Munie d'un sac à dos imperméable, je descends le chemin menant à la station. De là, je n'ai aucun mal à trouver une navette me conduisant au pied d'un sentier balisé. Le soleil brille, se reflétant dans la neige, m'obligeant à mettre mes lunettes de soleil. Je marche jusqu'à atteindre une sorte de belvédère avec vue sur la forêt. Des jumelles sur pieds sont mises à notre disposition et permettent d'observer sans déranger la faune locale. Je m'amuse à suivre un couple d'écureuils se disputant une noisette, à moins que ce ne soit un gland. Je frissonne en les regardant sauter de branche en branche comme s'ils étaient immunisés contre les lois de la gravité. Je pourrais rester là encore un moment, mais d'autres touristes viennent d'arriver et les jumelles sont peu nombreuses. Je finis par laisser ma place, lasser d'entendre soupirer derrière moi. De toute manière, le belvédère n'était que la première étape de ma journée de détente. Je continue mon chemin, attentive aux indications gravées sur les panneaux en bois m'indiquant la direction à suivre. J'entends des voix. Chouette, le groupe de personnes devant semble se rendre au même endroit que moi. J'accélère le pas pour ne pas les perdre de vue et quelques instants plus tard nous voici devant une grange. Celle-ci a été aménagée en deux parties, l'une servant d'atelier au sculpteur et l'autre étant une boutique d'objet en bois. Le groupe se sépare et je choisis de suivre les plus âgés. Des chaises sont mises à notre disposition, à distance raisonnable, pour nous permettre de regarder l'artisan travailler. Je m'installe sur l'une d'entre elle et me perds dans la contemplation de l'artiste. Ses mains s'agitent, son regard ne quitte pas une seule seconde la pièce de bois, d'instinct il sait où se trouve ses outils. Hypnotisé par son travail, il ne prête pas attention à ses spectateurs, seul lui importe sa tâche. Ses outils découpent, sculptent et glissent sur la matière avec autant de facilité que s'il s'agissait d'une plaquette de beurre. Je passe de longues minutes à étudier ses gestes fermes et précis. Je m'amuse à essayer de deviner ce qu'il va sortir de son morceau de bois, puis au fur et à mesure je comprends qu'il sculpte un écureuil. Les touristes à mes côtés se lassent mais pas moi. Je serais presque tentée de les rabrouer quand ils font grincer leurs chaises sur le sol, tellement je suis prise par ce que je vois. Au bout d'un moment, il ne reste que moi, sur ma chaise. Une femme aux cheveux grisonnants s'approche pour me demander si je voudrais boire quelque chose mais je secoue la tête ne voulant pas manquer l'avancée du travail de l'artisan. Elle soupire avant de regagner la boutique et d'attendre que d'autres clients arrivent. Le vieil homme finit par poser ses outils :
— Elle sera prête cet après-midi. Je vous la mets de côté.
Sa phrase sonne comme une affirmation tandis qu'il se lève pour rejoindre sa femme qui tapote sur sa montre. Je comprends qu'ils vont fermer et quitte à contrecœur la grange. A peine dehors, je constate que le temps s'est rafraichi. Je noue mon écharpe et reprend ma route. D'après le dépliant j'en ai pour une heure de marche. Mon ventre se met à gargouiller, les crêpes de ce matin sont loin. Je grignote rapidement le sandwich que je m'étais confectionnée en admirant le paysage. Une demie heure plus tard je maudis mon manque de condition physique et regrette de ne pas avoir opté pour le parcours en moto neige. Un vent glacial se lève et il me faut toute ma volonté pour ne pas renoncer et rentrer me mettre au chaud au chalet.
Arrivée au cœur de la forêt, perdue au milieu de dizaine de sapins, se dresse fièrement une cabane en bois dont de la fumée s'échappe de la cheminée. Ragaillardie par ce qui m'attend, je me dépêche d'y arriver et pousse la porte avec empressement. Je suis accueillie par une petite femme replète, aux yeux pétillants, ses boucles rousses rebondissant sur ses épaules lorsqu'elle s'approche de moi. Après avoir acquitté le prix de l'entrée, je la suis en direction des vestiaires.
— Vous pouvez vous changer dans cette cabine et laisser vos affaires dans le casier mis à votre disposition. Surtout n'oubliez pas de prendre la clé. Une fois prête, vous n'aurez qu'à suivre ce long couloir pour arriver au bain.
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Bien Trop Sérieuse?
RomanceMadeline, vingt deux ans, a laissé tomber la fac de droit et galère à trouver du travail. Aussi, lorsqu'un éventuel employeur lui propose une formation en alternance elle n'a pas le choix si elle ne veut pas retourner vivre chez ses parents. Entre u...