Chapitre 11.

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Camille se sentait nauséeuse au réveil depuis plusieurs jours déjà, elle voulait nier la vérité à tout prix. Elle voyait depuis quelques mois un homme, beau, intelligent, parfait. Il avait toutes les qualités de cœur qu'elle recherchait, mais il y avait un problème. Un gros problème, William allait se marier.

Camille l'avait rencontré dans sa librairie préférée ou elle traînassait souvent, c'était en octobre, elle cherchait un livre spécifique pour l'anniversaire de sa collègue Ava qui était née en décembre, elle était tombée sur William un peu par hasard, elle aurait pu le croiser à l'épicerie, au marché ou n'importe où ailleurs. Ils se lançaient des sourires par-dessus les couvertures des livres, des regards en coin, elle s'avançait vers la caisse afin de régler son achat quand il s'approcha,

William : - Love letters of great men, les 2 volumes ? Très bon choix. Vous êtes bilingue ?

Camille : - Moi non, mais mon amie oui.

William : - Votre ami "i" ou "ie" ?

Elle rit,

Camille : - Mon amie "ie" ma collègue de travail si vous préférez.

William : - Je préfère oui.

Elle sourit, elle s'avança pour aller payer et allait sortir quand une main se posa sur son avant-bras,

William : - Un café ?

Camille : - Je ne bois pas de café.

William : - Un thé ?

Camille : - Je n'ai pas le temps, désolée

William : - Un thé au jasmin ! On ne peut jamais dire non à du jasmin.

Elle poussait la porte, il restait là planté au milieu de la boutique,

Camille : - Si on ne peut dire non à un thé au jasmin, alors d'accord.

C'est comme ça qu'ils avaient passé un après-midi entier à boire du thé et discuter. Le portable du jeune homme sonna plusieurs fois, il rejeta les appels à chaque foi. Camille savait ce que ça présentait. Au bout du 5e appel, elle lui dit :

Camille : - Votre femme s'impatiente, vous deviez lui répondre.

Il rougissait. Bingo.

William : - Je ne suis pas encore marié.

Il rejeta l'appel une foi de plus, il lui expliqua que Lucie était une fille de bonne famille, que ce mariage était dénué de tout sentiment, elle leva un sourcil,

Camille : - Quand on appel au bas mot 5 fois la personne en l'espace d'une heure, c'est qu'il y a des sentiments.

Il continua, son père et le père de la jeune femme avaient décidé dans leur enfance de les mariés, pour le bien de leurs multinationales respectives, il n'avait jamais vécu sa vie, celle qu'il voulait lui, il rêvait d'être poète, de tenir une librairie et passer ses journées à dévorer des romans, policiers, français, à l'eau de rose, tout. Toutes les littératures l'intéressaient, quand il en avait parlé à 16 ans à ses parents, son père lui avait dit que ce n'était pas un métier, qu'il ferait des études de droit comme lui. Et qu'il reprendrait l'entreprise familiale comme lui l'avait fait avec son grand-père et comme son grand-père l'avait fait avant lui. Il lui rappela que son arrière-grand-père avait battit cette entreprise avec 3 fois rien, qu'il se devait de faire perdurer l'entreprise. Camille l'avait écouté, puis, quelques minutes, plus tard, prétextant un rendez-vous avait réglé ses consommations et elle était partie. Quelques jours plus tard, il l'attendait au milieu des fans devant le studio d'enregistrement. Elle marqua un temps d'arrêt, surprise de cette rencontre inattendue.

William : - L'avantage, quand on bosse pour dans une grosse boite, c'est que l'on a des contacts.

Camille : - Je ne crois pas que votre fiancée apprécierait.

William : - Je ne pense pas qu'elle désapprouverait.

Quelque chose l'attirait comme un aimant chez ce jeune homme, elle accepta sa proposition d'aller marcher un peu en ville, le silence était roi, il le brisa en premier,

William : - Votre amie a aimé les livres ?

Camille : - Son anniversaire est fin décembre, je lui offrirais un peu plus tôt.

William : - Vous ne perdez pas de temps pour faire vos achats !

Elle sourit. De fil en aiguille, ils se voyaient régulièrement, Camille prit soin d'éviter tout sentiment à l'égard du futur PDG, mais, plus elle le voyait plus elle avait besoin de le voir. Elle ne le savait pas, mais c'était réciproque, William tombait petit à petit amoureux de Camille, elle le perturbait dans son travail, dans sa douche, pendant qu'il mangeait, qu'il dormait, qu'il était dans l'avion. Ses pensées lui étaient toutes dédiées. Un soir, il lui dit :

William : - Vous savez, je ne dors pas avec elle.

Camille : - Pourquoi ?

William : - Parce que je ne l'aime pas tout simplement.

Ce soir-là, elle l'invita à entrer dans son appartement, ils firent l'amour une bonne partie de la nuit, et le jeune homme s'accrocha aux bras de la journaliste avant de s'endormir. Le lendemain, il lui fit parvenir des fleurs à la rédaction.

Valentine : - C'est de la part du charmant blond qui vient te chercher ?

Camille rougit. Les yeux de Valentine étaient remplis de cœurs. Il ne faisait aucun de doute que Valentine était amoureuse de l'amour. Ils passèrent plusieurs nuits ensembles à s'aimer de tous leurs corps avant de s'endormir de tous leurs cœurs.

Ce 12 janvier 2017, Camille avait 2 semaines de retard dans ses règles, elle avait acheté un test de grossesse à la pharmacie avant de venir travailler et avait foncé dans les toilettes avant même de saluer ses collègues. Elle n'eut même pas à attendre les 5 minutes préconisées, le test affichait : enceinte 5 semaines. Elle était enceinte de plus d'un mois. En sortant des toilettes, elle appela immédiatement William et tomba sur sa messagerie. Il la rappela 1 heure plus tard,

William : - Excuse moi, j'étais en réunion avec des Japonais. Tu savais qu'ils...

Camille : - Je suis enceinte.

William : - J'annule le mariage.

Camille : - Non.

William : - On va avoir un enfant ensemble.

Camille : - Je voulais juste te mettre au courant, ma décision est déjà prise.

William : - Je peux la connaître ?

Camille : - Je vais élever cette enfant. Seule. J'ai 36 ans, c'est déjà un miracle que je sois tombée enceinte, je ne te demanderais rien, je te l'ai dit, je voulais juste te mettre au courant. Sois heureux avec ta femme.

Elle raccrocha, William ajouta,

William : - Je veux élever notre enfant avec toi. Je t'aime.

Elle n'entendit jamais ces mots qui auraient peut-être changé le cour de sa vie et regagna son bureau l'air pensive. Assise sur sa chaise, elle toucha délicatement son ventre.

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