Opération séduction

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Au vu de l'état de fatigue de l'équipe, nous décidons de remonter au chalet. Skis sur l'épaule, nous remontons le chemin jusqu'à notre logement tout en discutant. Nous rangeons notre matériel dans le garage en poussant un soupir de soulagement collectif en dégrafant nos chaussures. Je ne sens plus mes pieds, et même installée confortablement sur l'un des canapés, j'ai toujours l'impression de porter ses maudites chaussures. La sensation de compression perdure et ce n'est pas du tout agréable. Tandis que certaines en profitent pour aller prendre une douche relaxante, Joe nous rejoint et s'assied à mes côtés. Il me raconte sa journée de snow et déjà, son visage affiche une légère marque de bronzage autour de ses yeux. Un bruit étrange me fait tourner la tête et je manque de m'étouffer avec mon chocolat en voyant Victoria, pomponnée comme si elle s'apprêtait à sortir. Elle a revêtu une jolie robe bleue marine, cintrée à la taille avec un léger décolleté. Ses yeux sont maquillés de manière un peu trop voyante à mon goût, mais elle est tout de même ravissante. Le bruit qui a attiré mon attention provient de ses talons sur les marches de l'escalier en bois. Je la regarde, traversant le salon avec assurance, jusqu'à la porte séparant notre partie de celle de Jeremy. Elle frappe quelques coups et quand il lui ouvre, elle lui offre un sourire charmeur.

— Monsieur. On se demandait si vous pouviez nous aider à allumer la cheminée. On ne voudrait pas mettre le feu au chalet.

Elle conclut avec un petit rire qui se veut sexy. Je croise le regard de Jeremy, il n'est visiblement pas dupe des intentions de son élève. Il lui répond quelque chose que je n'entends pas avant de fermer la porte.

— Alors ? lui demande les filles.

— Il a dit qu'il se changeait et qu'il arrivait, dit-elle toute excitée.

En effet, quelques minutes plus tard, il ouvre la porte et entre dans notre salon. Il a troqué sa tenue de ski contre un pull gris et un pantalon de sport, en mode décontracté. Il s'approche de la cheminée avant de se diriger vers le garage à la recherche de bûches.

— Je vais vous aider, s'empresse Victoria.

Jérémy détaille sa robe et lui rétorque d'un ton amusé :

— Je pense que les bras de Joe seront plus solides et avec son pantalon il ne risque pas d'avoir froid.

Je pousse gentiment du coude mon ami qui se lève pour prêter main forte. Loin de s'avouer vaincue, Vicky les suit et revient les mains chargées de vieux journaux. Suivant les instructions, elle froisse les feuilles et les place dans la cheminée en essayant de masquer son air dégoutée en constatant que ses mains sont tâchées d'encre noire. Grâce à des allume feu et à la dextérité des garçons, il ne faut pas cinq minutes avant qu'un bon feu crépite dans la cheminée. Une douce chaleur envahit la pièce, le genre de chaleur qui vous entoure, vous rassure et vous fait somnoler.

— Je t'offre une bière ? demande Joe à son seul renfort masculin.

Ce dernier hoche la tête et se relève. Les yeux plein d'espoir, Victoria se décale sur le canapé lui laissant une place libre à ses côtés. Jeremy fait mine de n'avoir rien remarqué et se dirige vers une chaise libre à l'opposé. Joe lui tend une bouteille avant de s'installer avec nous. Jeremy nous demande comment s'est déroulée notre journée et tandis que Vicky monopolise la conversation, je m'éloigne avec Natalia pour commencer à préparer le repas. En guise de préparation, il s'agit surtout de disposer la charcuterie et le fromage sur des ardoises et de faire bouillir les pommes de terre. De ma place, je croise parfois le regard amusé de Jérémy devant les vaines tentatives de Victoria. Cette dernière remarque nos échanges et affiche un air agacé. Je retourne à mes fourneaux quand la mention de mon nom me fait me relever la tête

— Quoi ? demandé-je en haussant le ton afin d'être entendue depuis le salon.

