une dispute salutaire

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— Madeline, commence-t-il, il faut qu'on parle.

Je me dégage de son emprise et lui rétorque sèchement :

— Ouais peut-être, mais après la journée pourrie que je viens de passer, en partie grâce à toi, je n'ai qu'une envie, rentrer chez moi.

Il pose ses mains de part et d'autres de mon visage et caresse mes joues avec ses pouces. Ne pas craquer – Ne pas craquer – Ne pas craquer. J'ai beau lutter de toutes mes forces, je ne peux empêcher mes lèvres de s'ouvrir lorsqu'il les frôle.

— Je suis désolée pour ce weekend. J'étais en route pour venir te voir, j'en mourrais d'envie quand Hélène m'a appelé. En voulant grimper dans un arbre Louise a fait une chute.

— Elle va bien ? demandé-je sincèrement inquiète pour la petite.

— Oui, juste le bras cassé. Dans la précipitation j'ai oublié de t'appeler et je m'en veux terriblement.

A mon tour je pose mes mains sur ses joues.

— Tu n'as pas à être désolé. C'est ta fille et elle avait besoin de toi.

Il pose ses lèvres sur les miennes et m'embrasse. Doucement d'abord puis avec fougue. Il me pousse contre son bureau, son entrejambe durci contre mon intimité. Je me sens régir à ce contact qui m'avait tellement manqué. Je le voudrais en moi, là tout de suite. Sa main appuie sur mes fesses et me rapproche un peu plus de lui et de la bosse dans son pantalon. Sa langue glisse sur la mienne, je gémis de plaisir. Plus, j'en veux plus. Heureusement mon cerveau se remet en route me rappelant où nous sommes et surtout que nous ne sommes pas seuls. Je m'écarte légèrement malgré les protestations de mon corps :

— Arrête, on pourrait nous voir.

A contrecœur il me libère de ses bras me permettant de quitter le bureau. Une partie de moi aurait voulu qu'il me retienne, qu'il réponde un truc du style « Rien à faire des autres » et qu'il recommence à m'embrasser. Malheureusement, je suis celle qu'on cache et cela n'arrivera jamais.

Je rassemble mes affaires, prête à rentrer chez moi quand des éclats de voix me parviennent du bureau de Max :

— Quand je dis non, c'est non, ici c'est pas le club Med on travaille pas en horaire choisis. Si tu n'es pas contente tu...

Il s'interrompt brusquement mais Laury lui r »pond sur le même ton ;

— Je quoi Max ? Je m'en vais ? Tu crois que je ne pourrais pas trouver un autre boulot ? Un où je ne serai pas obligée de finir à dix-neuf heures parce qu'au dernier moment tu as envie de répondre à un appel d'offres ? J'ai le droit de vivre merde !

Des bruits de chaises sur le sol, une porte qui s'ouvre et Laury récupère sa veste avant de foncer vers la sortir. Max fait irruption dans le bureau, livide :

—Où est-elle ? demande-t-il paniqué.

— Parking, répondé-je troublée par le remord que je lis sur son visage.

Le temps qu'il se précipite dehors, c'est trop tard, j'entends des pneus crisser, elle est partie.

Le lendemain elle ne vient pas, chaque fois que le téléphone sonne, je me jette dessus, espérant que ce soit elle et invariablement à chaque fois Max passe la tête dans l'encadrement de la porte et me demande qui c'était. Sans Laury, l'ambiance est morose, je ne me sens pas à ma place. Je fais du mieux que je peux pour la remplacer mais là où elle met cinq minutes il m'en faut vingt-cinq. Bien sûr, personne ne m'en tient rigueur mais sans elle je me sens incomplète. Un binôme à un ce n'est pas la même chose.

Le surlendemain elle ne vient toujours pas. Inquiète, je profite de ma pause pour la contacter. Par chance elle décroche. Je la sens triste et désemparée. Elle m'explique avoir demandé à Max de finir plus tôt certains soirs pour rattraper toutes les heures supplémentaires qu'elle a fait ces derniers temps. Il a refusé en lui reprochant de moins s'impliquer dans l'entreprise depuis quelques temps. Je trouve ça injuste, souvent Laury est la dernière à partir et je comprends qu'elle puise avoir besoin de récupérer. Je l'assure de mon soutien, mais je sens qu'elle ne me dit pas tout.

— Je ne sais pas quand je vais revenir, ajoute-t-elle.

— Prends ton temps et pense à toi.

— Non, tu ne comprends pas, j'envisage de démissionner.

— Si tu n'es pas heureuse ici alors vas-y, je l'encourage.

Je l'entends soupirer :

— Maddie, si je pars tu n'auras plus de tutrice pour ton apprentissage et...

— Et je devrais trouver une autre entreprise, complété-je à sa place.

En effet, pour que mon apprentissage soit validé, je dois être encadrée par un tuteur ayant exercé pendant cinq ans le métier d'assistant de gestion et chez MValu il n'y a qu'elle qui puisse remplir ce rôle. Je sais que pour mon bien je devrais la convaincre de revenir, mais au fil du temps elle est devenue plus qu'une simple collègue de travail et je m'entends lui répondre :

— Ne pense pas à moi Laury, je m'en sortirai quoi qu'il arrive.

Je raccroche en ravalant ma tristesse, je ne veux pas partir d'ici j'y suis bien et pas seulement parce que je couche avec Thomas. Je regagne mon poste, un peu sonnée par la perspective de devoir envisager de chercher une autre entreprise d'accueil.

— Tu... Tu as eu Laury ?

Perdue dans mes pensées, je n'ai pas entendu Max entrer. J'hésite à lui répondre, d'un côté c'est mon boss et de l'autre il est celui qui fait souffrir ma collègue. Il tire une chaise et s'assois près de moi.

— Ce n'est pas le patron qui te parle là, c'est moi Max et je veux juste savoir comment elle va.

Je suis troublée par ce que je lis sur son visage, il a besoin d'elle et pas juste pour le travail. Je prends une décision, advienne que pourra :

— Elle ne va pas bien, si vous ne faites rien elle va partir et vous ne la reverrez plus.

Il sonde mon regard mais je ne cille pas.

— Merci Maddie.

Il se lève précipitamment, une minute plus tard je vois sa BMW rouler en direction de la sortie. Je souris intérieurement, je croise les doigts pour qu'il la ramène. Je l'imagine lui disant à quel point il est perdu sans elle et elle, ouvrant les yeux sur l'amour qu'il lui porte. A ce moment-là, mon portable vibre : « hâte de sentir ton corps contre le mien ».

Je voudrais refuser mais n'y arrive pas, j'ai besoin de lui, même si ce n'est qu'un moment volé.

Tandis qu'il se rhabille, je fixe la fenêtre. J'ai envie de plus, j'ai envie de balades à deux, de restaurants, de cinémas, j'ai envie de ça avec lui mais comment le lui dire sans le faire fuir.

— Quelque chose ne va pas ? demande-t-il en reboutonnant sa chemise.

Je me mords la lèvre avant d'avouer :

— Je... Je me disais qu'il faisait beau et que ...

Je n'arrive pas à poursuivre, mon cœur se serre tandis qu'il passe son bras autour de mes épaules pour m'attirer contre lui. Il n'en fallait pas plus pour que j'éclate en sanglots :

— C'est dur Thomas.

— Je sais ma belle, je vais trouver une solution.

Il m'embrasse une dernière fois avant de quitter mon appartement. Je me laisse retomber sur le clic-clac et enfouis mon visage dans le coussin pour me repaître de son odeur.

Note d'auteur: Et voici votre chapitre hebdomadaire. Les choses avancent pour Laury et Max mais qu'en est-il de Madeline.... Bisous bisous

Bien Trop Sérieuse?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant