La porte se referme derrière moi. Clara ma prof de communication affiche un sourire avant de se placer aux côté de Laury. Ma première réaction serait de lui demander ce qu'elle fait là au lieu d'être à l'entreprise mais je me ressaisis à temps, je suis en examen. J'attends qu'on m'invite à m'asseoir puis commence à présenter l'entreprise dans laquelle je travaille. J'évoque les responsabilités de chacun, le type de management exercé par Maxime puis j'enchaîne sur mes fiches de communication. J'évoque la communication écrite à travers une note de service que j'ai dû rédiger et la communication verbale à travers une retranscription d'une conversation téléphonique avec un fournisseur d'équipement de sécurité. Clara me pose quelques questions, notamment sur ce qui justifie mon analyse du management paternaliste.
— Et bien, Monsieur Vayrac est très soucieux du bienêtre de ses salariés, il vient souvent vérifier s'il ne fait pas trop froid ou trop chaud dans les bureaux, il prend du temps pour conseiller ses employés sur des affaires personnelles, par exemple s'il entend dire qu'untel a envie de changer de voiture, il va en discuter avec lui pour l'aider à choisir la meilleure banque où obtenir un crédit.
Clara me regarde avec des yeux ronds :
— Tu exagères Madeline, il ne s'immisce pas à ce point dans la vie de ses salariés.
Je n'ai pas le temps de répondre car Laury prend les devants :
— Je peux vous assurer que tout ce qu'elle vient de vous raconter est vrai. Max est très attentif envers nous tous.
Clara est sidérée, je pense qu'elle ne s'attendait pas à autant d'implication de la part d'un patron. Et encore je ne lui ai pas raconté la fois où il a accompagné Christophe acheter des vêtements car ce dernier voulait changer de look.
L'oral se poursuit encore quelques minutes, puis ma prof m'indique une autre porte pour quitter la salle. J'atterris dans une pièce où, je suppose, d'autres tuteurs et tutrices attendent sagement. Des boissons chaudes et des viennoiseries sont mises à disposition et tandis que je me sers un thé j'observe les autres personnes présentes. J'essaie de deviner à laquelle de mes copines correspond chaque tuteur.
— Salut toi !
Je sursaute. Perdue dans mes pensées je n'ai pas entendu Laury approcher.
— Alors, surprise ?
Je ne peux qu'acquiescer, je ne m'attendais pas du tout à sa présence. Elle m'explique avoir été contactée par le CFA il y a quelques semaines pour participer à mon oral et qu'elle avait vraiment envie de voir mon travail. Je suis touchée mais en même temps une question me brûle les lèvres :
— Tu... tu es revenue à l'entreprise ?
Elle m'indique la porte donnant sur l'extérieur et m'invite à la suivre. Une fois à l'abri des oreilles indiscrètes elle me raconte ce qu'il s'est passé après mon appel et ma conversation expresse avec Max.
— Il a débarqué chez moi avec un immense bouquet de fleurs, il s'est excusé au moins un million de fois et m'a avoué qu'il avait eu peur que j'ai rencontré quelqu'un et que c'est pour ça qu'il me surchargeait de travail. Je lui ai expliqué que je n'avais personne mais que le jour où cela arriverait je ne tolèrerai pas ce comportement.
Elle s'interrompt et je dois me retenir pour ne pas la bombarder de questions. Elle retient un rire en voyant mon air impatient et poursuit :
— Il m'a pris la main et m'a dit qu'il ne pouvait rien me promettre tant que la personne qui partagerait ma vie ce ne serait pas lui. Ensuite il m'a embrassée et depuis on est ensemble.
J'en reste bouche bée.
— Et l'entreprise ? Quelqu'un est au courant ?
Elle secoue la tête :
— Je lui ai demandé de ne rien dire tant que je ne t'en avais pas parlé d'abord. Après tout, tu es mon assistante et c'est un peu grâce à toi s'il s'est décidé à m'avouer ses sentiments alors il me semblait normal que tu aies la primeur de l'information.
Je la serre dans mes bras et la félicite. Je suis vraiment contente pour eux mais un autre sentiment s'insinue en moi : la jalousie. Elle va pouvoir vivre son amour au grand jour, embrasser l'homme qu'elle aime sans avoir peur d'être surprise par quelqu'un, alors que moi l'homme que j'aime ne me donne plus de nouvelles.
« C'est normal tu lui as demandé de faire un break » murmure une petite voix dans ma tête.
Son portable sonne et son visage s'illumine. Pas besoin d'être devin pour savoir qui l'appelle.
Elle s'éloigne quelques minutes avant de revenir vers moi.
— Bon, je dois y aller. Max te souhaite bonne chance pour les autres épreuves. On se revoit la semaine prochaine.
Je hoche la tête et la regarde s'éloigner toute guillerette. Je regagne la salle qui se vide peu à peu des tuteurs et se remplit de mes copines.
— Je n'en reviens pas qu'ils aient fait venir nos tuteurs !
— J'étais trop stressée !
— Je pense avoir bien réussi.
Nous discutons de manière animée en attendant que Laetitia sorte à son tour. Quand elle passe la porte, elle nous ignore et traverse rapidement la salle direction la sortie.
— Tu devrais y aller Madeline, y a qu'avec toi qu'elle arrive à parler, dit Sophie en me poussant du coude.
J'acquiesce et retrouve ma copine assise sur une table en bois en train de fumer. En m'approchant, je remarque des larmes sur ses joues. Je ne prononce pas un mot et m'installe à ses côtés. Je la connais, avec elle ça ne sert à rien d'insister, elle parlera quand elle l'aura décidé.
— Je suis écœurée, lâche-t-elle dans un nuage de fumée. Vos tuteurs sont tous venus, ils ont tous fait l'effort de quitter la boîte une heure ou deux pour venir vous voir, vous encourager, s'intéresser à ce que vous avez fait. Et moi ? Que dalle ? Tout le monde s'en fout. J'ai récupéré la tutrice de Sophie qui a bien voulu m'écouter parce que personne de la menuiserie n'a trouvé l'envie de se bouger pour moi. Mes fiches de communication, mes dossiers, je fais tout toute seule J'ai proposé à ma tutrice de jeter un œil à mon dossier de présentation de l'entreprise pour qu'elle me donne son avis, ben tu sais quoi ? Je crois qu'il prend la poussière en haut de l'armoire.
Sa colère est palpable et malgré ce que pensent les filles je ne sais pas comment la réconforter. J'ai la chance d'être dans une super entreprise où tout le monde s'intéresse à ce que je fais. Mon dossier de présentation d'entreprise a été remodelé et fait désormais parti des modèles qu'on transmet quand on répond à des appels d'offres.
— Tu sais, dis-je au bout d'un moment. Tu es la personne la plus forte que je connaisse. Tenir un an dans ces conditions, pas tout le monde n'y arriverait. C'est toi la plus méritante de nous toutes, tu t'accroches et même si tu râles, tous les matins tu es à ton poste et tu tiens le coup alors que je suis sûre qu'aucune d'entre nous n'aurait survécu ne serait-ce qu'un mois dans ces conditions ! Tu es brillante Laeti, tu as de très bonnes notes et tu ne lâches rien. Continue comme ça et dès que le BTS sera fini tu diras Adieu à ton entreprise de dingues.
— Et en attendant, nous on te soutiendra toujours Maminouche! s'exclament Sophie et les autres filles qui nous ont rejoint.
— Merci les filles, vous êtes adorables, répond Laeti la gorge nouée par l'émotion.
— Câlin collectif ! crie Julie en prenant Laeti dans ses bras.
Nous nous joignons à elles et nous rions ensemble sous le regard attendri de Clara qui sort à ce moment-là.
Note d'auteur: On en sait un peu plus sur Laury et Max qui se sont enfin trouvés!!! Dans le prochain chapitre Maddie se retrouvera face à Thomas. Quelle décision vont-ils prendre quand à la suite de leur relation... Bisoux bisouxx
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Bien Trop Sérieuse?
RomansaMadeline, vingt deux ans, a laissé tomber la fac de droit et galère à trouver du travail. Aussi, lorsqu'un éventuel employeur lui propose une formation en alternance elle n'a pas le choix si elle ne veut pas retourner vivre chez ses parents. Entre u...