Désillusion

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Une fois chez moi, je me prends la tête entre les mains. Je suis perdue. Comment en étant amoureuse de Thomas, les baisers de Jeremy arrivent-ils à me réchauffer jusqu'aux tréfonds de mon âme ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Je décide finalement de laisser ce baiser, aussi intense qu'il fût, de côté et de me concentrer sur Thomas. Après tous les efforts que j'ai déployés, je vais enfin avoir ma fin heureuse avec un homme que j'aime et qui m'aime sincèrement. J'avise le calendrier. Trois jours. Trois petits jours me séparent de nos retrouvailles. Je décide de nettoyer mon appartement de fond en comble, de préparer un repas digne de cet évènement et de ne pas m'inquiéter. Le jour J, je suis une pile électrique, je saute partout, je regarde mon portable toutes les trois minutes tout en étant morte d'angoisse pour lui... et pour moi aussi. Ce soir ce sera concret, ce soir nous serons officiellement un couple et même si affronter le jugement des autres sera difficile au moins nous serons ensemble.

Mon portable sonne, me faisant sursauter. Malheureusement ce n'est que Jess.

— Alors c'est ce soir ? demande-t-elle en essayant de paraître contente pour moi.

— Oui Jess, c'est ce soir. C'est ce soir que je vous prouverai à toi et Joe qu'avec Thomas c'est du sérieux.

— Ok. Tu m'enverras un message hein ?

Elle m'exaspère. Elle n'y croit pas et ça me blesse.

— Bon écoute Jess, je dois te laisser, j'ai encore un million de trucs à préparer.

Je l'entends soupirer.

— Je serai toujours là pour toi Maddie, quoi qu'il arrive.

Je raccroche et me laisse tomber sur le canapé. Je comprends son inquiètude. Combien de films avons-nous vu où la maîtresse se voyait promettre monts et merveilles avant de finir seule devant une bouteille de vin ? Mais Thomas et moi, c'est différent. « C'est ce qu'elles disent toutes » murmure une voix dans ma tête.

Dix-huit heures. Je n'y tiens plus et lui envoie un message : « Comment ça s'est passé ? »

Je n'obtiens aucune réponse et essaie de ne pas paniquer. Si ça se trouve, ils sont en pleine discussion. Il m'appellera après.

A vingt-deux heures, j'ai tellement arpenté mon salon qu'il doit y avoir un sillon tracé dans le faux parquet. Je l'appelle mais tombe directement dans la messagerie. Non. Non pas encore. Il ne va pas me refaire le coup. Je suis sur le point de péter les plombs quand ma sonnette retentit. Fébrile j'appuie sur l'interphone.

— Madeline, c'est moi.

C'est lui. Mon cœur se met à battre la chamade. Ça y est, c'est réel. Je compte mentalement les secondes qu'il lui faut pour arriver jusqu'à moi, je trépigne d'impatience, je veux le serrer dans mes bras, le réconforter après cette épreuve qui a dû être difficile pour lui, lui promettre que je serai là pour lui et... Le cheminement de mes pensées s'interrompt quand je vois sa mine défaite. Je m'apprête à le serrer dans mes bras mais il attrape doucement mes poignets :

— Madeline, je suis désolée.

Je ne comprends pas ce qu'il veut dire où du moins je ne veux pas comprendre.

— Tu es une fille géniale, une fille en or mais je ne peux pas.

— Tu... Tu ne peux pas quoi ? Parvins-je à articuler.

— J'ai une fille et une femme. Je ne peux pas jeter dix ans de mariage juste pour une histoire de sexe.

Les mots qu'il prononce s'enfoncent en moi comme des milliers de lames de couteau.

— Un histoire de sexe ? Mais je croyais que...

Il lâche mes poignets et passe la main sur son visage d'un air agacé que je ne lui connais pas :

— Oui, moi aussi je croyais, mais en fait non. Je ne peux pas tout plaquer pour vivre dans un studio avec une étudiante. Qu'est ce qu'on pensera de moi ?

— Que tu as suivi ton cœur ! m'exclamé-je. Tu crois que pour moi c'est facile ? De me dire que du jour au lendemain je vais devenir belle-mère, que je vais passer pour la salope qui a brisé un couple ? Mais pour toi je l'aurai accepté !

Il soupire. Je comprends que de toute façon il ne restera pas, que contrairement à ce qu'il m'a dit l'autre jour, ce n'est pas moi qu'il a choisi. Une larme perle au coin de mon œil mais ce n'est pas une larme de tristesse, c'est de la colère. Ils avaient raison, ils avaient tous raison. Jess, Joe, ils l'ont vu venir à des kilomètres et moi qui répétais :

— Mais oui je vous jure, il va tout quitter pour moi.

Mais qu'elle conne !

Il avance vers moi mais je le fusille du regard :

— N'avance pas Thomas. Surtout n'avance pas.

Il obéit, son regard se remplit de pitié et il reprend d'une voix douce :

— Pardonne-moi Madeline.

— Casse-toi.

— Laisse moi t'expliquer ;

— CASSE TOI ! hurlé-je comme une hystérique. Avant de me jeter sur lui pour marteler son torse de coups de poings.

Il enroule ses bras autour de moi et me serre contre lui :

— Déteste-moi. Je le supporterai.

Je le repousse, la morve au nez et le visage maculé de larmes.

— Je me fiche que tu le supportes. Allez va-t-en.

Il tourne les talons. Je le regarde marcher vers l'ascenseur. Une partie de moi espère qu'il va se retourner, me dire que c'est une mauvaise blague mais je sais pertinemment qu'il part, définitivement. Les portes de l'ascenseur se referment sur mon dernier espoir, sur un amour à sens unique et je me laisse glisser contre le panneau de ma porte.

C'est là que Jess et Joe me retrouvent. Sans dire un mot, sans me juger, ils s'occupent de moi. Joe m'aide à me relever et me porte jusqu'au canapé. Jess s'installe à mes côtés et me berce dans ses bras. Leur présence à tous les deux me fait du bien. Ils ne disent rien, pas même un « Tu vois on te l'avait dit », car c'est ça l'amitié, être là les uns pour les autres en dépit des choix foireux de certains. On se soutient quoi qu'il arrive. Quand j'ai suffisamment versé de larmes pour les cinq ans à venir je prends conscience d'un truc horrible.

— Mon Dieu. Mais comment je vais faire pour lundi ?

L'école est finie, je suis censée passer le mois de Juillet chez MValu avant de prendre deux semaines de congés en Août. Je n'arriverai pas à passer chaque jour prés de lui après le coup qu'il vient de faire. Du moins pas tout de suite. J'ai besoin de temps.

— Je sais ce que tu peux faire, dit calmement Joe en s'asseyant à mes côtés.

Il m'explique son idée et même si je n'aime pas devoir faire ça, je dois avouer que je n'ai pas d'autre solution dans l'immédiat.

Note d'auteur: Et voilà, Thomas a encore fait des siennes et briser le coeur de Madeline (une fois de plus). Quel avenir pour Madeline chez MValu? Et quelle est l'idée de Joe pour éviter à Maddie de retourner bosser lundi? Bisous bisous.

PS: Je me lance sur Fyctia pour le concours Univers Alternatif; Pseudo SamanthaMorgan1711 n'hésitez pas à aller faire un tour! 

Bien Trop Sérieuse?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant