Chapitre 75.

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Ava, Valentine, Martin et Hugo étaient installés en terrasse une bière fraîche leur permettant d'affronter la chaleur suffocante de ce 7 mai 2017. Chacun actualisait toutes les deux secondes leurs applications, Valentine consultait « BFM », Ava « libération », Hugo lui regardait twitter quant à Martin, il avait choisi « le monde ».

Martin : - On est un peu con quand même. Je vais mettre le JT en streaming comme ça, on pourra suivre ce qu'il se passe.

Joignant le geste à la parole, Martin déposa son smartphone contre le cendrier de façon à ce que chacun puisse regarder l'écran.

Hugo : - Va, si c'est Le Pen. Tu fais quoi ? Tu choisiras qu'elle nationalité ?

Ava : - Je ne sais pas. Je ne me vois pas vivre dans un pays nationaliste opposé à l'immigration, mais là où ça se complique, c'est que je ne me vois pas non plus vivre dans le pays qui a tué mes parents.

Martin passa sa main sur sa barbe ou plutôt, sur son absence de barbe.

Martin : - Et l'Italie ? Tu as adoré y vivre.

La jeune femme ne prit pas la peine de lui répondre et descendit sa bière d'un trait sous l'air ahuri d'Hugo.

Valentine : - Les gars ! Encore 10 secondes.

Martin retenait son souffle en regardant le compteur des secondes défiler, Hugo lui ne pouvait quitter l'écran des yeux alors que Valentine, athée depuis toujours avait entreprit un semblant de prière pendant qu'Ava s'était tournée sur sa gauche vers ce qui devait être le temple de Jérusalem, se balançait d'avant en arrière sur sa chaise les yeux clos et récitait une prière en hébreux imperturbable.

Martin : - Deux secondes.

Ava restait imperturbable, Valentine, quant à elle, buvait une gorgée de bière.

Hugo : - Une seconde.

Laurent Delahousse : - Et le président de la Ve République est Emmanuel Macron.

Ava s'avachit sur sa chaise comme libérée, de satisfaction, la jeune femme poussa un profond soupir.

Hugo : - Tu es la personne la moins pieuse au monde, et là, tu viens de te tourner vers Dieu... Du coup, tu peux garder ta double nationalité encore quatre ans.

Ava : - Yahvé sauvera mon âme. Ou mon cul. Ou les deux.

Hugo : - Bon ! Maintenant qu'on est tous soulagés, je pense qu'il est temps de se remplir la panse ! J'ai repéré un kebab pas loin, Val, tu m'accompagnes.

Valentine : - Euh, ouais. Ouais. Va, mayo pour toi, et harissa Martin ?

Ava acquiesça d'un mouvement de tête alors qu'Hugo slalomait entre les tables de la terrasse après avoir jeté un clin d'œil à peine dissimulé à Martin.

Martin : - Alors. Tout va bien ?

Ava fixait l'écran de son téléphone, Martin s'humecta les lèvres, il savait pertinemment que la jeune femme pouvait passer des heures entières sans lui répondre, il savait aussi qu'il ne fallait pas passer par quatre-chemins et encore moins déblatérer des banalités.

Martin : - Je suis désolé.

Ava leva un sourcil, un sourire en coin, elle avala une gorgée de bière avant de la reposer sur la table.

Ava : - Ah oui. Tu es désolé de quoi ? De m'avoir traité comme de la merde pour une meuf que tu connais depuis quoi, 6 mois ? Ou tu regrettes de ne plus avoir de pigeon pour te ramener quand tu fais une soirée beuverie ?

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