Nous prenons notre petit déjeuner sur la table face à l'immense fenêtre donnant sur le parc arboré et, tout en dégustant mes pancakes, je discute avec Thomas. J'essaie de le connaître un peu mieux, d'en savoir plus sur ses goûts cinématographiques, en matière de livres... mais je ne le sens pas très réceptif. Quand nous avons terminé, je lui propose une balade dans les environs, je me rappelle les vignobles et me dis que je pourrais ramener une bouteille de vin à Joe et Jess.
— Je préfèrerais qu'on reste ici, dit Thomas en posant sa main sur ma cuisse.
Je frissonne à son contact mais je parviens à me contrôler :
— Allez Thomas, s'il te plait, une balade tous les deux ça peut être sympas.
Il hésite avant de capituler de mauvaise grâce. Je trouve sans souci à l'accueil de la maison d'hôte des dépliants et propose d'aller au vignoble le plus proche qui se trouve être le plus connu. Cette fois-ci Thomas m'oppose un refus catégorique et en choisit un à plus d'une heure de route. Je trouve cela dommage de perdre du temps en voiture, surtout que celui que j'avais repéré n'était qu'à vingt minutes de marche et nous aurait permis de profiter du paysage et de la douceur du printemps. Malgré tout et afin de ne pas gâcher ce weekend, je ne dis rien et me plie à la décision de Thomas. Durant le trajet, une drôle d'idée me taraude l'esprit mais je l'évacue assez vite, préférant me convaincre que c'est le fruit de mon imagination. Une fois arrivée dans le lieu choisis par Thomas, je ne peux qu'être déçue. Loin de la petite entreprise familiale, préparant le vin de manière traditionnelle, nous voici devant une immense coopérative d'où partent des camions chargés de caisses. Thomas me saisit la main et m'entraîne directement dans la partie boutique :
— Voilà, je te laisse choisir ton vin, j'ai un coup de fil à passer.
Il me laisse seule, désemparée devant les bouteilles alignées devant moi. Fort heureusement un vendeur s'approche et me conseille. Je prends mes bouteilles et quitte les lieux. Thomas étant toujours au téléphone, je décide de lui préparer une surprise pour le soir. Je cherche sur internet et nous réserve une table dans un restaurant étoilé de la région. Mes maigres économies risquent d'en prendre un coup mais c'est la moindre des choses au regard du château qu'il nous a déniché.
— C'est bon, tu as fini ? demande-t-il en me rejoignant.
J'acquiesce et nous repartons en voiture. Je pensais qu'il allait vouloir en profiter pour visiter la région mais pas du tout, nous voici de retour à notre point de départ. Je me mords la lèvre pour ne pas râler et quand il me saute dessus la chambre je le repousse gentiment :
— Non Thomas, plus tard. Tu m'as épuisé ce matin.
Il se renfrogne et sort de sa valise son ordinateur portable.
— Dans ce cas, je vais travailler sur un dossier, dit-il simplement.
Vexée, je récupère mon sac à main et claque la porte. Je descends le prestigieux escalier en marbre blanc, direction la fameuse salle de restaurant. Les tables sont dressées pour le repas du midi et il y a même une véranda pour ceux qui préfèrent manger en extérieur.
— Je vous réserve une table ?
La propriétaire, que je n'ai pas entendue approcher, me sourit gentiment. J'hésite. Je ne sais pas ce qu'a prévu Thomas mais quelque chose me dit qu'il voudra, une fois de plus, rester dans la chambre.
— Notre chef a prévu des cassolettes de merlu avec une sauce aux écrevisses accompagnés d'une timbale de riz à l'encre de seiche.
Mon estomac décide pour moi en se mettant à gargouiller.
— Allez, c'est décidé, une table pour deux sous la verrière, annonce-t-elle.
Elle le note sur son calepin avant de m'indiquer les extérieurs. En attendant, si vous le souhaitez, vous pouvez allez vous promener dans le parc.
Je m'assieds sur un banc, au milieu de la nature, appréciant le chant des oiseaux, m'amusant d'un lapin sautillant sur le sentier. Je jette un œil vers notre chambre dont les volets ont été fermés, sans doute par Thomas. Je regrette qu'il ne soit pas là à mes côtés, ce n'est pas exactement l'idée que je me faisais d'un weekend à deux. Je soupire, et finis par sortir mes fiches de révision. Autant mettre ce temps seule à profit. Je suis perdue dans l'analyse du langage corporel du client quand une cloche retentit. Midi. Je quitte ma place et retourne vers le château. Je grimpe les marches pour proposer à Thomas de se joindre à moi sur la terrasse mais une fois de plus il refuse. Cette fois-ci je ne peux cacher ma frustration :
— Si on est venu ici uniquement pour baiser fallait le dire, on aurait pu rester chez moi !
Je le laisse en plan, les larmes aux yeux et pars m'installer pour le repas. Malgré les délicieux plats qui me sont servis, mon estomac est noué. Je ne peux m'empêcher de me sentir observée par les autres couples, qu'est ce qu'ils doivent se dire ? Que je me suis disputée avec mon copain ? Que c'est triste que je déjeune seule ? Je picore par-ci par-là mais ne termine rien.
— Quelque chose ne va pas ? s'inquiète la propriétaire en avisant mon fondant au chocolat à moitié entamé.
Je secoue la tête, réfrénant à grand peine les larmes qui menacent de couler. Elle pose une main sur mon épaule et murmure :
— Ce n'est jamais facile un couple clandestin.
Je sursaute :
— ça se voit tant que ça ?
— Depuis quinze ans que je tiens cette maison j'ai appris à les reconnaître...
Elle hésite avant de poursuivre
— ... et c'est encore plus dur quand un des deux à de réels sentiments.
Une première larme coule doucement sur ma joue suivie par d'autres. Elle tire la chaise initialement prévu pour Thomas et s'installe à côté de moi.
— Il est marié c'est ça ?
Je hoche la tête.
— Je le savais en me lançant dans cette histoire. Je ne lui ai rien demandé et il ne m'a rien promis. Entre nous ça ne devait être qu'une aventure mais... ma voix se brise.
— Mais vous vous êtes attachée et aujourd'hui vous êtes perdue.
Mon silence répond pour moi.
— J'arrive ! s'exclame-t-elle en faisant signe à quelqu'un derrière . Puis elle se penche et ajoute, faites attention à vous, vous êtes jeune, ne vous laissez pas enfermer dans une histoire dont vous ressortirez forcément meurtrie.
Elle quitte ensuite la table me laissant de nouveau seule.
Je prends le temps de sécher mes larmes avant de monter rejoindre Thomas et d'avoir LA discussion. Celle qui me permettra de savoir où on va, celle où je lui dirai ce que je ressens quitte à le perdre.
Note d'auteur: Salut salut, un chapitre pour attaquer la semaine. Je sais pas chez vous mais chez moi il fait un temps tout pourri. POur en revenir à l'histoire, Maddie semble décidée à mettre les choses au point avec Thomas et le prochain chapitre vous réserve une surprise.... bisous bisous
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Bien Trop Sérieuse?
RomanceMadeline, vingt deux ans, a laissé tomber la fac de droit et galère à trouver du travail. Aussi, lorsqu'un éventuel employeur lui propose une formation en alternance elle n'a pas le choix si elle ne veut pas retourner vivre chez ses parents. Entre u...