— Ta copine Vicky dit que toi et moi on ferait un beau couple, répond Joe.

L'amusement que j'ai pu ressentir jusqu'à présent fond comme neige au soleil. Qu'elle ait un coup de cœur pour l'un de nos professeurs ne me dérange mas, mais qu'elle me mêle à ses histoires a le don de m'énerver. Jeremy m'observe, amusé à son tour, et son sourire chaleureux m'apaise. Je soupire, à quoi bon me prendre la tête avec Vicky, cela ne servirait qu'à pourrir l'ambiance des vacances. A la place, je lui offre un beau sourire et sur le ton de la plaisanterie lui répond :

— Tu radotes Vicky, tu nous l'as déjà dit à midi.

Jeremy se retient pour ne pas éclater de rire devant la mine un peu honteuse de Victoria. Le cuit vapeur se met à sonner lançant le signal du départ. Jérémy nous souhaite un bon appétit avant de rejoindre son studio malgré l'insistance des filles pour qu'il se joigne à nous. Je suis en train de regarder mon fromage chauffer tandis qu'elles se désolent de l'absence de Jérémy. Je pense qu'elles ne comprennent pas que, même s'il est venu avec nous, il reste notre enseignant et ne doit rien faire qui puisse prêter à confusion.

— A mon avis, il va rejoindre sa prof de snow, lâche Joe en faisant passer l'ardoise couverte de jambon cru.

Les réactions fusent :

— Hein ?

— Quelle prof ?

— Elle est comment ?

Joe prend le temps de finir sa pomme de terre, savourant les regards impatients de ses spectatrices.

— Je l'ai croisé sur les pistes. Il était avec une charmante brunette, très bien roulée, même si la combinaison ne lui rendait pas justice, et vu les regards échangés je pense qu'ils se plaisaient mutuellement. Ça ne m'étonnerait pas qu'ils passent la semaine ensemble ces deux-là.

— Pfff, ce sont vraiment des salopes ces profs de skis, crache Vicky visiblement déçue.

Joe se délecte de sa déception et me lance un clin d'œil. Intérieurement, je souris. Je savais bien que Jeremy n'était pas ce genre d'homme, du moins il n'en a pas l'air. Je ne sais pas pourquoi mais je l'imagine mal vivant des histoires d'un soir, volant de femmes en femmes. Mathilde et Julie font la vaisselle, tandis que nous rangeons un peu notre bazar. En farfouillant dans un placard, Chloé tombe sur un vieux DVD, surement laissé là par de précédents locataires et nous met au défi de le regarder.

Nous nous installons, occupant à nous toutes les deux canapés, tandis que Joe squatte le grand fauteuil rembourré rouge. Nous nous servons de plaids en laine en guise de couverture et Chloé lance le film « Massacre à la tronçonneuse ». Si, dans un premier temps, le feu diffuse une lumière rassurante, au fil du film, la pénombre envahit peu à peu la pièce. Je sens que Natalia se colle davantage à moi, et même si je fais partie des plus âgées, je n'en mène pas large. Je plisse les yeux pour lire les émotions de mes copines, elles sont terrifiées mais aucune n'a assez de cran pour le reconnaître et demander à ce qu'on arrête le film. Lorsque le générique de fin se termine, aucune d'entre nous n'ose bouger ou proposer d'aller au lit. Nous préférons rester en groupe et faire semblant de ne pas être épuisées jusqu'à ce que de grands coups frappés contre la porte d'entrée nous fassent hurler de terreur. La porte s'ouvre sur une masse sombre que j'identifie rapidement comme Joe, hilare de sa mauvaise blague. Nous éclatons de rire à notre tour, évacuant la peur et les tensions liés au film. Nous finissons par rejoindre nos chambres, plus sereines. Malgré tout, en allant me brosser les dents, j'entends les filles verrouiller les portes de leurs chambres et j'hésite à faire de même.

Note d'auteur: Coucou, désolé pour le retard mais j'ai eu un weekend bien chargé. On continue les vacances au ski et bientôt un tête à tête Maddie Jeremy!!! Bisous bisous

Bien Trop Sérieuse?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant