J'ai beau tenter de sourire, voilà que je pense de nouveau à lui. Conscient qu'il ne vaut mieux pas aborder le sujet, Jérémy oriente la conversation sur les sorties cinéma. Visiblement nous avons les mêmes goûts et un débat s'installe afin de déterminer qui est le meilleur des Avengers. Je défends Hulk, premièrement parce que j'ai toujours eu un faible pour Marc Ruffalo et deuxièmement parce que d'une gifle il peut faire s'écrouler un immeuble.
— Tu sais, avec Joe on a prévu d'aller au ciné mercredi soir. Tu peux te joindre à nous si tu veux.
J'accepte avec joie, sortir avec des amis me fera le plus grand bien. Je songe un instant à prévenir Jess mais ensuite je me rappelle qu'elle ne veut plus avoir à faire à Joe pour le moment alors je renonce.
Après un deuxième thé, Jeremy et moi nous séparons bons amis et je regagne mon domicile. Je range mes achats, fière de mes jolies assiettes et déroule le chemin de table en bambou sur la table basse. Ce n'est pas grand-chose, on n'est pas dans l'émission Déco mais ça me fait me sentir un peu plus chez moi. Je me laisse tomber sur le canapé, prête à reprendre la lecture de mon article sur « Comment faire durer l'orgasme » quand je suis dérangée par la sonnette. Intriguée, je me lève et active l'interphone :
— Bonjour, j'ai une livraison pour Mademoiselle Saint Clair.
Je lui déverrouille l'entrée et lui indique l'étage. Quelques minutes plus tard, un énorme bouquet de rose rouge écarlate s'avance vers moi. Derrière les fleurs, un jeune livreur tout essoufflé, le visage rouge demande :
— Mademoiselle Saint Clair ?
Je confirme mon identité et il me remet l'imposant bouquet accompagné d'une petite carte. Je referme la porte, l'odeur sucré des fleurs envahit peu à peu mon studio tandis que je cherche dans quoi je vais bien pouvoir les mettre. Faute de vase, j'opte pour une carafe d'eau. Le résultat ne mériterait sans doute pas de se retrouver sur Instagram mais au moins les fleurs sont dans l'eau. Je déplie ensuite la carte d'accompagnement : « Pardonne-moi. T »
Ma première réaction serait de l'appeler pour le remercier mais j'y renonce rapidement, préférant le laisser mariner un peu. S'il croit qu'un bouquet de fleurs va suffire il se met le doigt dans l'œil jusqu'au coude. Malgré tout, chaque fois que mes yeux se posent sur le bouquet, je soupire. Il me manque.
Je passe mon dimanche à regarder des séries en me rongeant les ongles pour ne pas lui écrire. De son côté, il fait le mort aussi, ce qui me facilite grandement les choses. La perspective de devoir l'affronter demain engendre une boule de stress au creux de mon ventre que seule une tablette de chocolat arrive à calmer.
Lorsque j'arrive à l'entreprise le lendemain je dois me faire violence pour descendre de la voiture. Un rapide coup d'œil sur le parking m'apprend qu'il n'est pas encore arrivé. Parfait. Je me précipite dans mon bureau et me plonge dans le travail. J'ai droit à quelques regards appuyés de Laury mais elle ne fait aucun commentaire. En milieu de matinée, la porte s'ouvre. Je n'ai pas besoin de me retourner, je sais que c'est lui. Je fixe mon ordinateur comme s'il contenait la solution aux maux de l'humanité quand Thomas pose violemment un tas de papier sur le coin de mon bureau.
— Merci de trier ces documents, j'en ai besoin impérativement pour ce soir.
Sans attendre de réponse il quitte le bureau non sans en avoir claqué la porte me faisant sursauter. Je fais glisser le tas devant moi, j'en ai pour la journée et je peux dire adieu à ma pause déjeuné. Je suis en train de trier les pagres du mémoire technique quand je commence à comprendre quel est le but réel de l'opération. Vu l'ampleur de la tâche, soit je vais devoir sauter le déjeuner, soit je vais devoir rester plus tard ce qui lui permettrait de me coincer pour discuter. N'appréciant pas la manœuvre détournée, je me donne à fond pour finir le plus rapidement possible. Je suis aidée dans ma tâche par Laury qui délaisse un moment sa facturation pour me prêter main forte. Pour la remercier (et surtout pour narguer Thomas) je lui propose de l'inviter à déjeuner.
Nous sommes attablées « Chez Louise » une brasserie pas très loin de l'entreprise et je me régale d'un croquemonsieur au chèvre tandis que Laury opte pour une salade poulette. En l'observant attentivement, je remarque des cernes sous ses yeux. Je me permets de l'interroger à ce sujet.
— En ce moment Max est un peu casse-c... euh je veux dire pénible.
— Il s'est passé quelque chose la semaine dernière ? demandé-je.
Il est vrai qu'en étant au CFA je loupe pas mal de chose dans l'entreprise.
Elle hausse les épaules :
— On a loupé un gros appel d'offres mais en général il n'en fait pas cas, sauf que là il me le reproche.
— Il exagère quand même. Tes dossiers sont toujours impeccables et ce n'est pas toi qui fait les devis, c'est Thomas et lui.
L'attitude de Max m'étonne quelque peu. Il ne peut rien faire sans Laury et jusqu'à présent il a toujours été au petit soin pour elle. Son changement d'attitude me laisse perplexe. Elle secoue la tête avant de m'adresser un sourire :
— Laisse tomber. Parlons de chose plus sympa, où tu en es avec ton BTS Blanc ?
Je m'esclaffe :
— C'est ça que tu appelles un sujet plus sympa ?
Nous terminons notre déjeuner puis nous reprenons le chemin du travail, le sourire aux lèvres.
— Ravi de voir qu'il y en a qui s'amusent, grince Max en nous croisant dans le couloir.
Sa remarque a sur nous l'effet d'une douche froide. Nous baissons la tête et nous enfermons dans notre bureau, chacune à son poste l'air morose. Je reprends mon classement en me demandant si Thomas et Max ont monté une coalition pour nous pourrir la journée. La fin de la journée est proche et j'ai presque terminé.
— Laury, dans mon bureau, aboie Max à travers la cloison.
Laury se lève, la tête haute, le visage fermé et je la trouve magnifique. On dirait un gladiateur qui sait qui va se faire bouffer par le lion mais qui est prêt à mourir dignement. Bon d'accord, présenté comme ça c'est sans doute un peu excessif mais c'est comme ça que je la vois.
Mon tri terminé, je me lève à mon tour, prête à affronter Thomas. J'entre sans frapper dans son bureau et pose avec autant de délicatesse que lui ce matin, les documents. Je ne dis pas un mot et tourne les talons quand sa main me retient par le poignet. Il se lève et se place de telle sorte à me bloquer le passage. Il ferme la porte. Aïe je suis piégée.
Note d'auteur: me revoici avec la suite se BTS. J'espère que vous êtes toujours là. Le prochain chapitre sera la confrontation Maddie/ Thomas. Bisou bisou
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Bien Trop Sérieuse?
Roman d'amourMadeline, vingt deux ans, a laissé tomber la fac de droit et galère à trouver du travail. Aussi, lorsqu'un éventuel employeur lui propose une formation en alternance elle n'a pas le choix si elle ne veut pas retourner vivre chez ses parents. Entre u...