confidences et jalousie

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- Pourquoi le droit ?

Je ne m’attendais pas à cette question mais je joue le jeu. Après tout ce n’est pas un secret d’état.

- A l’origine je voulais faire du journalisme mais ma mère a refusé de me payer des études qui, selon elle, menaient à une voie de garage. J’ai donc opté pour le droit avant de me rendre compte que ce n’était clairement pas fait pour moi. Avoir la vie des gens entre les mains, me dire que si je me plante, untel risque de perdre sa maison ou la garde de ses enfants, je crois que je serais morte d’un ulcère avant d’avoir atteint la trentaine. J’ai quand même tenu bon pour avoir un diplôme et pouvoir passer des concours mais au final j’ai laissé tomber.

Il a l’air satisfait de ma réponse et j’enchaîne avec une question qui me taraude depuis que je l’ai vu au bain.

- C’était quoi l’objet du pari qui t’a valu le tatouage ?

Il sourit, son charme ravageur fait grimper la température dans le chalet et je me demande comment un mec pareil peut encore être célibataire. Il se penche vers moi :

- C’est l’un de mes plus gros secrets, tu ne dois le répéter à personne.

- Promis, répondé-je sur le même ton de conspiratrice que lui.

Il me jauge du regard avant de prendre sa décision.

- J’étais en première année de fac et avec une bande de potes on était fan de la série « How I Met Your Mother », il s’interrompt mais comme je lui fais signe que je connais, il continue, bref, on s’est inspiré du personnage de Barney ; celui qui s’invente des rôles pour coucher avec des filles et un soir qu’on avait un peu, bu, Joël et moi avons fait un pari. J’ai parié que Joël n’arriverait pas à récupérer le numéro d’une fille en imitant le cri du dauphin durant toute la conversation  et lui a parié la même chose sauf que je devais me faire passer pour un agent secret. Tu le croiras ou pas mais c’est lui qui a gagné et j’ai hérité du tatouage.

J’ai du mal à contenir mon fou rire.

-  Attends, c’est pas fini, mon pote a non seulement séduit la fille mais aux dernières nouvelles ils se sont mariés l’été dernier.

Je trouve cette histoire touchante et imaginer qu’un mec puisse trouver l’amour de sa vie en imitant un dauphin ça redonne de l’espoir.

- Tu regrettes le journalisme ? me demande-t-il.

Je repose ma tasse de chocolat avant de lui répondre :

- Non pas vraiment. Je pense qu’à l’époque j’idéalisais un peu la profession. Aujourd’hui je cherche juste à m’épanouir et être heureuse.

Dis comme ça, je reconnais que ça fait un peu cul cul mais je m’en fous. Avec Jeremy, je sens que je peux être moi-même et ça me fait du bien.

- Tu penses que le métier d’assistante t’y aidera ?

Si je ne couchais pas avec l’un de mes responsables, répondre à cette question ne me poserait pas de difficulté mais en l’occurrence, les mots restent bloqués dans ma gorge. Jeremy n’insiste pas et ma question s’échappe de ma bouche sans que je ne puisse la retenir :

- Pourquoi es-tu aussi gentil ?

Il pose sa main sur la mienne, sa présence rassurante me réchauffe le cœur.

-  Il n’y a aucun intérêt à être méchant.

Il exerce une légère pression sur ma main ce qui me fait relever la tête. Son regard est doux, protecteur. Je me sens subitement ridicule. Non contente de l’avoir contraint à écourter son bain relaxant, me voici en train de lui gâcher son après-midi.

- Tu devrais peut-être y aller, lui dis-je.

Il fronce les sourcils :

- Tu veux que je m’en aille ? Serai-je de si mauvaise compagnie que ça ?

Je secoue vivement la tête :

-  Pas du tout, c’est le contraire. C’est moi qui ne suis pas au mieux de ma forme.

Il jette un coup d’œil dehors avant de me tirer par la main pour que je me lève de ma chaise. Il règle grâce au sans contact notre goûter et ce malgré mes vives protestations puis il m’entraîne dehors. Lorsqu’il consent à lâcher ma main, je ressens une pointe de déception. J’enfile mes gants lorsque je reçois une boule de neige derrière la nuque. Interloquée et prête à fustiger le sale gosse qui s’est permis cette blague je me retourne et me retrouve face à un Jeremy plié de rire. Je me prends au jeu et nous entamons une bataille qui nous vaut à tous deux d’être passablement humide. Je finis par abdiquer lorsque je glisse sur une plaque de verglas et me retrouve les fesses dans la neige. Comme au bain, Jeremy me tend la main et me soulève sans aucune difficulté. Je me retrouve de nouveau contre lui, ses yeux plongent dans les miens, il semble hésiter. Du bout de son gant il suit les contours de mes lèvres, dispersant les restes d’une boule de neige. Imperceptiblement no visages se rapprochent. Je tends mes lèvres dans l’attente d’un contact qui ne vient pas. Je le sens se contracter et se figer. Je lève la tête, il fixe un point derrière moi avant de s’écarter :

- Je dois y aller, dit-il simplement avant de partir rapidement comme s’il voulait mettre le plus de distance entre lui et moi.

Je me retourne, curieuse de savoir ce qui a pu le faire réagir de la sorte. Je n’ai pas besoin de chercher bien longtemps. Descendues d’une navette, un groupe de filles chahutent gaiement et je reconnais sans problème mais copines. Je me dirige vers elle sans cacher ma surprise car hier encore elle parlait de faire la nocturne.

-  Non, c’était vraiment trop cher, m’explique Natalia.

Les filles m’interrogent sur ma journée mais je dévie la conversation en leur demandant de me raconter la leur. Nous flânons un peu dans la station, Sophie voulant s’acheter un nouveau bonnet et Laetitia des cartes postales Lorsque finalement nous rentrons, Jeremy est installé sur la terrasse, il feuillette un magazine en buvant une bière. D’un mouvement discret de la tête, je lui fais comprendre que je n’ai rien dit et il semble rassuré. Les filles prennent place, Vicky reprend son manège, ce qui m’exaspère mais je ne suis pas au bout de mes surprises.

Des pas dans la neige me font me retourner, Joe arrive et il n’est pas tout seul. Pendue, à son bras, une sublime jeune femme, cheveux châtains, teint magnifié par le soleil, regard de biche et sourire de star, l’accompagne. D’instinct je sens que je ne vais pas l’apprécier, surtout quand elle lâche Joe dès qu’elle aperçoit Jeremy.

- C’est qui celle-là ? grince Vicky.

-  Les filles, voici Mélinda, notre prof de Snow, explique Joe. Puis, il se tourne vers Jeremy, Désolé, j’ai perdu une course et je lui ai promis de lui arranger un rencard avec toi.

Si les yeux de Vicky et moi pouvaient lancer des éclairs, Joe serait à l’instant réduit à un minuscule tas de cendres. Sentant le malaise, Jeremy s’éloigne en compagnie de la pimbêche. Joe satisfait de sa « ‘surprise » vient s’asseoir à mes côtés mais je ne lui décroche pas un mot.

Chloé fait mine d’aller chercher un truc dans le garage, mais je comprends vite qu’elle est partie espionner pour le compte de son amie. Etant l’une des plus âgée, la théorie voudrait que j’empêche Chloé d’agir, après tout Jeremy est notre enseignant et il a le droit de faire ce qu’il veut, seulement en pratique je ferme ma bouche et attend avec impatience de savoir ce qu’elle aura pu entendre.

Quelques minutes plus tard Jeremy et Melinda reviennent. Elle nous adresse un signe de la main en guise d’au revoir puis, se tourne vers Jeremy :

- A ce soir alors.

Il acquiesce avant de gagner sa partie de la maison.

Chloé attend qu’il soit rentré avant de nous rejoindre :

-  Ils ont rendez-vous ce soir au B2N à 20h.

Mon visage se décompose ce qui n’échappe pas à Natalia qui, discrètement, me demande si ça va.

Note d'auteur: prochain chapitre hauts en couleur! Bisous bisous

Bien Trop Sérieuse?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant