Les skis chaussés, nous nous dirigeons vers les tire fesses afin d'accéder aux premières pistes. Afin de s'échauffer nous choisissons de partir sur des pistes vertes et bleues. Le problème, c'est que cela fait un certain temps que la plupart d'entre nous n'ont pas skié et il faudra plusieurs chûtes du tire-fesse, le secret étant de ne pas s'asseoir sur la canne, avant que nous arrivions toutes en haut. Nous n'avons le temps de descendre que deux pistes que déjà c'est l'heure du déjeuner. Personnellement, je serai pour décaler le repas et profiter mais la majorité est contre. Ne voulant pas faire d'histoires, je me plie à l'avis général, après tout je me suis prévue toute la journée du mercredi en solo, j'aurai largement le temps de skier.
Nous regagnons donc le centre de la station et optons pour une crêperie. Nous déposons nos skis contre la barre en bois prévu à cet effet et évidemment l'une des filles en posant les siens nous fait un remix d'une scène culte du film « Les bronzés » en faisant tomber toutes les paires de skis. Nous l'aider à les ramasser et nous dégotons une table à l'intérieur la terrasse étant bondée. Le restaurant est une immense cabane en bois et nous devons faire attention à ne pas glisser, le sol étant humide à cause de la neige fondue que ramène les clients sous leurs chaussures. De là où je suis, j'ai une belle vue sur la terrasse, orientée plein sud, inondée de lumière pour le plus grand bonheur des consommateurs qui, en plus de profiter du beau temps, ont une vue imprenable sur la montagne.
A l'intérieur, il règne un brouhaha constant, les tables sont toutes complètes, les bolets de cidre teintent gaiement, et les odeurs de crêpes envahissent la salle me donnant l'eau à la bouche. Les serveurs sont tous des jeunes de nos âges, surement embauchés par la saison. Ils ont tous le sourire, et semble heureux. Je les imagine, travaillant au moment des repas et profitant des pistes l'après-midi. Finalement c'est peut être ça qu'il me faudrait, un boulot qui me permettrait de profiter de la vie sans passer trente-cinq heures assise derrière un bureau, à saisir des tickets de carte, et à me faire sauter par un mec qui visiblement n'en a rien à faire de moi.
— Ohé Maddie, t'es avec nous ?
La voix aigüe de Victoria me ramène sur la terre ferme.
— On se demandait s'il y avait quelque chose entre toi et Joe ?
J'éclate de rire :
— Non, désolé il n'y a rien.
— Pourtant je trouve que vous iriez drôlement bien ensemble insiste-t-elle.
— Ce n'est pas possible, désolée.
Elle affiche un air déçu que je ne comprends pas. En quoi ma vie amoureuse peut bien la concerner ?
La serveuse dépose devant moi une crêpe miroir et mon ventre se met à gargouiller. Mine de rien, même si nous n'avons pas beaucoup skié, l'air de la montagne ça creuse. Je me jette sur mon assiette, savourant le goût de l'œuf au plat sur le jambon recouvert de gruyère. Pendant plusieurs minutes, chacune est occupée à dévorer son repas puis les discussions reprennent. Les filles planifient la journée du mercredi, celle sur laquelle j'ai décidé de faire l'impasse pour cause de budget serré. Elles ont en effet prévu de passer la journée entière dans un centre thermal haut de gamme avec restaurant panoramique, massage, soin du visage, hammam, sauna, piscine à jet... Le prix du forfait à la journée étant trop élevé pour moi, compter plus de cent cinquante euros, hors repas réalisé par un chef étoilé, je préfère jouer mon joker.
— Il faut absolument convaincre Jeremy de venir avec nous, minaude Victoria.
— C'est clair, renchérit Mathilde, déjà qu'il est pas mal en chemise, sans ce doit être encore mieux.
Elles salivent toutes en imaginant notre professeur en maillot alors que, personnellement, je salive d'avantage en voyant la monstrueuse crêpe à la crème de marron et amandes effilées que l'on vient de poser devant moi. Après ce copieux repas, je me sens d'attaque pour retourner skier. Cette fois-ci nous prenons les cabines afin de monter plus haut et d'accéder aux pistes rouges. Certaines veulent tenter les noires, mais Natalia, Laetitia et moi préférons assurer notre sécurité et finalement, en voyant l'inclinaison de la pente, les autres nous rejoignent l'air penaud. Sur mes skis, je ne pense plus à Thomas, ni à rien d'autre. Je suis concentrée sur ma posture et sur mes gestes. Je ne voudrais pas glisser sur une plaque de verglas et me retrouver à courir après mes skis. Je prends confiance et me redresse d'avantage, prenant le temps d'admirer le paysages tout en faisant attention à ne rentrer dans personne. Mathilde fait une chute mémorable que Sophie tente d'immortaliser. Malheureusement, le temps qu'elle sorte son portable, enlève sa moufle et tente de cadrer, Mathilde est déjà en bas. Je m'apprête à la rejoindre mais Sophie, portable en main, insiste pour que je la prenne en photo. Je me dis que c'est l'affaire de cinq minutes mais perdu. A l'heure de Facebook, Snapchat, Instagram et tout le reste, il faut un quart d'heure avant d'avoir la photo parfaite parce que sur l'une « j'aime pas mon nez », sur l'autre « Non mais y a une mèche de cheveux qui a volé », ou encore « le skieur derrière moi il est moche »... Je suis à deux doigts de jeter son portable dans la montagne quand enfin elle en a trouvé une de bien. Avant qu'elle ne change d'avis, je m'élance pour rejoindre les filles qui nous attendent déjà depuis un moment. Je pense en avoir terminé avec les sessions photos, mais dès qu'elle nous rejoint, Sophie insiste pour faire des photos de groupe, interpellant un pauvre skieur qui s'apprêtait à aller boire un café. Nous enchainons les poses et je me demande comment font les mannequins. Je jette un œil aux photos prises, je me trouve moche sur la plupart d'entre elle. La seule sur laquelle je suis à peu près correcte, est effacée de l'appareil au motif qu'elle était vraiment trop mal cadrée. Je commence à sentir les effets de la fatigue et visiblement je ne suis pas la seule, si j'en crois Natalia qui se laisse tomber dans la neige.
Note d'auteur: première journée au ski pour les filles... promis dans le chapitre suivant Jeremy revient faire un coucou pour le plus grand bonheur de Victoria qui a décidé d'en faire son casse croûte.
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Bien Trop Sérieuse?
RomanceMadeline, vingt deux ans, a laissé tomber la fac de droit et galère à trouver du travail. Aussi, lorsqu'un éventuel employeur lui propose une formation en alternance elle n'a pas le choix si elle ne veut pas retourner vivre chez ses parents. Entre u...