Entretien

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Me voici dans un nouveau genre qui je l'espère vous plaira: la Chicklit. N'hésitez pas à me laisser vos avis et commentaires. Bonne lecture.

Non mais qu'est ce qu'il m'a pris. Je suis complétement folle. Je suis sur le point de faire demi-tour, quand la réalité de ma situation s'impose à moi : je n'ai pas de boulot, très peu d'économie et il est absolument hors de question que je donne raison à mes parents en retournant vivre chez eux. J'imagine déjà le sourire suffisant de ma mère si demain je sonne à sa porte.

Je jette un œil devant l'espèce de hangar en face de moi. A première vue, il s'agit d'un atelier, plusieurs ouvriers entrent et sortent, couverts de peinture, de tâches de graisse ou autres. Je prends mon courage à deux mains, après tout ce sont les seuls à m'avoir rappelé suite à l'envoi de mon maigre CV, et quitte le confort sécurisant de ma petite fiat 500, cadeau de ma grand-mère pour mon entrée en fac de droit, et me dirige vers une porte en métal attenante à l'atelier. Lorsque je passe près d'eux, l'un des ouvriers me siffle et les autres me reluquent sans aucune gêne. Note à moi-même, lorsqu'on passe un entretien dans une entreprise du bâtiment, éviter le tailleur crayon.

Je pousse la porte et me retrouve dans un tout petit couloir dont le sol est tout simplement une dalle de béton à nu. Pas de moquettes, pas de joli tapis, non, directement le béton. Je comprends pourquoi ils n'ont pas fait l'effort de le recouvrir, lorsque l'un des ouvriers arrive en sens inverse, les chaussures pleines de boue. Il ne me prête pas attention et s'engage dans un autre couloir avant de pénétrer dans un bureau. Je m'engage à sa suite et me trouve face à trois portes closes, difficile de savoir à qui m'adresser. Avant que je n'aie pu me décider, l'une des portes s'ouvre à la volée et l'ouvrier croisé plus tôt en sort, suivi par un homme dont le visage est déformé par la colère :

- Comment ça il n'y a plus assez de métal ? C'est quoi ce bordel ! Je te rappelle qu'on doit livrer un escalier hélicoïdal dans moins d'une semaine.

Les deux hommes me dépassent et, alertée par le bruit, la porte sur ma gauche s'entrouvre laissant apparaître une jolie jeune femme, d'environ trente-cinq ans, brune, le regard pétillant.

- Salut, moi c'est Laury, tu dois être Madeline c'est ça ?

J'acquiesce et elle poursuit :

- Ne t'inquiète pas, ici les éclats de voix de Thomas sont monnaie courante. Tu t'y habitueras si tu es retenue.

J'essaie de ne pas me mettre la pression et suis Laury, non pas dans son bureau, mais une porte plus loin :

- Max, elle est arrivée.

J'entends une chaise frotter sur le sol et des pas s'approcher. Lorsque la porte s'ouvre je suis plutôt surprise. Je ne sais pas à quoi je m'attendais mais certainement pas à ça. On dit que les gars du bâtiment sont rustres, mal entretenus et plutôt beauf, mais là je peux vous assurer que ce n'est pas le cas. Max est un homme d'une quarantaine d'année, plutôt athlétique, vêtue d'une chemise Hugo boss noire, d'un jean Levis, et ses lunettes, si j'en crois le logo présent sur l'un des verres, sont des Ray-ban. Une délicate odeur de musc vient me chatouiller les narines, sans doute, son parfum, et ses mains soignées me font douter de son implication dans le travail de ses ouvriers. Il m'invite à entrer dans son bureau et Laury, celle que j'imagine être son assistante, me désigne un fauteuil avant de s'installer à mes côtés.

- Très bien Mademoiselle Saint Clair. Je dois reconnaître que votre CV m'a plutôt surpris. C'est rare qu'une licenciée en droit postule pour un simple poste d'assistante administrative. Racontez-moi votre parcours.

Facile, je m'attendais tellement à cette question que je ne suis pas surprise. J'affiche mon plus beau sourire et réponds honnêtement :

- J'ai commencé le droit immédiatement après avoir eu mon bac, seulement je me suis vite rendue compte que ce n'était pas fait pour moi. Afin de ne pas quitter l'université sans diplôme, je suis allée au bout du premier cycle, ce qui pourra me permettre, si je ne trouve pas d'emploi, de tenter les concours de la fonction publique.

- Pourquoi choisir un poste d'assistante administrative ?

- J'ai effectué un stage en tant qu'assistante dans un cabinet d'avocat, je sais me servir d'un ordinateur, je présente bien et je n'ai aucun mal à assurer l'accueil téléphonique.

Il hoche la tête tout en me dévisageant.

- Malheureusement, j'ai peur que votre maigre expérience ne soit pas suffisante pour que je vous propose le poste.

Mon visage se décompose, c'était ma seule chance et elle vient de s'envoler. Cela fait trois mois que je cherche inlassablement du travail et malgré les rares missions d'intérim que me proposent les différentes agences dans lesquelles je suis inscrite, je n'ai plus assez d'économie pour payer mon loyer. Il faut que je trouve un moyen de le convaincre.

- Ecoutez, je suis prête à commencer à un salaire inférieur à celui proposé dans l'annonce, je me donnerai à fond et vous n'aurez pas le regretter.

Il semble hésiter et c'est Laury qui intervient dans la discussion :

- Max, j'ai vraiment besoin de quelqu'un pour m'assister, et cette jeune fille est la seule parmi toutes les candidates qui 1) est arrivée à l'heure, 2) a fait l'effort de s'habiller convenablement et pas en jogging 3) parle de manière claire et intelligible. Je pense qu'on peut éventuellement trouver une solution pour son manque de compétences.

Max, semble réfléchir aux propos de son assistante. Sous la table, je croise les doigts, avant de me rendre compte que le bureau est constitué d'une vitre transparente. Je lève les yeux et croise le regard amusé de Max.

- Très bien. Je vais y réfléchir. Madeline, je reviens vers vous d'ici demain, le temps de faire le point avec mon assistante.

Je les remercie pour leur accueil et m'apprête à quitter la pièce quand il m'interpelle :

- Au fait, quels sont les trois mots qui vous caractérisent le mieux.

Je réfléchis rapidement avant de lancer :

- Sérieuse, dynamique et acharnée.

Il me fait signe de sortir du bureau et je quitte l'entreprise sans vraiment savoir si j'ai décroché le poste ou pas.

Note d'auteur: Voici un premier chapitre qui plante un peu le décor de cette nouvelle histoire. J'espère que cela vous donnera envie de découvrir la suite. Bonne fin de weekend.

Bien Trop Sérieuse?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant