surprise

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Qu’est ce qu’il fait là ? Est la première chose à laquelle je pense quand je le vois devant moi, avant de rendre compte que je suis à moitié à poil avec mon sweat de détente. Je remarque son regard se poser sur mes jambes dénudées, repense-t-il à notre dernière rencontre ou est-il en train de s’apercevoir que je ne me suis pas épilée ?

Je l’invite à entrer avant qu’une de mes voisines ne traverse le couloir et ne me surprenne en tenue légère. Je pique un fard en avisant mon bol tortue ninja en évidence sur la table basse face à mon clic clac déplié. Je le remets rapidement en mode canapé et débarrasse les restes de mon petit déjeuner avant de lui proposer de s’asseoir. Je ne saurai dire si c’est sa carrure ou la taille de mon studio, mais j’ai soudainement l’impression qu’il remplit tout l’espace. Pour me donner une contenance, je m’active en cuisine et nous sers deux tasses de café dans des tasses classiques. Il prend place sur le canapé et j’opte pour le pouf en face. En effet, vu sa mine déconfite, je me doute qu’il n’est pas venue pour s’envoyer en l’air. A l’évocation de cette possibilité, je sens le désir s’éveiller peu à peu.

- Madeline, il faut qu’on parle.

- Je t’écoute, répondé-je en trempant mes lèvres dans  ma tasse.

Le liquide me brûle la gorge, détournant pour un court instant mes pensées de son regard envoutant.

- Je voulais te dire que tout est de ma faute, tu n’as pas à te sentir coupable, ni à quitter ton travail chez MValu. Max t’a offert une superbe opportunité, ce serait dommage de tout gâcher à cause de mon comportement. Si ma présence te met mal à l’aise, je peux m’arranger pour planifier mes réunions de chantier les jours où tu es présente.

Dans un élan je m’approche de lui mais il a un mouvement de recul qui me fait m’immobiliser. Je lui offre un sourire forcé :

- Très bien.

Il penche la tête sur le côté :

- Très bien ? C’est tout ?

- Tu t’attendais à quoi ? Que je me jette à tes pieds pour te supplier de me faire sauvagement l’amour. Tu sais, je n’avais pas besoin que tu viennes pour savoir que ce que nous avons fait était une erreur, je suis lucide.

- Oui mais tu es…

- Arrête, ne me juge pas, tu ne me connais pas. Tu n’es pas le seul fautif dans cette histoire, j’aurai pu te repousser mais je ne l’ai pas fait. Je ne vais pas te dire que je regrette parce que ce serait faux, entre toi et moi hier c’était…

Je ne trouve pas les mots pour décrire le feu d’artifice que j’ai ressenti et préfère passer à autre chose :

- Bref, c’est fait, n’en parlons plus. Je te promets que je ne vais pas courir partout pour clamer avoir couché avec toi, je n’attends rien de ta part et tout va très bien.

Il ne semble pas convaincu :

- Dans ce cas, pourquoi ne pas être venue travailler aujourd’hui ?

Je refuse de lui donner la satisfaction d’avoir raison :

- Ce que j’ai dit à Laury était vrai. J’ai mangé des sushi avec un ami hier et l’un d’eux n’est pas passé. J’ai rendu mes tripes toute la nuit. Sur ce, je ne te retiens pas, ajouté-je en désignant la porte.

Mon sweat suit le mouvement, dévoilant le bas de ma fesse. Le regard de Thomas se braque sur moi, l’air se charge en électricité. Je le vois déglutir et desserrer le col de sa chemise que je rêve de lui arracher depuis qu’il a franchi la porte. Une partie de moi voudrait que je sois audacieuse, que j’envoie valser mon sweat gris et que je m’avance vers lui, mais le café pris un peu plus tôt a totalement réveillé mon cerveau. Thomas est en position de faiblesse, je peux lire la culpabilité sur son visage même si l’envie de me sauter dessus est présente également.

- Va-t’en, dis-je doucement, le ramenant à la réalité.

Il se lève mais ne part pas. Il s’approche de moi et tends la main vers mon visage avant de s’arrêter, se disant sans doute que le moindre contact physique signerai sa perte :

- Tu mérites mieux, murmure-t-il avant de me tourner le dos et de partir.

Ce n’est qu’une fois la porte refermée que je prends conscience que j’avais arrêté de respirer. Je demeure à fixer la porte en imaginant mille et un scénarii. Je prie pour qu’il fasse demi-tour, ouvre la porte à la volée et se jette sur moi pour me faire fiévreusement l’amour. Malheureusement, les minutes passent et la porte demeure close. Je retourne à mon canapé où son odeur a imprégné le tissu.

-  Arrête de rêver Maddie, me dis-je en zappant.

Le lendemain, je soupire de soulagement en arrivant sur le parking et en constatant que sa voiture n’est pas là. Je me sens plus légère. La boule  de stress nichée dans mon ventre se dénoue d’elle-même, me permettant d’être plutôt efficace dans mon travail afin de faire oublier mon absence d’hier.

-  Maddie ?

-  Hum ?

- Tu en penses quoi des relations entre collègues de travail ?

Je ne sais pas quoi répondre, et choisis d’opter pour la plaisanterie :

- Pourquoi ? tu es intéressée par Max ?

- Non, pas du tout, se récrie-t-elle. C’est juste que j’ai une amie qui s’est mise en couple avec l’un de ses supérieurs et elle vit très mal le regard des autres depuis.

Je soupire de soulagement, l’espace d’un instant j’ai cru qu’elle avait des soupçons sur Thomas et moi.

- Tu diras à ton amie de ne pas y prêter attention, si elle est heureuse c’est ce qui compte.

- Oui mais, elle a l’impression qu’ils s’imaginent qu’elle a de l’avancement à cause de ça, qu’elle a des avantages en plus et tout un tas de trucs.

- Ecoute, il faut qu’elle se mette dans la tête que quoi qu’elle fasse ils la jugeront.

Laury acquiesce avant de se remettre à taper sur son clavier. Elle s’interrompt cependant au bout de quelques instants :

- Pourquoi tu as de suite pensé à Max et moi quand je t’ai parlé de relation entre collègues ?

Je hausse les épaules :

-  Je ne sais pas. Ça m’est venu comme ça. Il faut dire qu’il vient toujours vérifier si tu n’as pas trop chaud ou trop froid, si tu ne veux pas un café …

- Il fait ça avec tout le monde, me coupe-t-elle. De toute façon, je ne pense pas qu’il me voie de cette manière.

Je garde ma remarque sur le fait qu’elle a dit « il » et non pas « je ne le vois pas comme ça ». Après tout, vu mon flair pour les histoires d’amour, je ne veux pas risquer de l’encourager dans une voie qui pourrait s’avérer dangereuse. Si jamais elle se prenait un râteau par ma faute, la connaissant elle pourrait choisir de quitter son boulot alors qu’elle y est si bien.

- Ceci dit, je ne t’en veux pas. Tu ne peux pas savoir le nombre de personnes qui pensent qu’on couche ensemble.

- Tu vois, ta copine n’a pas à s’inquiéter. Même quand il ne se passe rien, les gens se font des films.

Elle n’a pas le temps de répondre que Max entre dans notre bureau :

-  Il fait pas un peu froid ici ?

Il ne quitte pas Laury des yeux une seule seconde. Les gens se font-ils vraiment des films ?

Bien Trop Sérieuse?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant