avouer?

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Thomas

Un porc, voilà ce que je suis. Tandis qu’elle s’éloigne en moto je regarde le bureau où quelques minutes auparavant je l’ai prise. J’ai trompé ma femme avec un collègue de boulot et le pire c’est que j’ai aimé ça. J’ai aimé découvrir la douceur de sa peau et la sensation de sa main glissant lentement jusqu’à mon  boxer. Je me passe la main dans les cheveux, je ne peux plus me regarder en face. Je vais rentrer et tout avouer à ma femme. De toute manière rien qu’en voyant ma tête elle va deviner.

Je ramasse les dossiers éparpillés sur le sol quand mes doigts se referment sur l’emballage métallique du préservatif. Tout ça c’est de la faute de Julien, quand on a changé de bureau il a oublié de l’enlever. Sans ce truc les choses n’auraient pas dégénéré, tenté-je de me convaincre. Je ferme la porte avant de me diriger vers l’atelier pour prendre une douche rapide. J’essaie d’enlever toute trace d’elle mais c’est peine perdue, elle a apposé sa marque en moi et mon corps n’aspire qu’à une chose s’abreuver de nouveau à sa source. Je frotte à m’en abimer la peau. Elle mérite mieux que ça, j’aurai dû la laisser partir mais quand elle a évoqué la possibilité de sortir et de rencontrer quelqu’un mon cerveau a fait un black-out. Enfin propre, je rentre chez moi. Je demeure un court moment à observer la maison parfaite que nous avons fait construire. J’imagine que ma femme est en train de raconter une histoire à notre fille. Dire que d’ici peu, leur univers va voler en éclat. Je soupire avant de pousser la porte d’entrée. En m’entendant, ma fille se précipite dans le couloir et me saute dans les bras. Ma femme passe la tête par l’encadrement de la porte de la cuisine avec un regard réprobateur.

-  Tu rentres bien tard.

Je prends prétexte de chatouiller Louise pour faire mine de ne pas avoir entendu. Les rires de ma fille me mettent du baume au cœur. Hélène secoue la tête :

-  Je te laisse la coucher, je nous sers le repas.

-  Je peux rester un peu ? demande ma fille en faisant trembler sa petite lèvre.

Sa mère fronce les sourcils mais je craque :

-   Juste le temps que papa et maman mangent et après au dodo.

Son visage rayonne de bonheur tandis qu’Hélène lève les yeux au ciel. Avoir Louise près de moi me donnera, pendant quelques instants, l’illusion d’avoir encore une famille. Nous prenons place autour de la table ronde, Louise sort des crayons de couleurs et entreprend de me dessiner tandis que sa mère et moi dînons. Je me force à manger la blanquette de veau mais je ne suis pas sûr de parvenir à la garder dans mon estomac. Le repas passe bien trop vite à mon gout et après avoir embrassé ma fille je retrouve Hélène dans la cuisine. Je m’assieds sur un tabouret de bar. En m’entendant, elle se retourne et me dévisage. Elle s’approche doucement jusqu’à se placer derrière moi. Ses mains se posent sur mes épaules et glissent sur mon torse.

- Ta journée a été compliquée ? Tu m’as l’air tellement stressé.

Serait-ce un piège pour voir si je vais lui avouer ma faute ?

-  Je suis désolé Hélène, dis-je en lui prenant les poignets.

Elle me contourne avant de se placer entre mes jambes.

- Tu n’as pas à l’être. Ça arrive à tout le monde, enfin…aux hommes en général.

-  Pas à moi, me defendé-je.

Je n’ai pas envie qu’elle s’imagine que c’est dans mes habitudes de m’envoyer en l’air avec n’importe quelle fille. Elle sourit :

-   A toi comme aux autres. Tu n’as pas à avoir honte, ma mère m’avait prévenue de toute façon.

-  Hein ?

Je ne vois pas ce que vient faire sa mère dans cette histoire.

-  Oui, tu as le complexe de Cro Magnon, mais rassure toi ça ne me dérange pas.

Ok, là il y a clairement un truc qui m’échappe. Devinant mon étonnement elle m’explique :

- Tu penses qu’en tant qu’homme tu dois travailler plus pour gagner plus, tu penses que ton rôle c’est de nous entretenir Louise et moi afin que nous ne manquions de rien. J’adore ton côté Macho et protecteur et le fait que tu rentres tard certains soirs ne me gêne pas à la condition que tu préviennes. Tu connais ta fille, elle refuse de se coucher si elle n’a pas son bisou du soir.

Je reste silencieux. Comment fait-elle pour ne pas voir que je suis un salaud? J’ai l’impression que chaque pore de ma peau transpire la trahison. Elle passe sa main sur sa joue pour me forcer à la regarder. Je contemple son visage et n’y lit que douceur et compréhension. J’ai pris ma décision, je ne lui dirais rien. Après tout ça lui ferait trop de peine et comme je ne compte pas recommencer ça ne servirait à rien.

Pour me rattraper d’être rentré tard hier soir, j’ai proposé à ma fille de la déposer à l’école. Elle était tellement fière qu’elle a tenu à ce que je l’accompagne jusque dans sa cours de récréation. Ce petit détour me fait arriver en retard au boulot mais personne ne se permet de me le faire remarquer. Je traverse le couloir et salue rapidement Laury avant de marquer un temps d’arrêt. Mon regard se pose sur le bureau de Madeline qui est étonnamment vide, son ordinateur éteint.

-          Elle est où ? demandé-je en essayant d’adopter un ton détaché.

-          Malade, répond Laury avant de replonger dans sa facturation.

Je m’enferme ensuite dans mon bureau et passe la majeure partie de la matinée les yeux rivés à mon téléphone. Je devrais lui envoyer un SMS pour lui dire que tout va bien, qu’elle n’a pas à m’éviter et que je saurais me comporter normalement, mais après plusieurs essais, j’efface tout ce que j’ai écrit. Après tout merde on n’est plus au collège.

Ma fonction d’associé me donne quelques avantages comme par exemple celui de consulter les dossiers des salariés. Je note son adresse avant de quitter la boîte prétextant une réunion de chantier. Je trouve sans difficulté sa rue ainsi que sa résidence. Coup de chance, le portail de sa résidence est ouvert et je me dirige vers son bâtiment. Je m’apprête à sonner quand miraculeusement la porte s’ouvre, laissant sortir une vielle dame. En galant homme je lui tiens la porte et dès qu’elle s’est éloignée je pénètre dans l’immeuble. Malheureusement, la chance ne me sourit lus et je dois déchiffrer les noms des habitants sur les portes avant de trouver celle de Madeline.

Je trouve enfin la bonne porte. Je frappe trois coups et j’attends. Je me repasse mentalement le discours que j’ai préparé : « Madeline, désolé pour hier, c’était entièrement ma faute, tu n’as pas à quitter ton travail, je… »

Les mots s’envolent de mon cerveau quand la porte s’ouvre. Ma bouche devient sèche, elle est là, devant moi, vêtue uniquement d’un sweat informe qui lui arrive juste en dessous des fesses dévoilant deux longues jambes nues. Je m’attarde sur la ligne délicate de son mollet avant de revenir vers son visage exprimant la surprise de me voir débarquer chez elle.

Note d'auteur: voilà voilà Thomas décide de cacher la vérité à sa femme car dans sa tête ce n'était qu'une erreur qu'il ne souhaite pas commettre de nouveau. Résistera t il longtemps?... bisous bisous

Bien Trop Sérieuse?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant