Livre I- Chapitre 1*

13.3K 434 64
                                    

L'entreprise de mon grand père avait ouvert des bureaux à Paris afin de gérer les affaires des nouveaux hôtels présents à l'international. Il avait proposé à mon père de gérer ces bureaux. Mes parents avaient vu cela comme un signe: un nouveau départ pour moi, recommencer à zéro dans une nouvelle ville et un nouveau collège. Je n'avais pas protesté, trop heureuse de quitter cette ancienne vie et de laisser tous ces mauvais souvenirs derrière moi. 

Nous nous étions installés au courant de l'été dans un luxueux appartement situé dans le quinzième arrondissement de Paris. J'avais passé mes premiers jours du mois d'août à arpenter les différentes rues de la capitale et à faire les magasins avec ma mère avec l'objectif de refaire ma garde robe. Une nécessité suite à ma récente perte de poids: après avoir enfin était libérée de tout le mal-être qui m'avait rongé pendant des mois, j'avais arrêté de m'empiffrer. En effet, durant mes deux premières années au collège, j'avais utilisé la nourriture comme un refuge: un moyen de combler le vide qui c'était installé en mois. Et puis quand j'avais enfin réussi à faire face à mes problèmes et que j'avais commencé à les régler, j'avais peu à peu cessée de me jeter sur la nourriture. Le sport avait été aussi pour moi, un défouloir, un moyen d'extérioriser tout ce que je gardais enfui en moi depuis trop longtemps. En conséquence, il avait été nécessaire que je remplisse ma nouvelle armoire avec des vêtements correspondant à ma nouvelle morphologie. A la plus grande joie de ma mère et à mon grand étonnement, j'avais même apprécié cette activité, alors que quelque mois plus tôt l'idée même de rentrer dans un magasin de vêtements m'angoissait. Moi qui n'avais jamais aimé mon corps et qui considérais un miroir comme un ennemi, avais enfin réussi à me trouver jolie dans des tenues féminines qui n'étaient trois fois trop grandes pour moi. Je m'étais surprise moi même, moi qui avait fui si longtemps mon reflet en scotchant des posters sur le miroir de ma chambre, j'arrivais enfin à rester plusieurs secondes à m'observer dans des vêtements qui épousaient un corps que je ne détestais plus. 

Je sais que j'avais encore du chemin à faire, que je n'étais pas encore totalement à l'aise avec mon corps, que je me comparais encore sans cesse aux jolies filles dans la rue et que j'éteignais encore trop souvent la lumière de la salle de bain qui éclairait mes défauts dans le miroir . Je sais que la route était encore longue mais j'étais quand même satisfaite du chemin que j'avais parcourue.

L'été c'était passé tranquillement, les plages de Normandie me manquaient parfois mais je m'habituais peu à peu à la vie parisienne signe d'un nouveau départ pour moi. J'avais tout de même appréhendé la rentrée, l'angoisse que l'histoire se répète avait tortillé mes entrailles la semaine précédent mon entrée en quatrième. J'avais fait part des angoisses à mes frères ainés qui avaient essayé tant bien que mal de me rassurer. Le seul point positif à cette rentrée est que j'avais évité de justesse, après une bataille acharnée, le collège privé. J'avais supplié mes parents de m'épargner les fils à papa trop sûr d'eux qui n'hésiteraient pas à me rabaisser en public ainsi que les petites pétasses avec leur dernier sac à main hors de prix qui se moqueraient sans hésité de ma tenue. Mes parents avaient essayé de me raisonner et de me faire comprendre qu'un collège privé serait le plus adapté à mon éducation et me permettrait de mener à bien mes études. Mes frères s'étaient rangés de leur côté en me faisant comprendre que le problème de harcèlement ne venait pas du fait que le collège soit privé mais plutôt d'un effet de groupe qui existait dans tous les collèges et que je pouvais très bien vivre ma scolarité et me faire des amis dans un nouveau collège privé, comme ça avait été le cas pour eux. Leurs arguments ne me convinrent pas, peut être que le problème ne venait pas du fait que le collège soit privé mais je n'avais pas envie de me retrouver une nouvelle fois dans un environnement où les maîtres mots étaient: pouvoir, argent, apparence et hypocrisie. Je voulais de la simplicité. Face à ma détermination mes parents finirent par céder et m'inscrivirent dans le collège public situait à une quinzaine de minutes de chez moi. 

EtincelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant