Chapitre 4

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Sophie : - Tu ne lui as jamais parlé de tout ce que tu ressentais ?

Panayotis : - Non. Jamais, quand elle est partie j'ai même pas eu le courage de la retenir. Je pensais qu'elle resterait tu vois.

Paul passa sa main sur son front. Il prit la parole, d'une voix calme et posé il dit au jeune homme,

Paul : - Pana. Si tu aimes cette femme, si tu sens qu'elle est la bonne, il faut que tu lui dise tout ça. Tu ne peux pas garder tous ces sentiments au fond de toi.

Panayotis : - Je sais. Je n'arrive plus à écrire mes sketchs, je pense à elle tout le temps. J'ai tout foutu en l'air.

Sophie releva la tête interloquée de la réaction du jeune homme, d'un geste maternel, elle posa sa main sur son épaule,

Sophie : - Panayotis, tu n'as rien foutu en l'air. Tu as fait ton métier. Tu as vécu ta passion. Alors, oui, c'est certain ce n'est pas facile d'être la femme de l'ombre. C'est sur, mais si elle ne comprend pas l'importance que tout ça à pour toi alors.

Elle marqua un temps d'arrêt, elle ne voulait pas être trop brusque.

Panayotis : - Tu sais, tu peux y aller, je veux dire Ava est mon amie. Elle ne fait pas toujours preuve de tact, elle sait que c'est ce que j'ai besoin pour me bouger.

La jeune femme sourit, d'un sourire sincère. Elle connaissait un peu la jeune femme et elle avait été impressionnée par son charisme et sa sincérité. Elle était naturelle, elle ne cachait rien.

Sophie : - Si elle ne comprends pas ça, alors, c'est qu'elle n'est pas faite pour toi tout simplement. Tu ne peux pas demander à la personne que tu aimes de choisir entre sa passion et l'amour.

Panayotis esquissa un sourire et Paul ricana.

Sophie : - Qu'est ce qu'il se passe ?

Panayotis : - C'est typiquement ce qu'Ava m'aurait dit si elle avait été à ta place, elle aurait eu la même lueur dans les yeux que les tiens qui se veux rassurante et qui dit : quoi qu'il arrive, je serais là.

Sophie : - Parce qu'elle le sera. Tout comme Martin. Tout comme Hugo. Tout comme Paul. Même moi si tu veux, je serais là.

Le jeune homme avait maintenant un grand sourire, il se savait entouré. Oui. Il n'était pas seul.

Paul : - Quelqu'un veut du gâteau ?

Panayotis avait maintenant les yeux qui brillaient devant le brownie au chocolat.

Sophie reprit la parole, quelque chose la tracassait.

Sophie : - Qu'est ce qu'il s'est passé avec Ava ? Je veux dire, elle a souvent une lueur triste dans les yeux pourtant son sourire dit tout le contraire.

Paul passa un bras autour de son épouse et expliqua, Panayotis se saisi d'une assiette et d'une cuillère

Paul : - Elle avait rencontré un gars, un rappeur. Ils s'étaient connu sur un plateau télé où elle faisait la promo de l'émission. Le courant était immédiatement passé entre eux. Véritablement. Ils se voyaient souvent, il venait des fois la voir à la rédac. Pour nous, c'était normal. Enfin, rien ne devait les séparer. Enfin, il faut reprendre du début, Ava n'a pas eu une enfance facile, elle est née en Argentine,

Sophie acquiesça, elle l'avait compris à la soirée chez la jeune femme.

Paul : - Elle vivait dans une maison vraiment petite avec ses parents, son frère David,

Sophie : - Le footballeur ?

Paul : - Oui. Et sa grande sœur, elle était la plus jeune. Sa famille n'avait vraiment pas beaucoup d'argent, et puis, il y a eu un problème en Argentine, le gouvernement a commencé à réquisitionner les maisons, enlever les économies des comptes en banque. Je crois qu'à ce moment-là elle a vécu dans un bidonville, elle avait 5 ans, je crois.

Sophie : - Quelle horreur !

Paul : - Elle n'allait pas à l'école, elle ne pouvait pas, et il fallait un peu d'argent donc avec sa sœur, elle vendait des choses, des bijoux qu'elles fabriquaient par exemple,

Panayotis : - Des trucs qu'il y avait dans le bidonville aussi, de la taule, des morceaux de bois tout ça.

Paul reprit,

Paul : - Le père d'Ava manifestait régulièrement contre le gouvernement. Il reçu plusieurs avertissements de l'état. Et un jour, elle est rentrée avec sa sœur, et ses parents avaient été tués, leurs corps étaient dans la pièce qui servait de salon, salle à manger, tout ça.

La jeune femme porta les mains à sa bouche en signe d'horreur.

Panayotis : - En fait, c'est ce qu'elle dis, mais, c'est pas exactement comme ça que ça s'est passé. Elle était dans la maison quand ses parents se sont fait tuer, elle avait couru se cacher sous des couvertures.

Paul écarquilla les yeux. Il ne l'avait jamais su. Panayotis reprit son récit,

Panayotis : - Et puis, ensuite, sa sœur, son frère et elle furent placés dans un orphelinat, un couple de français les adopta, ils rentrèrent en France. Elle avait 7 ans. Elle ne parlait pas français, elle ne savait pas lire encore moins écrire. Mais, elle adorait l'école. Elle a travaillé dur pour rattraper son retard. C'est pour ça que je ne dirais jamais que tout a été toujours tout cuit dans la bouche pour elle. Au collège, elle est partie vivre en Italie et elle est revenu quand elle est entrée au lycée, elle a fait un BAC L comme la plupart d'entre nous, elle a passé les concours pour intégrer science po, elle a été reçu à Bordeaux où elle a connu Martin, ils sont partis faire leurs études à Cardiff ensembles et puis, ils ont intégré l'école de journalisme à Lille. La suite, tu la connais la BBC, le petit journal et maintenant quotidien. Quand elle était à canal, donc, elle a rencontré Nekfeu sur un plateau télé, ils se sont mis ensembles au bout de quelques mois, ils se voyaient genre tout le temps dès qu'elle était là. Ils étaient fou mais fou amoureux. Rien, rien, rien ne devait les séparer. Et puis, un matin, elle est arrivée à la rédac, elle a dit que tout était fini. Ensuite, elle allait très mal, on s'inquiétait tous.

Sophie : - Oui, je me souviens tu m'en parlais des fois le soir.

Paul : - Oui, parce qu'Ava à toujours eu le sourire, le petit mot qui dédramatise tout. Mais là, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Elle partait tout le temps en reportage à l'étranger. Elle ne supportait plus d'être à Paris. C'est à ce moment-là qu'elle a rendu son appart et qu'elle a vécu chez Martin. Ça a duré plusieurs mois, elle ne pleurait pas. J'ai d'ailleurs cru qu'elle était un robot.

Panayotis eu un petit rire.

Panayotis : - On l'a tous cru. Martin me disait qu'en fait, c'était un robot créé par le FBI et qu'ils avaient oublié de lui mettre une glande lacrymale.

Sophie écoutait attentivement.

Paul : - Et un jour, je sais plus ce qu'il s'est passé. Je crois qu'elle avait oublié ses clopes chez elle ou il n'y avait plus de café, un truc insignifiant quoi, mais là, elle s'est mise à pleurer. Des torrents de larmes. Tout ce qu'elle avait enfoui. Elle pleurait. Même moi, j'ai versé une larme de la voir comme ça.

Panayotis : - On a tous versé une larme. Je suis allé me cacher dans les toilettes et Yann a fermé la porte de son bureau pendant 10 minutes le temps que ses yeux ne soient plus rouges.

Paul : - Et là, Martin l'a relevé, il l'a porté et l'a ramené chez lui. Elle n'a pas bougé de son canapé pendant 12 jours.

Sophie : - C'est pour ça que vous deviez vous relayer ?

Paul : - Oui. Le 13e jour, un lundi, Martin m'a raconté qu'elle s'est levée, elle a pris une douche. Et on l'a vu arriver à la rédaction. Elle n'en n'a jamais reparlé. Je crois qu'aujourd'hui encore elle est gênée de tout ça.

Sophie acquiesça.

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