Malgré mes objections, les filles s'empressent de demander aux enseignants s'ils veulent nous accompagner. Comme je l'avais prédit, ils déclinent poliment cette proposition saugrenue.
— Il ne nous reste plus que Jeremy, soupire Julie.
— Ce serait top s'il venait. Vous imaginez, on pourrait le voir torse nu au SPA, s'extasie Victoria.
L'image fugace de notre charmant professeur de GRCF en maillot traverse mon esprit. Je dois reconnaître qu'à mon avis le spectacle doit valoir le coup d'œil.
— Arrêtez de rêver, s'il y en a bien un qui dire non, c'est lui, s'exclame Laetitia.
— Maminouche ne joue pas les rabats joie, la gronde gentiment Sophie.
Laetitia, qui a depuis longtemps renoncé à lui faire oublier l'usage de ce surnom, se contente d'un regard signifiant « on verra bien ».
Nous nous dirigeons vers notre salle où nous attendons patiemment M Roger pour le cours de français. A notre grand étonnement, c'est Jeremy, les cheveux en bataille qui s'installe au bureau.
— Je suis désolé, M Roger est malade du coup nous échangeons nos cours.
Vicky a le regard qui brille et lance des regards insistants et tout sauf discrets à Sophie pour qu'elle lui demande de venir au ski avec nous. Sophie lui fait signe d'attendre la fin du cours mais Vicky s'impatiente.
Ces échanges silencieux n'échappent pas à Jérémy qui nous demande ce qu'il se passe. Sûre d'elle Victoria se lance :
— Vous faites quoi pendant les vacances de février ?
Jeremy ne s'attendant pas à cette question affiche un air surpris, tandis que de mon côté j'essaie de disparaître sous mon bureau. Loin de se sentir gênée, Vicky poursuit :
- On loue un chalet dans les Pyrénées, à Luz Ardiden mais il nous faut être dix pour valider la réservation et bénéficier d'un tarif préférentiel. Du coup on se demandait si vous vouliez venir avec nous ?
J'admire l'audace de Victoria, même si pour moi il est clair qu'il va refuser.
— Et bien...euh... c'est gentil, je vous remercie...je...euh...je vais y réfléchir, répond-il gauchement.
Le cours reprend et tandis que Jeremy explique les différentes façons de contourner un refus, je m'imagine face à la montagne enneigée, loin de tous et loin de Thomas. Je ne sais pas pourquoi je repense à lui, mais c'est un fait, il me manque. Je compte mentalement les semaines qui me séparent des vacances mais il y en a beaucoup trop à mon goût. Il faut que Natalia me pousse du coude pour que je réalise que c'est l'heure de la pause. Je quitte la pièce et suis Natalia qui a oublié un bouquin dans son bureau. Je ne sais pas comment elle fait pour travailler au centre de la formation tout en étant également une étudiante. Moi j'aurai du mal à faire la part des choses. Je la regarde fouiller son bureau quand j'aperçois Jeremy revenant avec des photocopies à la main. Il se dirige vers moi et s'arrête à ma hauteur :
— Elles étaient sérieuses pour le ski ? me demande-t-il de but en blanc.
Je lève les yeux au ciel :
— Oh oui ! J'ai bien essayé de leur faire comprendre qu'aucun prof n'accepterait mais elles sont têtues.
- Que se passera-t-il si vous n'arrivez pas dix personnes?
J'affiche un air morose, j'ai tellement envie de m'évader un peu que cette possibilité ne m'avait pas effleuré l'esprit :
— Je suppose que nos vacances tomberont à l'eau. Nous avons la chance que le père de Julie bénéficie d'un comité d'entreprise généreux, sinon je n'ose imaginer le prix d'une location en pleine saison au pied des pistes. Ce qui est sûr c'est que pour moi ce ne sera pas possible, avoué-je.
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Bien Trop Sérieuse?
RomanceMadeline, vingt deux ans, a laissé tomber la fac de droit et galère à trouver du travail. Aussi, lorsqu'un éventuel employeur lui propose une formation en alternance elle n'a pas le choix si elle ne veut pas retourner vivre chez ses parents. Entre u...