Retour chez MValu

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Je me retiens juste à temps de lui répondre que Joe ne serait pas contre et la rassure comme je peux.

Le reste du dîner se passe bien et c'est pleine d'espoir en l'avenir que je me blottis sous ma couette. Je passe mon weekend à faire du tri, dans mes vêtements, dans mes produits de beauté et dans ma vie aussi. J'ai décidé de me donner à fond pendant les deux mois d'été et d'attaquer la deuxième année du BTS sur de nouvelles bases. Plus question de me laisser tourner la tête par un mec, mon objectif principal est d'obtenir mon diplôme et de me faire embaucher chez MValu à l'issu. Ce travail me plait, j'adore ma tutrice et je me sens bien dans l'entreprise donc à moi de faire mes preuves auprès de Max pour qu'il me propose quelque chose à la fin de ma deuxième année.

Le lundi matin, j'ai beau savoir que Thomas n'est plus là, j'ai quand même du mal à sortir de ma voiture. Certes Laury m'a rassurée mais j'ai quand même le sentiment d'avoir abandonné tout le monde par manque de courage. J'inspire un grand coup et claque la portière. Je n'ai pas fait trois pas que je suis rejointe par Perceval :

— Maddie ! Ça fait plaisir de te revoir ! Il parait que tu as été malade, ça va mieux ?

Je le rassure, touchée qu'il ait demandé de mes nouvelles et tout guilleret il m'annonce qu'il a glissé une surprise pour moi dans le tiroir de mon bureau. Il me salue une dernière fois avant de repartir vers l'atelier. Je pousse la porte des bureaux et c'est au tour de Julien de s'exclamer :

— Ah ! Une revenante ! Tu nous as manqué la miss. Tu vas bien ?

Tour à tour, la plupart des salariés trouvent des prétextes pour passer à notre bureau et prendre de mes nouvelles. Je ne m'attendais pas à ça, ici j'ai trouvé une deuxième famille et même si je ne suis là que trois jours par semaine, ils me considèrent comme l'une des leurs. Dans mon tiroir, j'ai trouvé le cadeau de Perceval, une boite de nougats de Montélimar.

— Il n'en a ramené qu'à toi, me souffle Laury quand on se retrouve toutes les deux. Je crois que tu lui plais, ajoute-t-elle.

Je secoue la tête. Perceval a le même âge que mon frère et je sais qu'il a une grande sœur qu'il ne voit pas souvent, alors notre relation est plus fraternelle qu'amoureuse. Du moins je l'espère car même si je le trouve adorable je ne pourrais jamais être amoureuse de lui.

— Tu te trompes, je réponds à Laury, mais en attendant, je te permets quand même de prendre un nougat.

Je passe la journée à essayer de rattraper le retard accumulé pendant mon absence. Malgré toute sa bonne volonté, Laury n'a pas pu absorber toute la masse de travail. D'un côté ça me rassure, cela signifie qu'il y a bel et bien besoin d'un autre poste. Mon impression se confirme quand Max, fraichement rentré d'un rendez-vous d'affaires, m'invite dans son bureau.

— Alors Maddie, ça va mieux ? Laury m'a raconté pour tes problèmes de dos.

Je le rassure comme je peux, essayant de cacher la gêne qui m'envahit, surtout lorsqu'il propose de me faire passer les coordonnées de son kiné.

— Bien. Maintenant que tu es de retour, il est temps de faire le bilan sur cette première année en alternance. Comment l'as-tu vécu ? Comment envisages-tu la deuxième ? Et surtout où te vois-tu sur le long terme.

Je me redresse, chasse une mèche de mon visage et me lance dans un grand argumentaire.

— Ma première année s'est bien passée, j'ai appris énormément de choses, que ce soit à l'école ou ici, chez MValu. J'aime la polyvalence du poste et l'ambiance de travail. Je pense avoir rempli en partie les objectifs que vous m'aviez fixé notamment en terme d'intégration, par contre j'ai conscience de manquer encore d'autonomie.

Il acquiesce tout en prenant des notes sur son calepin. Je poursuis ensuite en expliquant qu'en deuxième année, je vais tout faire pour m'améliorer et acquérir l'autonomie nécessaire pour maîtriser mon poste car à terme je souhaiterai rester chez MValu. Il m'adresse un sourire avant de s'appuyer contre le dossier de son fauteuil.

— Maddie, je suis d'accord avec tout ce que tu as dit. Tu t'es parfaitement intégrée et tu as même su travailler avec Thomas qui, malheureusement, a choisi de nous quitter.

La mention du prénom de mon ex amant me met mal à l'aise et j'espère que Max ne remarque rien.

— Quant à ton autonomie, je maintiens qu'il s'agit d'un manque de confiance en toi et pour cela il n'y a que toi qui puisses agir dessus. Pour le poste, je ne peux pas nier que le besoin existe, nous l'avons bien vu pendant ton absence. Tes capacités d'assimilation et ta volonté ont fait que Laury a pu te déléguer certaines tâches et m'assister sur d'autres. Aujourd'hui la question n'est pas de savoir si le poste doit être crée mais comment il doit l'être.

Je pince mes lèvres avec mes dents pour m'empêcher de sourire et de crier victoire. Le poste va être créé !

— Toujours est-il que je me donne l'année pour réfléchir à comment organiser tout ça, pour le moment ma principale préoccupation est de remplacer Thomas pour Septembre. De ton côté, continue de te donner à fond et on refera un point après les fêtes de Noël.

Son téléphone sonne, il me fait signe qu'on a terminé et je quitte son bureau le sourire aux lèvres. En me voyant aussi heureuse, Laury m'interroge et je me hâte de lui raconter la teneur de mon entretien. Elle m'avoue à demi-mot s'être disputée avec Max à ce sujet car les semaines où j'ai été absente elle finissait très tard pour essayer d'avancer au maximum.

— Il n'avait pas conscience de la masse de travail qu'on traitait à deux alors quelque part, ton absence a été salutaire. Maintenant il a enfin compris que s'il veut développer l'entreprise, il va falloir renforcer le pôle administratif.

Son discours me rappelle l'un de mes cours de management. On nous expliquait qu'un patron n'a pas de mal à embaucher un ouvrier, qui va travailler sur chantier, ou fabriquer un produit, mais par contre ce sera beaucoup plus difficile pour lui d'engager une personne dans les bureaux. Pour eux nous sommes considérés comme des non productifs car nous n'intervenons pas dans la création physique de ce qui va être vendu. Notre travail est invisible, on ne sera jamais félicité parce qu'un dossier d'appel d'offres sera parfaitement rédigé, ou parce que les paies sont versées en fin de mois, par contre, si on perd le marché car il manque un document ou si la paie arrive deux jours plus tard que d'habitude, là on saura nous trouver pour nous le reprocher.

— Et bien espérons que le renfort ce soit moi, lancé-je avec un air de défi.

Note d'auteur: Chapitre de la semaine bonjour! Maddie est de retour chez MValu avec la ferme intention d'obtenir le poste à l'issue de sa deuxième année de BTS, pensez-vous qu'elle l'obtienne? Que Thomas va refaire surface? Bref, en tout cas je vous souhaite une bonne semaine avec ou sans neige selon où vous vous situez. Bisous Bisous

Bien Trop Sérieuse?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant