Dans un semi coma éthylique je lui réponds :
— Ouais. Elle va bien. Et puis qu'est-ce que ça peut te faire d'abord ? Monsieur je fais la gueule en permanence. Elle te manque ta pouffiasse de prof de surf ?
Je vomis de nouveau mais Joe est là pour me soutenir et m'empêcher de tomber en me penchant. Il s'adresse à Jeremy :
— T'inquiète ça ira. Je vais la raccompagner avec sa voiture et je resterai avec elle. On se refera une soirée un autre jour.
Je n'entends pas la réponse de Jeremy et entre nous je m'en fous. Je veux juste m'allonger par terre et dormir.
Joe tient parole et même s'il nous a fallu presque une demi-heure pour retrouver ma voiture, nous voici enfin chez moi. Il me pousse sous la douche toute habillée et fait couler l'eau froide, un moyen certes violent mais efficace pour desaouler. Petit à petit je reprends mes esprits. Je sors de la douche en grelottant et me dépêche d'ôter mes vêtements. Je remets mon vieux sweat à tête de licorne et passe un pantalon de jogging. Joe me force à manger quelque chose sans faire de remarques sur la présence des bougies renversé sur le sol, ni sur le repas froid sur la plaque de cuisson. Pas besoin d'être Einstein pour comprendre comment j'en suis venue à me bourrer la tête.
— Tu sais Maddie. Je déteste être d'accord avec Jess mais..., il hésite avant de continuer, es-tu sûre que Thomas est l'homme qu'il te faut ?
Note d'auteur; Et oui vous ne l'attendiez pas si tôt mais comme j'ai eu un peu de temps aujourd'hui je vous ai écrit la suite! Bon weekend à tous. Bisous bisous
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Bien Trop Sérieuse?
عاطفيةMadeline, vingt deux ans, a laissé tomber la fac de droit et galère à trouver du travail. Aussi, lorsqu'un éventuel employeur lui propose une formation en alternance elle n'a pas le choix si elle ne veut pas retourner vivre chez ses parents. Entre u...