En ouvrant les volets le lendemain matin, je maudis le temps pluvieux qui m'oblige à laisser mes bottes en daim au placard. Dans la précipitation suite à l'intervention des agents de sécurité, je n'ai pas eu la présence d'esprit d'acheter de l'imperméabilisant. Je décide d'étrenner tout de même le fuseau noir avec une petite robe en laine assortie, mon collier pierre de lune reposant sur ma poitrine.
Une fois arrivée à l'entreprise, je salue l'équipe avant de me mettre au travail. Thomas se montre distant sans être désagréable, ce qui est plutôt positif. Je pense qu'il culpabilise de maintenir un contact avec moi alors que nous avons couché ensemble.
Les semaines passent, rien ne change et février est déjà entamé. Dire que dans quinze jours je serais en vacances ! Joe a finalement décidé de nous accompagner et même si je ne sais pas encore comment nous allons nous organiser, une chose est sûre : le chalet nous est réservé. Je suis justement en train d'en discuter avec Julien lorsque Thomas entre dans la salle de pause pour se faire couler un café. Julien s'éclipse, estimant sans doute qu'il a largement dépassé son temps de pause, me laissant seule avec son responsable. Comme à son habitude il est vêtu d'un jean simple avec une chemise bleue assortie à ses yeux. Pendant un quart de seconde je me demande si c'est sa femme qui la lui a offerte.
- Alors comme ça tu pars skier ? demande-t-il, me tirant de mes pensées.
- Oui, avec les filles de ma promo.
- C'est bien, dit-il.
Un long silence gêné s'installe troublé par le goutte à goutte de la machine à café.
- Et toi ? osé-je demander. Tu pars un peu ?
Son regard s'attarde sur mes jambes mises en valeur par un collant satiné avant de finalement me répondre :
- Oui surement.
Je hoche la tête quand Laury m'interpelle depuis notre bureau. Je me lève précipitamment, trop heureuse d'avoir une occasion de quitter la salle. En passant près de lui ma main frôle la sienne, déclenchant des frissons dans mon corps. Bon sang, mais quand est-ce que ça cessera ?
Je regagne ma place et me lance à corps perdu dans le travail pour le chasser de mes pensées. Allez, plus que quinze jours à tenir avant les vacances. Ceci dit, le problème se posera de nouveau lorsque je reviendrai. Je soupire. Aucun homme ne m'avait jamais mise dans un état pareil, l'attirance que je ressens pour lui est presque animale, je n'arrive que très difficilement à la contrôler et savoir qu'une partie de lui me désire n'est pas pour arranger les choses. Je me force à ne pas quitter mon bureau, je ne veux pas le croiser, ni lui parler.
- Maddie ?
Je lève la tête et attends que Laury poursuive.
- Il y a un problème avec ta saisie de tickets de carte bancaire. Il en manque beaucoup, surtout ceux de Thomas. Il faut que tu y remédies.
Je blêmis et elle continue :
- Ces tickets sont très importants car ils me permettent de déduire la TVA. En cas de contrôle, je dois pouvoir justifier cette déduction en présentant les tickets. Attends la fin de journée et va le trouver dans son bureau. Tu ne le laisse pas sortir tant qu'il ne t'a pas donné ses tickets, plaisante-t-elle en rejetant en arrière ses cheveux bruns.
Je déglutis péniblement. Même si cela fait près de six moi que je travaille chez MValu j'ai encore du mal à m'affirmer et à me sentir légitime sur mon poste de travail. Je me vois mal « exiger » quoi que soit de quelqu'un, encore moins de Thomas avec son tempérament volcanique.
- Ne t'inquiète pas, il ne te mordra pas, renchérit Laury en voyant mon air dépité.
Elle laisse échapper un rire tandis que je lui offre un maigre sourire. J'essaie de repousser le moment fatidique mais la journée passe à une vitesse hallucinante. Je prends mon courage à deux mains avant d'aller frapper au bureau de Thomas. Quand je pénètre dans la pièce, il fait tourner son fauteuil vers moi et quand son regard trouve le mien, mon rythme cardiaque s'emballe. Je me rassure en me disant que Laury est juste derrière et qu'elle observe la scène depuis son bureau étant donné que j'ai pris soin de laisser les portes ouvertes.
- Oui ?
Son ton professionnel me ramène à la réalité.
- Et bien en fait... Il me manque pas mal de tickets de carte bancaire et j'en ai vraiment besoin pour la déclaration de TVA et...
Il ne me laisse pas terminer :
- Comme si j'avais que ça à faire, râle-t-il en se retournant vers son ordinateur.
Je tourne les talons mais Laury fait barrage de son corps devant notre bureau :
- Pas de tickets, pas de bureau, glisse-t-elle en me faisant signe d'y retourner.
Je la supplie du regard mais elle ne cède pas un pouce de terrain. Résignée, je retourne voir Thomas.
- Je suis désolée d'insister mais il me les faut vraiment tes tickets.
- ça attendra lundi, grommelle-t-il sans se donner la peine de me faire face.
Mes yeux se posent sur l'endroit où il m'a sauvagement fait l'amour, comment peut-il se montrer si tendre avec moi et aussi con en ce moment ?
- Bon écoute, mon boulot c'est de faire en sorte que toi et les gars vous n'ayez pas à vous soucier des tâches administratives, mais pour faire mon travail j'ai quand même besoin de certains éléments comme tes tickets. Comment tu ferais si tu devais faire fabriquer un escalier mais que personne ne t'ai transmis les plans ?
Je retiens ma respiration, prenant conscience que j'ai légèrement haussé le ton. Sa réaction ne se fait pas attendre, il se lève de son fauteuil brutalement faisant voler quelques papiers qui se trouvaient sur le bureau et il quitte la pièce en maugréant :
- Bordel, on ne peut pas être tranquille cinq minutes !
Je ramasse les quelques feuilles éparpillées et Laury consent à me laisser rentrer.
- Je sais que c'est dur Maddie, dit-elle sur un ton réconfortant, mais ça fait partie de notre travail. Si demain l'entreprise a un contrôle et que nous ne sommes pas en règle, Max ne va pas chercher midi à quatorze heures, ce sera nous les responsables, toi et moi.
J'acquiesce en silence même si en l'occurrence je ne vois pas comment sortir de l'impasse. J'entends des pas lourds dans le couloir et Thomas fait irruption :
- Dans mon bureau, ordonne-t-il en me regardant.
Laury, qui était sur le point de mettre son manteau, se rassied, me faisant ainsi comprendre qu'elle serait là à mon retour. Je la remercie d'un signe de tête avant de suivre Thomas qui ferme la porte derrière nous.
- Prends une chaise.
Son ton autoritaire commence à m'agacer mais j'essaie de ne pas y prêter attention.
- Voilà, tiens.
Il vide devant moi une pochette plastique remplie de tickets de carte bancaire, certains froissés, d'autres carrément en boule. Je vais en avoir pour des heures à tout trier. Comme si cela ne suffisait pas, il ajoute :
- Il y a sans doute des tickets perso avec.
- Tu te fous de moi ! m'exclamé-je avant de prendre conscience qu'il s'agit tout de même de mon supérieur.
Il se tourne vers moi et je panique. Je récupère tous les tickets avant de me lever, prête à quitter la pièce et son comportement bipolaire. Ma main se pose sur la poignée mais son bras repoussant le panneau de bois m'empêche de partir.
- Attends, murmure-t-il.
Je plante mon regard dans le sien qui est devenu aussi calme que la mer un jour d'été.
- Que j'attende quoi ? Que tu sois passé en mode sympa ?
Ma répartie lui tire un sourire qui me fait fondre. Il est prêt de moi, beaucoup trop prêt. En un instant sa bouche vient cueillir la mienne. Je serre les lèvres en signe de protestation alors que tout mon corps est tendu vers lui. Sa langue ne rebrousse pas chemin, cherchant à forcer le barrage. Finalement, je rends les armes, face à lui je n'ai aucune volonté.
Note d'auteur: Coucou, je voulais vous poster la suite hier mais j'ai eu Kiné et je suis rentrée trop tard! Bref voici le retour en force de Thomas et Maddie. Bisous bisous
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Bien Trop Sérieuse?
RomanceMadeline, vingt deux ans, a laissé tomber la fac de droit et galère à trouver du travail. Aussi, lorsqu'un éventuel employeur lui propose une formation en alternance elle n'a pas le choix si elle ne veut pas retourner vivre chez ses parents. Entre u...