Le verre de trop

2.1K 239 5
                                    

En temps normal j'aurai demandé à Jess de me conseiller sur la tenue adéquate pour un repas d'entreprise, mais dans ce cas elle aurait voulu savoir si Thomas serait présent et la discussion aurait dévié sur ce que je devrais lui dire et là pour le moment je n'ai pas envie d'y penser.

J'opte pour une robe de couleur vert foncé avec un ruban de satin faisant office de ceinture. Je m'observe dans le reflet de la baie vitrée :

- Maddie, cette année à Noël, tu t'offres un vrai miroir ! Me seriné-je comme à chaque année en sachant pertinemment que je ne l'achèterai pas.

Je passe ensuite mes chaussettes noires, mon leggins, enfile mes bottines et quitte mon studio. Ma voiture étant au garage pour réparation, Natalia a gentiment proposé de me récupérer le matin pour m'amener à l'école. En l'attendant, je resserre le nœud de mon écharpe, autant l'automne a été plutôt doux, autant l'hiver est glacial. Je m'emmitoufle dans mon manteau rouge et me mets à sautiller d'un pied dur l'autre pour me réchauffer.

Lorsque nous arrivons à l'école, les filles m'accueillent avec des sifflements :

- Wahou Maddie tu es canon !

- Vous trouvez ? Je trouvais ça simple comme tenue.

A leur tête il semble évident que ma tenue n'a rien de simple, je le savais j'aurai dû mettre mon jean. Je me demande si j'aurai le temps de faire un saut vite fait chez moi pour me changer ? Malheureusement je me dois d'écarter cette hypothèse, aucune chance d'arriver à l'heure au repas si je repasse par chez moi. Si encore j'avais eu ma voiture je ne dis pas, mais là c'est tout simplement impossible.

- Alors tu en penses quoi Maddie ?

Je me tourne vers Sophie qui visiblement attend mon avis sur un sujet dont je n'ai pas écouté un traître mot.

- A quel propos ?

Elle soupire avant de reprendre :

- Je disais que ce serait cool de partir toutes ensemble au ski en février. On pourrait louer une maison à la neige, faire du ski, boire des chocolats chauds... En plus, plus on sera nombreuses moins ça nous coûtera cher.

- Moi j'ai un super plan dans les Pyrénées, mais il faut être minimum dix, ajoute Julie.

- Ah oui, c'est quoi ? lui demande Chloé.

- C'est avec le comité d'entreprise du taf de mon père. Ils ont un chalet au pied des pistes et chaque année il le loue.

- Il n'est pas déjà réservé ? demandé-je sceptique.

- Il faut que je me renseigne.

- De toute façon, ça ne marchera pas on n'est pas dix mais huit, constate Laetitia avec un air pragmatique.

- Sophie hausse les épaules, ça ne doit pas être bien compliqué de trouver deux personnes supplémentaires pour partir avec nous.

Je les écoute faire des plans sur la comète pour un chalet qui, si ça se trouve, n'est même pas disponible. J'aime leur insouciance mais comment leur faire comprendre que, ne vivant plus chez papa et maman j'ai d'autres obligations à remplir avant de pouvoir envisager un séjour au ski, ces obligations ayant pour nom : loyer, factures, assurances...

La sonnerie retentit et nous nous installons dans notre salle. Les vacances de Noël n'ont pas encore commencé que les filles sont déjà en train de planifier celles de février. Pendant le cours, un papier circule discrètement de table en table, Sophie nous demande quelle semaine nous arrange le plus. Tout en sachant que je n'irai pas, je prends tout de même la peine de réfléchir, la deuxième serait pas mal. Je remplis le tableau avant de le faire passer à Natalia. Celle-ci semble hésiter, peut-être n'-a-t-elle pas envie d'aller à la montagne ?

Bien Trop Sérieuse?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant