Chapitre 82.

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Louise : - Je suis venue pour te parler.

Martin : - Je n'ai pas beaucoup de temps...

Louise : - C'est-à-dire ?

Martin : - Je ne suis que de passage, je dois récupérer des fringues et de la bouffe avant de repartir.

Louise : - Tu vas où ?

Martin : - Chez Ava.

Louise : - Oh...

Martin : - Qu'est ce que tu voulais me dire ?

Louise : - Tu es mon monde Martin, et j'ai peur. J'ai peur de te perdre. T'aimer me rend folle en un sens. J'arrive plus à différencier le bien et le mal, je me focalise uniquement sur toi. Je m'adapte à ce que tu aimes, ce que tu désires, ce qui te fait vibrer. J'ai eu envie de te changer. Je sais que pendant longtemps, tu as couru les rues de Paris en compagnie de filles d'un soir, de filles que tu ne rappelais jamais, de filles à qui tu ne répondrais plus au téléphone. Je ne voulais pas être l'une d'entre elle. Je sais que tu as du mal à croire en l'amour, à t'ouvrir, à partager des choses, des moments, des paroles, des gestes tendres. Je sais que tu n'es pas cet homme-là, et moi, moi, j'ai essayé de t'arracher à ton train-train quotidien, je voulais être l'exception, celle a qui te penserais matin et soir, celle a qui tu aurais voulu raconter ta journée. Alors, je suis devenue une autre, plus présente. Je sais que je t'ai oppressé, mais c'était simplement pour que tu ne m'oublies pas. Pour que tu te rappelles de ma présence. Que tu n'oublies pas que je suis Louise et que je t'aime.

Martin s'enfonça un peu plus dans le fauteuil, il regardait la mannequin sans vraiment y prêter attention.

Louise : - Et puis, je me suis mal conduite. Je t'ai éloigné de ta famille, de tes amis, je t'ai perturbé dans ton travail. Ça, je n'ai pu m'en rendre compte qu'hier en discutant avec Lila. Et puis j'ai rencontré Ava. Je ne l'ai pas aimé, ce n'est pas elle hein. C'est moi. C'est moi comme tu l'as dis, moi et mon complexe d'infériorité. Je suis jalouse Martin. Jalouse de cette fille, elle entre dans une pièce et elle amène un aura, tout le monde se tait quand elle parle parce que ce qu'elle dit est vrai, parce qu'elle ne parle pas juste pour parler, les hommes la regarde, la dévisage, certains la désire même j'en suis sûre. Et, moi, j'étais là. Elle m'a renvoyé mon image de lycéenne, celle qu'on oubliait quand une fille comme ça arrivait. Et puis, je vous ai vu tous les deux, finir vos phrases, vous comprendre en un regard, rire sans que personne ne puisse comprendre ce qu'il se passe, j'ai été jalouse quand j'ai su le nombre de nuits que tu avais passé chez elle ou avec elle, à refaire le monde en buvant, à tirer des plans sur la comète en fumant un pétard. J'ai été jalouse parce que ce n'est pas avec moi que tu vis tout ça. Moi, je suis là, je te vois. Mais j'ai l'impression que je suis transparente quand elle et moi, on est dans la même pièce.

Martin se gratta la tête pendant que Louise reprenait sa respiration et il ajouta.

Martin : - Tu ne peux pas comparer ce qui est incomparable. Toi et moi, on se connaît depuis même pas un an ! Un an ce n'est rien à côté de toutes les années que j'ai passé à étudier ou travailler avec Ava. On a presque vécu ensembles. On a grandi, on s'est relevés mutuellement. Tu ne peux pas me demander d'effacer des années entières juste parce que tu as peur. Je ne sais même pas de quoi tu as peur en plus. Tu ne parles pas, tu n'expliques rien. Tu fais juste de mauvaises actions dans le but de blesser.

Louise : - J'ai peur que... J'ai peur que tu me quittes pour elle ! Voilà !

Martin partit d'un éclat de rire.

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