Dépitée. Je suis dépitée. Tous ces efforts pour rien. Je raccroche et regagne le bureau que je partage avec Laury. Je me noie dans le travail afin de ne plus y penser. Durant la pause déjeuner, Julien semble sur le point de me demander la raison de ma mine triste mais il préfère s'abstenir. L'après-midi est intense, tout le monde semble sur les nerfs, à fleur de peau, il suffirait d'une étincelle pour que cela explose. D'après les bribes de conversations que j'ai pu entendre, il semblerait qu'il y ait un problème avec le cabinet comptable. Sur les coups de dix-sept heures trente, Max, furieux, entre dans notre bureau :
- Laury, prend ton manteau on va chez la comptable.
Laury semble hésiter, son bureau déborde de dossiers à traiter.
- Je ne peux pas. On doit répondre à l'appel d'offres avant demain huit heures. Je dois tout finaliser pour que tu puisses le remettre demain matin.
Max piétine, cherchant une solution qui ne vient pas.
- Je peux le faire, m'entendé-je dire.
Ils se tournent vers moi.
- Je t'ai déjà assisté et j'ai noté la procédure.
Je lui tends mon cahier de bord que je mets à jour à chaque nouvelle tâche que me présente Laury. Cette dernière s'en saisi, parcourt des yeux mes notes et ajoute des précisions, surligne en jaune certaines étapes clés avant de me le rendre.
- Très bien. Maddie, tu t'occupes de l'appel d'offres. Pour les documents où la signature du gérant est indispensable, ajoute un post-it, Max les signera demain matin.
Elle prend son manteau et rejoint Max qui l'attend devant la porte.
En moins de deux je me retrouve seule avec le fameux dossier à traiter. Je commence par remplir scrupuleusement l'acte d'engagement à l'aide du devis. Je vérifie que tout coïncide, que je n'ai pas confondu le prix hors taxe avec le prix incluant la TVA, puis je remplis ensuite le dossier de candidature. Je joins notre présentation d'entreprise, les différentes attestations d'assurances ainsi que les autres documents indispensables à la validation de notre candidature. La partie administrative étant terminé, je dois maintenant m'occuper du mémoire technique. Le problème ? Je ne le trouve nulle part. Je fouille le bureau de Laury de fond en comble, l'angoisse grandissante. Je n'ose l'appeler sur son portable de peur de la déranger. Je sens le stress m'envahir, mes doigts tremblent tandis que je regarde pour la vingt cinquième fois dans le placard s'il n'y est pas. Je me mords la lèvre, je vais devoir lui téléphoner et passer pour une incompétente. Je compose son numéro mais raccroche avant même la première sonnerie.
- Thomas ?
Il tourne sa chaise vers moi. Je fais abstraction de son regard pour me concentrer sur ma tâche.
- Désolée de te déranger mais... j'inspire un grand coup, je ne trouve pas le mémoire technique pour l'appel d'offre du Auchan. Je dois monter le dossier et Max doit l'apporter demain matin.
- Putain ! s'emporte-t-il. Il n'en a pas marre de décider au dernier moment à quel AO on répond ? Je suis déjà à la bourre sur d'autres trucs et je vais devoir tout arrêter pour cette saloperie de mémoire.
Il passe la main dans ses cheveux sombres, avant de reporter son attention sur moi. Son ton se radoucit mais reste tout de même professionnel.
- Je m'en occupe Madeline, il sera prêt d'ici une heure.
Je repars dans mon bureau et m'active pour photocopier tous les documents de l'appel d'offre en six exemplaires. Un pour le service administratif (Laury et moi), un pour Thomas et quatre pour la commission d'appel d'offres. Au fur et à mesure je récupère les feuilles sortant de l'imprimante. Je tamponne avec le cachet de l'entreprise celles qui doivent l'être et ajoute les post-it comme me l'a demandé Laury. Même si travailler dans l'urgence ne me gêne pas, je stresse à l'idée d'avoir oublié quelque chose risquant de remettre en cause notre candidature. L'heure passe et Thomas fait irruption dans le bureau en même temps que l'imprimante se remet à sortir des feuilles.
- Je t'ai lancé l'impression du mémoire technique.
Il s'apprête à partir mais je l'interpelle :
- Merci au fait. Pour ton aide au musée, Monsieur Murançon a été génial. Même si je ne suis pas fan de ses œuvres, j'ai beaucoup appris sur le peintre.
- De rien. C'était la moindre des choses.
Il s'avance vers la porte avant de faire demi-tour et de s'appuyer contre mon bureau.
- Tu as eu le job ?
Je tourne la tête de droite à gauche en signe de dénégation.
- Pourquoi ? demande-t-il sincèrement intéressé.
Je soupire et lui explique la conversation que j'ai eue plus tôt dans la journée. Le journal fonctionne grâce aux lecteurs mais aussi grâce aux encarts publicitaires payés par les entreprises du coin. Apparemment, l'une des entreprises aurait promis de prendre plus d'espaces publicitaires si le journal embauchait son neveu. Alors, même si mon article était de loin le meilleur, je n'ai pas eu le poste.
- Je suis désolé pour toi Madeline. La vie est ainsi faite, souvent ce ne sont pas les plus méritants qui sont récompensés.
Je hausse les épaules comme si cela m'était égal, mais intérieurement cet échec me fait mal. Thomas perçoit ma tristesse. Il fait un pas vers moi avant de se raviser. Je lève les yeux vers lui, je trouve qu'il fait subitement chaud dans la pièce. J'essaie de me convaincre que cela provient de l'imprimante sur sollicitée mais mon bas ventre me fait bien comprendre que c'est plutôt dû aux variations de bleus dans le regard de Thomas. Je ne sais pas s'il ressent la même chose que moi, mais toujours est-il qu'imperciblement l'atmosphère change, se chargeant d'électricité. Je me lève, il faut que je récupère les papiers dans l'imprimante. Il faut que je fasse quelque chose pour m'occuper. Je le contourne pour atteindre la machine mais quand je me retourne je me heurte à son torse. De surprise j'en fais tomber les documents qui s'éparpillent sur le sol. Je m'accroupis pour les ramasser et il fait de même. Nos bras se frôlent, nos regards se croisent, il suffirait de pas grand-chose pour que je caresse son visage. Arrête Maddie ! m'intimé-je intérieurement. Garde tes fantasmes pour la maison. Nous nous redressons et mettons de l'ordre dans les mémoires. Ensuite je me dirige vers l'armoire en haut de laquelle se trouve la relieuse. Je tends les bras pour l'atteindre mais Thomas, plus grand me devance. Mon dos se retrouve contre son torse, je m'arrête de respirer en croisant les doigts pour qu'il ne s'en rende pas compte. Il pose la relieuse sur le bureau et reste là à m'observer tandis que je donne aux mémoires techniques un aspect plus professionnel. Je me force à ne pas quitter la machine des yeux, je ne comprends pas pourquoi il reste là, n'a-t-il pas du travail en retard ?
- Et voilà, terminé, annoncé-je fière de moi en posant le dernier mémoire sur le bureau.
Je m'étire sous le regard amusé de Thomas.
- Beau boulot, dit-il en me faisant un clin d'œil.
Je ressens de nouveau cette sensation de chaleur mais je dois partir, vite. Je récupère mon manteau et lui souhaite une bonne soirée. Au moment où je passe la porte, sa main se referme sur mon poignet.
Note d'auteur: rapprochement entre Thomas et Maddie, il devient plus sympas et semble avoir du mal à rester loin d'elle... affaire à suivre... bisous bisous
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Bien Trop Sérieuse?
Lãng mạnMadeline, vingt deux ans, a laissé tomber la fac de droit et galère à trouver du travail. Aussi, lorsqu'un éventuel employeur lui propose une formation en alternance elle n'a pas le choix si elle ne veut pas retourner vivre chez ses parents. Entre u...