Une étrange alternative

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Le lendemain, je désespère à côté de mon téléphone, sursautant à la moindre vibration, et enrageant quand il ne se passe rien. Après avoir ingurgité mon troisième chocolat chaud, je décide de prendre soin de moi. Quitte à attendre autant mettre ce temps à profit. Et si j'en crois les écailles de crocodile sur mes jambes, une séance d'hydratation serait la bienvenue. Je pose sur mon visage un masque à l'avocat, en prenant bien garde de ne pas m'en mettre dans les yeux, m'épile les jambes, les aisselles, le maillot, me fait couler un bain relaxant et applique du shampoing sur mes cheveux auburn. Le téléphone toujours à portée de main, je me laisse glisser et savoure la chaleur de l'eau. Après tout, si jamais je ne suis pas prise, au moins je pourrais dire que la journée n'aura pas été si nulle. Je suis enfin détendue quand mon portable se décide à sonner. Je l'attrape en faisant bien attention à ne pas le laisser tomber dans l'eau et reconnaîs la voix enjouée de Laury :

- Bonjour Madeline. Nous aurions une proposition à te faire. Te serait-il possible de passer à l'entreprise.

- Oui bien sûr, quand ça ?

- D'ici une demie-heure ? C'est bon pour toi ?

- Pas de problème.

Je raccroche, enlève la crème de mon visage et rince mes cheveux en quatrième vitesse avant de les sècher grossièrement dans une serviette éponge. Je manque de trébucher en enjambant la baignoire et me précipite dans la chambre pour me vêtir. Pas le temps de me pomponner, je saute dans un jean, enfile un chemisier blanc et quitte précipitamment mon studio. Je monte en voiture, laisse les fenêtres ouvertes pour que mes cheveux finissent de sécher et fais route vers mon rendez-vous. J'essaie de me rassurer en me disant que s'ils veulent de nouveau me rencontrer ce n'est pas pour me dire « Non merci en fait on ne veut pas de vous » et manque de causer un accident de voiture en grillant un feu rouge.

- Maddie, Arrête les conneries. Il vaut mieux arriver cinq ou six minutes en retard plutôt qu'en cinq ou six morceaux.

Je me gare sur le parking, mais avant de descendre je jette un œil au miroir intérieur. Je sors de mon sac ma brosse à cheveux de poche et tente de démêler la choucroute qui me sert de chevelure. Mes cheveux ont toujours été pour moi une source de problème. Ils sont nombreux, épais, auburn et une partie seulement ondule tandis que l'autre reste résolument lisse, du coup ne sachant jamais quoi en faire je les remonte en une sorte de chignon en me promettant de les amener bientôt chez le coiffeur. Je jette un coup d'œil sur ma montre, je suis pile dans les temps, et me dirige vers le bâtiment abritant les bureaux. Comme la dernière fois, je croise des ouvriers mais cette fois-ci je n'ai pas le droit à un sifflement admiratif, et oui, désolé les gars mais le tailleur jupe n'est pas de sorti aujourd'hui.

Je frappe discrètement au bureau de Laury qui m'accueille avec un grand sourire. Nous nous installons dans le bureau de Max et j'attends patiemment que ce dernier m'annonce à quelle sauce je vais être mangée.

- Ma petite Madeline, nous avons bien réfléchi et nous sommes parvenus à nous mettre d'accord.

Je fais abstraction du « ma petite » et retiens ma respiration, vais-je devoir retourner vivre chez mes parents ou vais-je pouvoir voler de mes propres ailes ?

- En fait, nous n'avons pas besoin d'une assistante à temps complet. Il y a des périodes de rush, notamment lors de la déclaration de la TVA, mais il y a aussi des périodes plus calme durant lesquelles avoir une personne à temps complet serait inutile et onéreux.

Il se fout de moi ! Il me fait venir ici, quitter la chaleur de mon bain, pour m'annoncer qu'il a changé d'avis ?

- Nous avons donc besoin de quelqu'un mais pas tout le temps.

- Et donc ? demandé-je en essayant de garder le sourire alors que tout ce que j'ai envie de faire c'est de le secouer pour qu'il en vienne aux faits.

- Et donc, nous avons pensé à ceci, annonce-t-il en faisant glisser vers moi une enveloppe marron.

Je l'ouvre et à l'intérieur y trouve tous les documents nécessaires à une inscription en BTS. Je le regarde sans comprendre.

- Si vous vous inscrivez dans ce BTS, vous auriez à la fois une formation théorique lors de vos journées d'école, et à la fois une formation pratique lors de vos journées dans notre entreprise. Vous seriez bien entendu rémunéré, certes pas la totalité du SMIC mais environ 70%

- Vous...vous voulez que je retourne à l'école ?

- Oui, c'est une formation sur deux ans. Vous auriez ainsi l'assurance de rester chez nous pendant deux ans minimum.

Je me mords la lèvre. Ce n'était pas du tout ce que j'avais en tête. Max, doit lire l'hésitation sur mon visage car il ajoute :

- Ecoutez, prenez la fin de semaine pour y réfléchir et appelez nous dès lundi pour nous faire part de votre décision.

Je le remercie en essayant de ravaler le nœud dans ma gorge. Avant que je ne franchisse la porte il m'interpelle :

- Madeline. Retourner à l'école n'est pas une preuve de faiblesse et sachez que sans aucune formation vous aurez du mal à trouver du travail dans un domaine qui n'est pas le vôtre.

Je hoche la tête et referme doucement la porte avant de soupirer lourdement. J'avance vers la sortie quand je croise un homme. Je reconnais celui qui criait quand je suis venue hier, Thomas, si mes souvenirs sont bons. Nos regards se croisent et je me sens comme une petite souris face à un énorme tigre. Je ne sais pas si c'est l'étroitesse du couloir qui me donne cet effet là, mais il a l'air beaucoup plus grand que moi. Je me sens intimidée par cet homme au regard aussi glacial que le bleu de ses yeux. J'ai l'impression d'être dans un film, nous nous croisons au ralenti, sans nous quitter des yeux, je m'arrête de respirer quand il passe à ma hauteur, mais nous continuons de notre route chacun de notre côté. Bon sang, je ne sais pas ce qu'il vient de se passer mais c'était intense.

Note d'auteur: Maddie se voit proposer une formation en alternance, va-t-elle accepter ou non? Dans le même temps, elle croise Thomas, un homme aussi impressionnant qu'envoutant. N'hésitez pas à me laisser vos petits commentaires. Bisous bisous

Bien Trop Sérieuse?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant