Le reste des oraux c'est plutôt bien passé hormis celui que j'ai passé avec Jeremy. Il faut dire que nous ne nous étions pas vus depuis sa déclaration et que j'ai eu beaucoup de mal à le regarder dans les yeux pour lui parler de l'importance de la satisfaction client. Heureusement, l'autre professeur membre du jury n'a pas eu l'air de remarquer quoi que ce soit.
Ce soir, nous sommes dans un bar pour fêter la fin des oraux blancs et nous motiver pour les écrits qui nous attendent. J'essaie de noyer dans l'alcool mon appréhension à l'idée de retourner lundi chez MValu et de retrouver Thomas. Lui aussi ne m'a plus donné de nouvelles depuis notre escapade ratée et ma décision de faire un break. Je n'écoute qu'à moitié les filles comparer leurs ressentis sur la semaine écoulée et je dois avouer que si Natalia ne m'avait pas forcé la main je pense que je serai restée chez moi à manger de la glace en regardant une série à la télévision.
— Vous savez quoi les filles ? demande Vicky en prenant un ton mystérieux. J'ai un scoop.
Une fois qu'elle est sûre d'avoir capté l'attention de tout le monde elle lâche :
— Jeremy s'est inscrit sur un site de rencontre.
De surprise je manque de recracher mon cocktail et la regarde sortir son téléphone et lancer une application. Elle tourne ensuite l'écran vers nous et effectivement la photo de notre professeur s'affiche. J'ai un pincement au cœur, même si je l'ai repoussé je n'ai pas envie qu'il se mette avec n'importe qui. Le visage souriant de sa prof de snow traverse mon esprit et je finis d'une traite mon verre avant d'aller en commander un autre. Vicky se met à nous lire son profil et quand Mathilde lui demande si elle a essayé de prendre contact, elle secoue la tête :
— Non j'ai laissé tomber, son rêve c'est de partir s'enterrer dans les Alpes pour ouvrir une maison d'hôte, clairement pas mon style.
Je souris. Je me rappelle qu'il m'en a parlé lors de notre gouter gourmand à la montagne. Bizarrement je l'imagine très bien dans ce secteur. Il est d'un naturel avenant et généreux, aucun doute que son affaire marchera. Avec un peu de chance, grâce à ce site, il trouvera la femme de sa vie et ils élèveront leurs enfants au pied des pistes de ski. Une pointe de jalousie me transperce le cœur. Au moins lui il sera heureux.
Les discussions reprennent mais je décide de fausser compagnie aux filles. Je suis bien trop fatiguée et finalement plus d'humeur à faire la fête. J'arrive à attraper un taxi et retrouve quelques minutes plus tard mon studio. Debout devant la porte d'entrée, j'observe mon logement, malgré les quelques éléments de décoration je m'aperçois qu'il ne me plait pas. Je me sens enfermée, écrasé, comme s'il n'y avait pas assez d'espace pour respirer. Je comprends que ce studio est un simple reflet de ce qu'est ma vie, une voie sans issue. La fin des cours approche et je dois tenir encore un an chez MValu pour valider mon diplôme. Je me sens coincée, selon comment se passent les choses avec Thomas cela risque d'être très compliqué de tout gérer. C'est ce à ce moment-là que mon portable se met à vibrer et que son prénom s'affiche. J'hésite à déverrouiller l'écran pour lire son message, j'ai peur de ce que je vais y lire. Après quelques instants je me lance. Une phrase s'affiche, une seule.
Lundi il faudra mettre les choses au clair, j'espère que tu viendras.
Pas de « bonsoir », pas de « bisou », pas de « tu me manques », quoi qu'il ait à me dire ça ne sera pas positif. Je me laisse tomber sur mon clic clac et me cogne l'orteil dans l'angle de la table basse. J'étouffe un juron et me cache sous ma couette. Je ne me change pas, ne prends pas de douche, je veux juste sombrer dans le sommeil et qu'on me réveille pour la remise des diplômes.
Malheureusement mon organisme n'a pas de fonction « hibernation » et le lendemain je suis bien obligée de me lever. Je passe la journée en mode automatique, ménage, repassage, commatage devant la télé. J'aimerai étirer le temps pour repousser l'arrivée du lundi mais ça ne marche pas. Le jour j'ai la boule au ventre, je ne veux pas y aller. Je me force à sortir de mon lit et à me préparer. J'ai opté pour une petite robe d'été à brettelle écrue s'arrêtant au-dessus du genou et des sandales assorties. Sur le trajet je me prépare mentalement à me faire jeter. Surtout ne pas pleurer, ne pas montrer que tu as mal. Je me répète cette phrase comme un mantra et en franchissant la porte de l'entreprise, je prends une grande inspiration.
Je salue Laury, Max et les autres qui me bombardent de question sur le déroulé de mes oraux et j'essaie de masquer mon soulagement en ne voyant pas Thomas. Malgré tous mes efforts, je ne parviens pas à me concentrer sur mes tâches et Laury doit me rappeler à l'ordre plusieurs fois. Au moment du déjeuner, mon estomac est noué. Je guette mon téléphone qui demeure silencieux. Je lis et relis son texto. Pas d'erreur possible, il a bien dit qu'on parlerait aujourd'hui et s'il voulait que je vienne au bureau c'est qu'il était censé y être aussi. Je rumine dans mon coin et même les tentatives des garçons pour me changer les idées ne fonctionnent pas.
Je retourne à mon bureau et me plonge dans le travail. Le bruit d'une porte s'ouvrant me fait sursauter. Je n'ai pas besoin de me retourner, je sais qu'il est revenu. Il part directement s'enfermer dans son bureau sans même me dire bonjour. Si, dans un premier temps, j'aurai pu me sentir blessée, c'est la colère qui commence à gronder en moi. Ce sentiment ne pas avoir mérité d'être traitée de la sorte. Ok, j'avoue c'est moi qui l'ai plus ou moins draguée, c'est moi qui lui ai promis une aventure sans lendemain et c'est aussi moi qui suis tombée amoureuse comme une idiote mais il aurait pu dire non ! Il aurait pu m'envoyer balader. C'est donc remontée comme une pendule qu'à dix-huit heures, une fois les autres partis, que je me rends dans son bureau. Tendue à l'extrême, je pousse la porte prête à assumer les conséquences de NOS actes. Hors de question que toute la faute me revienne.
— Tu voulais qu'on parle ?
Il redresse la tête et je plonge dans ses yeux azur qui m'aspirent vers le fond. J'ai beau essayer de remonter à la surface, le désir que j'y lis embrase tout mon corps. Je me pince le bras pour m'obliger à détourner le regard mais la main qu'il passe sur ma joue ne m'aide pas à reprendre contenance.
— Comment tu vas ? demande-t-il simplement.
Je hausse les épaules un peu agacée.
— Thomas, venons-en au fait s'il te plait.
Il soupire et se place devant moi. Il est près, beaucoup trop près. Mon cœur bat la chamade, je ne comprends pas ce qu'il veut. Ses lèvres se posent sur les miennes et sa langue tente de forcer le passage. Je ne sais pas où je trouve la force de le repousser mais j'y parviens néanmoins.
— A quoi tu joues ? m'énervé-je.
Il sourit.
— Je t'ai choisi.
Je reste hébétée un moment et il répète :
— C'est toi que je veux Madeline.
Note d'auteur: Retournement de situation, Thomas veut être avec Maddie! Vous vous y attendiez? Rassurez-vous l'histoire est loin d'être terminée!! En attendant j'espère que vous avez tous passez un joyeux Noel et que vous avez été bien gâtée!! Pour ceux que ça intéresse, Strangers est disponible en ebook, l'occasion de retrouver June et Nick dans une version corrigée et améliorée avec quelques scènes inédites. Bisous bisous
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Bien Trop Sérieuse?
RomanceMadeline, vingt deux ans, a laissé tomber la fac de droit et galère à trouver du travail. Aussi, lorsqu'un éventuel employeur lui propose une formation en alternance elle n'a pas le choix si elle ne veut pas retourner vivre chez ses parents. Entre u...