Livre II- Chapitre 1

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Depuis que j'avais quitté l'appartement, depuis que l'avais quitté, j'errais dans les rues de Paris les larmes dévalant mes joues rougies par le froid. Quand je décidais enfin de relever la tête, je m'aperçus que j'avais marché sans m'en rendre compte jusqu'à chez Hakim et Idriss. Je me précipitais vers l'entrée de l'immeuble, après avoir ressassé cette histoire seule dans ma petite tête, j'avais besoin d'extérioriser. J'avais cruellement besoin du soutien d'un ami, j'avais besoin que l'on me dise que tout aller s'arranger... même si au fond de moi je savais que rien ne serait jamais comme avant.

Je grimpais les marches rapidement, m'arrêtais devant la porte de l'appartement de mes meilleurs amis et sonnais. Lorsque ma main pressa la sonnette, je me rendis compte que je tremblais. Je savais très bien que ces tremblements n'étaient pas dus au froid glacial de dehors mais dus à toutes les émotions qui me consumaient depuis ce matin. Je patientais déjà depuis quelques secondes devant la porte, mon pied droit tapait nerveusement le sol et mes mains s'entortillaient rageusement autour de mon écharpe. Le doute s'installa soudain dans mon esprit, les garçons étaient ils-là ? Je fouillais dans ma mémoire à la recherche de leur emploi du temps. Normalement Idriss avait fait la fermeture du macdo hier soir, donc il n'était pas censé travailler ce matin. Il devait être là. Il fallait qu'il soit là. Impatiente, j'appuyais une nouvelle fois sur la sonnette.

Je me mordais la lèvre rageusement lorsque j'entendis des pas s'approcher de la porte. Je soupirais de soulagement, je n'aurais pas eu le courage de repartir seul dans les rues de Paris. J'entendis le bruit de la clé tourner dans la serrure et la porte s'ouvrit enfin sur Idriss. Ce dernier semblait encore à moitié endormit. Il entrouvrit légèrement les yeux et les referma aussitôt avant de soupirer.

- Putain Em, t'as vu l'heure ? J'ai bossé jusqu'à trois heures hier soir moi. Râla-t-il en se passant la main sur le visage.

Vu que je ne répondais, il ré-ouvrit les yeux, pour de bon cette fois. Il m'analysa rapidement et fronça les sourcils.

- Qu'est ce qui passe, ça ne va pas ? Me demanda-t-il inquiet.

J'hochais la tête négativement et plaquais la main sur ma bouche afin d'étouffer un sanglot. N'y tenant plus, je me précipitais dans ses bras et déversa toutes les larmes qui n'avaient pas encore coulées. Il m'entoura aussitôt de ses bras et me serra contre lui. Je le sentis fermer la porte avec son pied.

- Calme toi, respire et dis moi ce qu'il se passe.

J'essayais de prendre la parole mais seul un couinement sortit de ma bouche.

- Hé, calme toi, je suis là, ça va aller. Dit-il en caressant doucement mes cheveux. C'est à cause de Ken, vous vous êtes repris la tête?

A l'entente de ce prénom mes pleurs redoublèrent et mes mains se refermèrent sur le tee-shirt d'Idriss. Je m'accrochais à lui comme à une bouée de sauvetage. Ses mains me caressaient le dos afin de m'apaiser et sa voix me murmurait à l'oreille de me calmer. Après un certain temps, je le sentis nous déplacer vers le canapé. Il s'assit dessus sans s'éloigner de moi. Je pris place sur ses genoux et fourrais ma tête dans son cou.

Après plusieurs minutes mes pleurs diminuèrent enfin, ils laissèrent place à de petits reniflements. Je sentis Idriss me relever la tête, il me regarda quelques secondes avant d'essuyer mes joues avec ses mains.

- Qu'est ce qu'il s'est passé ?

- Je... Il

Les mots restèrent coincés dans ma gorge. Je n'arrivais pas à le dire. Si je le disais tout deviendrais tellement réel. Je ne voulais que ça soit réel, je voulais que ça soit un mauvais rêve. Mais ça ne l'était pas. Tout ça c'était bel et bien passé. Ken m'avait trompé et je l'avais quitté. Ça ne servait à rien de se mentir, il fallait voir la réalité en face. La réalité faisait mal mais elle était là et je ne pouvais pas y échapper. Je pris donc une grande inspiration et sortis la phrase que j'appréhendais tant.

EtincelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant