Contrairement à la dernière fois, je ne prétexte pas une indigestion pour me soustraire à mes obligations et c'est la tête haute que je pénètre dans mon bureau de chez MValu. Après avoir salué l'équipe, je constate que Thomas n'est pas là, visiblement lui n'assume pas ses actes. Je retrouve les tickets là où je les avais laissés et pendant une bonne partie de la matinée, je m'affaire à les trier, mettant de côté ceux qui ne concernent pas le travail, puis je les saisis dans le tableau prévu à cet effet.
Je n'arrive pas à réaliser que ce sont mes trois derniers jours chez MValu avant les congés. Au vu des pluies diluviennes qui s'abattent sur la région, Max a décidé de stopper les chantiers, les intérimaires et ferme l'entreprise pour toute la durée des vacances scolaires ce qui me fait gagner une semaine de plus de congés.
Thomas ne se montre pas de la journée ni les jours suivants ce qui ne fait qu'accroître ma frustration. J'aurai tant amé lui exposer le fond de ma pensée vis-à-vis de son comportement. Je devrais sans doute me montrer plus indulgente envers lui mais après tout c'est lui qui est venu sonner chez moi. Je fais taire la petite voix dans ma tête me serinant que j'aurai pu dire non et me concentre sur la constitution d'un dossier d'appel d'offres. En fin de journée, je souhaite de bonnes vacances à l'équipe avant de m'en aller. En passant devant le bureau de Thomas, je ressens un léger pincement un cœur. Est-ce qu'au moins il va bien ?
J'enchaîne ensuite avec les deux jours d'école mais je ne suis pas concentrée et je dois me pencher plusieurs fois sur la feuille de Natalia pour vérifier où on en est. Le soir, j'erre dans les rayonnages d'un magasin de sport, à la recherche d'une combinaison de ski. Je vérifie plusieurs fois mon portable mais il demeure silencieux.
— Je peux vous aider mademoiselle ? demande un vendeur au sourire ultra blanc.
Je lui fais signe que non et me dépêche de terminer mes achats. Au final, j'opte pour une combinaison bleu ciel, des Moon boots, quelques paires de collants épais, plusieurs pulls, une paire de gants, des lunettes et pour le fun je choisis un bonnet avec de petits bonhommes de neige brodés dessus. Je ressors du magasin les bras chargés, et une fois mon coffre remplit je suis prise d'un fou rire. Dire que les filles veulent partir avec seulement deux voitures ! Mon coffre est déjà presque plein et il n'y a que mes affaires à l'intérieur. Et encore, il s'agit uniquement des affaires de ski. Qu'en sera-t-il avec ma valise de vêtements et les sacs de courses (pâtes, riz, céréales pour le petit déjeuner...) que nous devons amener au chalet. Je poste un message d'avertissement sur le groupe Facebook et me retrouve face à leur optimisme débordant. Je reste persuadée que ce ne sera pas possible de partir avec deux véhicules. J'en fais part à Joe qui est complètement de mon avis.
— Ne t'inquiète pas Maddie, je prévois un plan B, dit-il avant de raccrocher.
Le jour J, nous nous retrouvons toutes chez les parents de Julie qui ont gentiment accepté de garder nos voitures. Nous sommes toutes réunies attendant que Joe nous rejoigne, Jérémy se rendant sur les lieux par ses propres moyens. Après plusieurs essais, ce que j'avais prédit arriva, impossible de faire tenir toutes nos affaires dans seulement deux véhicules. Laetitia commence à s'emporter après Sophie qui à elle seule compte trois valises de vêtements, Julie s'inquiète de savoir si quelqu'un a pensé aux pneus neige, Mathilde consulte la météo et ne sent pas de conduire s'il neige, en quelques minutes le début de vacances se transforme en cauchemar.
— Et ton pote, il arrive quand ? m'agresse Laetitia en se plantant devant moi.
Malheureusement pour elle, je ne suis pas Sophie et refuse de me taire face à son mauvais caractère :
— Tu vas te calmer de suite ! m'emporté-je à mon tour. Je vous ai prévenu la semaine dernière que deux voitures avec toutes nos affaires ça ne suffirait pas, mais aucune de vous n'a voulu m'écouter.
La dispute repart de plus belle jusqu'à ce qu'un crissement de pneu sur le gravier nous interrompe. Je me retourne et ai l'agréable surprise de voir Joe au volant d'une immense familiale qu'il gare dans l'allée.
— Le carrosse de ces dames est avancé, annonce-t-il en se penchant en avant.
Il n'en fallait pas plus pour que les filles tombent sous le charme. Je fais rapidement les présentations, puis Joe rabat une rangée de fauteuil libérant de l'espace dans son coffre déjà imposant. En moins de deux, la plupart des affaires sont rangées.
— Je peux prendre quatre personnes avec moi, explique Joe en fermant la malle.
Les filles bavent d'envie et je décide de prendre les choses en main. J'en veux encore à Laetitia pour son comportement et si, à la base, je devais monter avec elle, je choisis d'organiser les choses autrement :
— Natalia, Julie, Sophie et moi on monte avec Joe et comme Mathilde ne se sent pas de conduire vous n'aurez qu'à prendre la voiture de Laetitia. Je fais signe à mon équipe de monter dans la familiale et nous prenons la route.
Sophie est excitée comme une puce, soulagée de ne pas avoir dû laisser sa valise « tenues de soirée et chaussures » dans sa voiture. La station se trouve à environ trois heures trente ce qui nous fera arriver aux alentours de vingt-deux heures à condition de ne pas être pris dans les bouchons. Bizarrement Natalia ne dit pas un mot mais je la surprends à jeter de fréquents coups d'œil à Joe. Mince, il ne faudrait pas qu'elle s'en amourache. Autant j'ai briefé Joe pour qu'il tienne ses mains éloignées de mes copines, autant je n'avais pas anticipé que la douce et discrète Natalia puisse avoir un béguin pour lui.
— Au fait, me glisse Joe.
Je me tourne vers lui, l'invitant à poursuivre.
— Tu ne m'as pas dit combien je te devais pour ce petit séjour.
— cent cinquante euros, annoncé-je avec un sourire narquois.
Il marque un temps d'arrêt :
— Tu as dit ça au hasard.
— Prouve-le, lui rétorqué-je, faisant référence à notre discussion concernant les réparations de ma voiture.
— Si je te fais un chèque, tu vas le déchirer ?
— Essaie, tu verras bien.
Il fait mine de bouder, tandis que les filles à l'arrière chantent à tue-tête « Etoile des neiges » depuis qu'elles ont vu trois flocons sur le bas-côté de la route. L'accès au chalet est difficile mais Joe ayant tout prévu, équipe la voiture de chaîne et nous grimpons sans encombre suivie de près par la voiture de Laetitia. Intérieurement, j'espère que les heures de route l'auront calmé car je ne supporterai pas une semaine à l'entendre râler alors que nous sommes là pour nous amuser. En voyant la beauté du chalet, nous oublions la fatigue du trajet ? Trois larges marches en bois amènent sur le perron et sur une très grande terrasse accueillant une table pour des petits déjeuners au pied des montagnes. En approchant le de porte, une lumière extérieure s'éclaire surement déclenché par un détecteur de mouvement. Nous nous hâtons de rentrer au chaud et de découvrir l'intérieur, laissant à Joe le soin de vider la voiture.
— Wahou ! m'exclamé-je en découvrant les lieux.
L'immense salon est décoré simplement mais avec goût dans la tradition montagnarde. Une cheminée habille l'un des murs du salon avec une planche amovible et des crochets pour permettre de faire sécher chaussures et chaussettes. Je m'avance dans le centre de la pièce, et pose mon sac à main sur la table basse agrémentée de napperons. J'aime ce côté kitch et c'est sans surprise que je constate qu'un plaid écossais est plié sur l'un des accoudoirs du canapé. Les chaises de la table du salon ont été remplacées par des bancs en bois et au milieu de la table trône un appareil à raclette qui ne demande qu'à être branché.
— Bon, on se répartit les chambres ? demande Vicky en enlevant sa doudoune et en l'accrochant au porte manteau de l'entrée.
— Moi je vous préviens, j'ai le sommeil léger, si vous voulez parler jusqu'à trois heures du matin vous ne vous mettez pas avec moi, rouspète Laetitia.
Note d'auteur: Et voici les filles au ski!!! C'est parti pour une semaine sans cours ni travail! Bisou bisou
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Bien Trop Sérieuse?
RomansaMadeline, vingt deux ans, a laissé tomber la fac de droit et galère à trouver du travail. Aussi, lorsqu'un éventuel employeur lui propose une formation en alternance elle n'a pas le choix si elle ne veut pas retourner vivre chez ses parents. Entre u...