Chapitre 70.

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Président du bureau : - A voté !

L'enveloppe bleue d'Ava tombait dans l'urne alors qu'elle signait de sa main gauche la feuille d'émargement avant de récupérer son passeport et sa carte électorale tamponnée. La jeune femme rangea le tout dans son sac à main et attendit Hugo qui avait vécu dans le même arrondissement et n'avait jamais fais son changement d'adresse.

Hugo : - Tu le sens comment ?

Ava : - Mal. On y va, on a du taf.

Les deux jeunes gens se quittèrent devant le bureau de vote Hugo monta dans sa voiture et Ava en fit de même, elle retrouva le onzième arrondissement où Clément qui lui aussi venait de voter l'attendait devant la mairie, après avoir reconnu la mini de la jeune femme, il déposa tout son attirail journalistique dans le coffre et s'assit à la place du passager également la place du mort.

Quand Ava conduisait, ce présage prenait tout son sens. La jeune femme mit son clignotant et ne manqua pas de couper la route à une berline.

Clément : - Voiture Ava ! Voiture !

La reporter prit la première à droite puis à gauche et pila au feu rouge. Clément se cramponnait au tableau de bord les phalanges blanches et faisait des exercices de respiration.

Ava : - Un problème ?

Clément : - Je cherche la logique tordue qui m'a poussé a accepter que tu conduises.

Ava : - Le fait que tu n'ai pas ton permis me semble une raison valable.

Le feu passa au vert et la jeune femme accéléra. Ils arrivèrent au QG d'Emmanuel Macron où une foule de journalistes internationaux attendaient, carte de presse dans une main et pièce d'identité dans l'autre.


Valentine avait avorté depuis une semaine, les saignements s'étaient arrêtés quelques jours plus tôt et sur les indications du gynécologue elle refusait toute relation sexuelle avec Azzedine ce qui interpellait le jeune homme.

Après avoir voté comme tous ses collègues, Valentine avait rejoins Paul Bouffard et leur ingénieur du son Boris afin de se rendre rue de Solférino dans le 7e arrondissement. Ils récupérèrent leurs micros et carte de presse et s'avancèrent vers l'accueil ou les services de sécurité contrôlait chaque média. Azzedine l'appelait sur son portable et la jeune femme le fit basculer sur sa messagerie.


Hugo débouchonnait sa bouteille d'eau en riant à une blague d'Arnaud, ils se trouvaient actuellement au QG de François Fillon. L'ambiance en ce jour d'élection était plus que tendu, chacun se demandant ce qui allait se passer, la tournure qu'allait prendre leur pays qu'ils aimaient et dans lequel ils se savaient libres. La montée du populisme en Europe et France les inquiétaient tous bien plus qu'ils ne voulaient l'admettre.


À 19 heures 59, le regard d'Ava se tourna vers l'écran géant, les mains pleines d'ampoules à force de tendre et de serrer son micro rouge, les joues rosies par la chaleur ambiante de la salle du quartier général d'Emmanuel Macron, la jeune femme sautillait d'une basket à l'autre en mâchant un chewing-gum pour évacuer le stress qui s'emparait d'elle.

Le décompte se faisait à l'écran et chaque seconde lui semblait être une éternité, il lui restait trois secondes avant d'être fixée et son cœur se faisait plus lourd à chaque instant. Deux secondes les mains moites, elle coinça son micro entre les jambes. Une seconde, elle plantait ses ongles dans l'avant-bras de son ingénieur du son en priant intérieurement. Vingt heures. Un cri de joie enflamma la foule, les confrères faisaient tous leurs directs et Ava s'écarta laissant Clément filmer ce qui était en train de se passer.

Marine Le Pen et Emmanuel Macron au second tour des présidentielles. La jeune femme passa une main dans ses cheveux et pensa au bulletin socialiste qu'elle avait glissé quelques heures plus tôt dans une école primaire du 4e arrondissement.

La soirée de tous les journalistes fut mouvementée entre reportages, micro-trottoir et interview, d'un commun accord, ils avaient décidés de se retrouver dans un bar du 7e pour débriefer la soirée et se retrouver entre eux, Ava et Clément étaient les derniers.

L'ingénieur du son qui avait passé la journée avec eux était rentré pour retrouver femmes et enfants. Ce fut Clément, blanc comme un linge après un nouveau voyage dans la voiture d'Ava qui poussa la porte du pub, Ava le suivait. Ils retrouvèrent les personnes qui partageaient leurs vies et Ava s'installa aux côtés de Ken qui déposa un baiser sur sa tempe, la jeune femme s'approcha et murmura à son oreille.

Ava : - Qui t'as prévenu ?

Ken : - Hugo.

Ava releva la tête et fixa Marion et Hugo qui les regardaient en souriant.

Ava : - Mon frère est à Paris il doit prendre un verre avec nous. Je n'ai pas envie de lui en parler, pas encore.

Ken : - Alors, on ne dit rien.

Un sourire mutuel scella leur accord. Le serveur, un homme blond et mal rasé arriva en bout de table.

Serveur : - Bonsoir. Vous avez choisi ?

Valentine : - Une bière. Blonde.

Azzedine : - Deux.

Clément : - Trois.

Hugo : - Un coca pour moi.

Marion : - Un verre de vin blanc, un Jurançon.

Ayala : - Je vais vous prendre un mojito.

Ken : - Et moi un jus d'orange.

Ava : - Et pour moi, un gin fizz et une bière brune. Merci.

Le serveur s'éloigna en pensant au plateau qu'il allait devoir transporter, et au mal de pieds qui le poursuivait depuis le début de son serveur. La clochette du bar résonna et le visage d'Ava s'éclaira, après avoir salué tout le monde, David s'installa à la droite de sa sœur et déposa un baiser sur le haut de sa pommette.

David : - Tu es plus belle à chaque fois que je te vois. Alors, vous n'êtes pas trop crevés tous ? Martin n'est pas là ?

Ava : - Il bosse pas. Il est en repos ce soir.

David fit une moue de déception et le serveur apporta les boissons sur la table ainsi qu'une planche à partager. Ava se jeta sur les aiguillettes de poulet pendant que Valentine piochait quelques rondelles de saucisson.

Hugo : - Au fait ! Va, j'ai complètement oublié de te demander et c'est vrai qu'on n'a pas eu le temps non plus, ton urgence familiale du coup, ça s'est bien terminée ? Faire l'aller-retour entre la France et l'Italie dans la journée, c'est que c'est important comme urgence.

David regarda sa sœur en levant un sourcil, Ava fit celle qui n'entendait pas à la recherche d'une excuse un temps soit peu plausible, Ken regardait son tartare de tomates cherchant comment sortir la jeune femme de cette situation et Valentine se liquéfiait sous le regard d'Azzedine qui ne manquait pas de remarquer la réaction de sa compagne.

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