Monsieur Murançon me parle du peintre comme s'il c'était agi de son ami. A travers ses propos j'ai vraiment l'impression de découvrir l'homme derrière l'artiste. Il me parle de la maladie qui a affecté son développement osseux et par la même sa croissance, il ne dépassera jamais les un mètre cinquante-deux,. il me raconte sa vie de bohème dans les cabarets parisiens, son amour de l'alcool, de l'absinthe et des prostituées qu'il adorait dessiner. Avec Monsieur Murançon à mes côtés, je découvre les œuvres du peintre d'un autre œil. Mort à trente-six ans, Toulouse Lautrec a croqué la vie à pleine dent et a laissé derrière lui une œuvre très vaste et variée.
Après ma visite privée, je remercie Monsieur Murançon pour sa gentillesse et toutes ses informations. Je quitte le musée, il est déjà tard. J'ai douze appels en absence de Joe et Jess qui doivent m'attendre. Je marche au pas de course, manquant de me tordre la cheville sur les routes pavées menant à mon studio. Lorsque j'arrive au pied de l'immeuble, je repère la moto de Joe ainsi que la voiture de Jess. Aïe les deux ensemble, espérons que personne ne soit blessé.
Finalement, j'ai la surprise de les trouver tous les deux assis en tailleur, devant ma porte, en train de jouer à pierre feuille papier ciseau.
- Et bien, moi qui m'attendais à voir du sang sur les murs... dis-je en sortant mes clés.
- C'est toi qu'on va étriper plutôt, me gronde Joe en se redressant, on peut savoir où tu étais ?
- Ouais, il est plus de dix-neuf heures ! Tu aurais pu appeler, on se faisait un sang d'encre, ajoute Jess.
J'ouvre la porte en levant les yeux au ciel avant de répondre :
- Désolé Papa et Maman mais je bossais et le portable devait être coupé dans l'enceinte du musée.
Ils continuent de me sermonner gentiment mais je ne les écoute plus, trop heureuse de pouvoir enlever mes chaussures et de me laisser tomber sur mon clic clac. Je masse mes pieds endoloris par les allées et venues incessantes dans les différentes salles de l'exposition.
- On mange quoi ? demande Joe la tête dans un placard.
- J'ai pris de quoi faire des fajitas au poulet, du guacamole et des chips triangles.
- On appelle ça des tortillas et franchement Maddie tu me déçois, me lance Joe.
Je ne me donne pas la peine de relever sachant pertinemment qu'il va poursuivre de lui-même.
- Tu as un Mexicain pure souche comme meilleur pote et tu achètes de la bouffe mexicaine industrielle. Quand je vais dire ça à Mama, je crois qu'elle va nous faire un arrêt cardiaque.
- Oh ça va, me défend Jess, je suis sûre que si on rajoute deux trois trucs ce sera presque aussi bon.
Je les laisse derrière les fourneaux, attrape la télécommande et zappe, indifférente à ce qui s'affiche. De toute façon, vu l'heure, il n'y a que des publicités partout.
- Mets nous un film Maddie, lance Jess depuis le bar.
- Ouais et pas un truc à l'eau de rose s'il te plait, renchérit Joe.
- Oh zut, moi qui comptais mettre « Mange, prie, aime », répondé-je en affichant un air faussement déçu.
- Si tu me mets cette daube, je te jure je me tire.
S'en suit une dispute entre Joe et Jess dont c'est le film préféré. Je ne les écoute pas, mes doigts courent sur les tranches des DVD avant de s'arrêter sur mon film préféré.
- Combien tu paries qu'elle nous a choisi « Jurassic Parc », murmure Jess à Joe
- Je ne parie que quand je suis sûr de remporter la mise, lui rétorque Joe.
Nous dégustons notre plateau mexicain au son des cris de terreurs des protagonistes poursuivis par le T-Rex. Même si cela ne vaut pas la nourriture de Mama, Joe finit tout de même son assiette et se ressert en fajitas. Entre deux bouchées, je leur raconte rapidement mon escapade au musée, mais contrairement à d'habitude, je garde certains détails pour moi, comme par exemple ma rencontre imprévue avec Thomas. Jess me fixe intensément, j'espère ne rien laisser paraître mais elle ne me lâche pas du regard. Dès que le générique de fin apparaît, je prétexte une soudaine fatigue pour pousser gentiment mes amis à rentrer chez eux. Une fois partis, je prends une douche, déplie mon clic clac et m'installe avec l'ordinateur sur les genoux. Mes doigts survolent les touches du clavier, mon article s'écrit tout seul, j'espère parvenir à transmettre la passion de Monsieur Murançon pour l'artiste. Je mets un point final, me relis trois fois et l'envoie par mail au rédacteur en chef. Les jeux sont faits. Certaines personnes, auraient attendu, ce seraient relus le lendemain matin, auraient modifié des tournures de phrases ou autres mais pas moi. Je suis impatiente, fonçeuse et même si je sais que dès que je vais fermer les yeux il va me venir d'autres idées pour l'article, je ne peux pas m'en empêcher. J'aime que les choses soient vite faites. Je déteste les surprises et l'attente m'est insupportable.
J'éteins l'ordinateuravant de me glisser dans ma grosse couette. Comme je m'y attendais, je repenseà l'article, puis à M Murançon, tiens il faudra vraiment que je remercie Thomas. Thomas était très séduisant aujourd'hui. Il m'a même sourit, et en le faisant exprès cette fois-ci. D'ailleurs il a un très beau sourire. Bordel pourquoi je pense au sourire de Thomas ? J'oriente mes pensées vers Toulouse Lautrec, sa maladie, ses œuvres, les prostituées, le tableau de la prostituée aux seins nus, celui devant lequel j'étais quand Thomas m'a trouvé. Il a du me trouver bien bête à bafouiller comme une collégienne. En même temps, difficile de se concentrer quand d'aussi beaux yeux vous observent. Bon sang ça recommence, me revoici en train de penser à Thomas. Sa chemise légèrement ouverte le rendait très attirant. Bon d'accord, c'est foutu je n'arriverai pas à penser à autre chose. Je laisse la porte ouverte à mes pensées coquines qui prennent rapidement le dessus sur toutes mes autres pensées. Je nous imagine, Thomas sans chemise et moi, dans les allées vides du musée. Je fais danser mes doigts sur ses épaules carrées et il m'attire à lui pour m'embrasser. Mon corps s'enflamme et je me laisse dériver dans le monde de l'imaginaire avec mon séduisant collègue de bureau. Après tout, fantasmer n'a jamais fait de mal à personne
Note d'auteur: Jess se doute-t-elle que Maddie a rencontré Thomas? En tout cas espérons que son article soit bon et qu'elle décroche le poste... Bisous bisous
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Bien Trop Sérieuse?
RomansaMadeline, vingt deux ans, a laissé tomber la fac de droit et galère à trouver du travail. Aussi, lorsqu'un éventuel employeur lui propose une formation en alternance elle n'a pas le choix si elle ne veut pas retourner vivre chez ses parents. Entre u...