Chapitre 74

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-Allez chaton...Arrête un peu de bouder, c'était pas si...

Le claquement sonore de ma main sur sa joue l'interrompt brusquement. Il écarquille les yeux, surpris.

- Quoique tu dises Liam, saches que j'en ai rien à faire. Tu n'avais pas à faire ça. Peu importe tes raisons. C'est encore mon corps à ce que ...

Cette fois-ci, c'est à moi de m'interrompre, comprenant mon erreur. Debout au milieu de la chambre, je vois Liam se mordre la lèvre en abaissant le regard sur mon ventre. Je porte son enfant, faisant de mon corps sa propriété au même titre que le sien m'appartient.

Je souffle un grand coup avant de reprendre.

-Je sais que la grossesse nous lie davantage mais je reste un humain, une femme.

-Ma femme, ajoute-t-il moqueur.

-ET ALORS ?! Tu n'as pas à m'exposer comme un trophée ! Je ne suis pas un objet!

Tout en disant cela, je claque la porte de la salle de bains avec violence, m'enfermant dans cette dernière. J'enlève rageusement ma robe et allume la douche. Je ne prends même pas la peine d'attendre que l'eau chauffe et pénètre dans la cabine sous le jet glacé tout en vociférant des insultes à outrance. Au fur et à mesure que la température de l'eau monte, ma colère, elle, redescend petit à petit.

Alors que mes muscles se détendent progressivement, on frappe à la porte, stoppant court mon moment de relaxation.

"Swan sors s'il-te-plait."

Je manque de m'arracher les cheveux en reconnaissant la voix de Liam. Je m'apprête à lui hurler de me laisser mais le ton de sa voix me parait soudainement préoccupé. Presque inquiet. Encore énervée, je n'y prête pas plus attention et ne réponds pas. Mais quand Liam me demande une seconde fois de sortir, je sens que quelque chose ne va pas.

J'ouvre la porte de la salle de bains, emmitouflée dans une serviette. Liam est assis sur le lit, la tête entre les mains et me tend mon téléphone. Je saisis l'objet brillant, les mains tremblantes et démarre la vidéo s'affichant sur l'écran. Au fur et à mesure que les secondes défilent, mon visage se décompose devant les images qui s'offrent à moi.

Mon téléphone vient s'écraser au sol, les différentes pièces s'éparpillant par terre tandis que je sens mes yeux se brouiller de larmes. Liam s'est relevé face à moi. Je capte dans son regard la même lueur de tristesse qui fait certainement briller les miens. Il m'attire contre lui, m'enveloppant de ses grands bras et je laisse mes pleurs mouiller son t-shirt tandis qu'il me serre plus fort encore.

Lorsque mes sanglots se taisent enfin et que notre étreinte s'achève, je recule d'un pas, fixant Liam le plus sérieusement du monde.

"On doit y aller".

Je vois son visage se crisper tandis qu'il secoue la tête:

"Moi oui, la meute oui mais toi non. Pas dans ton état actuel.

J'inspire profondément, lance un furtif regard à mon ventre avant de déclarer:

" Ça, c'est à moi de le décider ".

***

Alors que les flammes viennent à nouveau engloutir ma maison, je sers les dents.
J'entends certains loups grogner en voyant apparaître Aiden et son sourire moqueur, ses hommes l'entourant.
Le regard de Liam s'assombrit de plus en plus au fur et à mesure que la colère s'empare de lui. Puis la voix d'Aiden me parvient.

« Un petit nettoyage de printemps s'impose. J'ai déjà commencé à faire le ménage chez moi comme tu peux voir."

D'un revers de main , Aiden désigne ma maison désormais entièrement enflammée. La caméra pivote. La scène montre désormais une personne tête baissée, tenue par deux hommes. Un garçon de mon âge, je dirais. Je ne peux pas voir son visage pour le moment mais pour avoir déjà visionné cette vidéo, je sais de qui il s'agit. Un garçon de mon lycée mais ce n'est pas le seul lien qui l'unit à moi. Ce garçon je l'ai déjà vu. Lors du tournoi sportif. Plus précisément lors de la chasse. De la capture de la Delta. Et lui en est un aussi.

Lorsque je revois Aiden s'approcher de lui et lui tirer violemment la tête en arrière, je sens mon cœur se serrer. Je détourne le regard alors que les mains d'Aiden viennent saisir sa nuque et dans un craquement sinistre lui brise.

Les loups à côté de moi grognent de plus belle, j'entends certaines louves gémir de douleur .

"Il m'est avis que deux Alpha c'est bien trop pour ce territoire. Je te donne deux jours Liam. Pas un de plus pour rassembler tes troupes et mettre en sécurité ta chienne de Delta. Après ce délai, je viendrai en personne prendre ce qui m'appartient..."

La vidéo se coupe, l'écran redevient noir et le silence s'installe. Un silence lourd, pesant. Liam se redresse, attrape ma main et rompt le calme:

" Rendez-vous au centre d'entrainement demain à huit heures pour tout le monde".

Son ordre est clair. Simple. Sa voix est rauque et dure. Personne ne parle.
Pas de débat inutile, de conversation animée. Juste une phrase tranchante aux allures de supplication
J'observe les hommes et les femmes de la meute hocher la tête ,acquiescer pour cette guerre forcée.

Alpha possessifOù les histoires vivent. Découvrez maintenant