Livre III- Chapitre 2

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Idriss me regarda encore quelques secondes puis ses yeux écarquillés se posèrent sur sa grand mère puis à nouveau sur moi. Il semblait perdu.

- Je... T'es là...je ne comprends pas... tu...

Mamé posa une main apaisante sur l'épaule de son petit fils.

- Je vais vous laisser discuter, je pense que vous avez des choses à vous dire.

Elle me fit un sourire encourageant et s'éclipsa nous laissant seul dans le séjour. Stressée, ne sachant pas quoi faire, je triturais avec vivacité les manches de mon gilet, les yeux braqués sur mes chaussures. Depuis que Mamé nous avait laissé, un silence s'était installé et j'avais peur de relever les yeux et de croiser un regard rempli de reproche.

Après un long moment durant lequel aucun de nous n'avait dis un mot, je tentais un coup d'oeil dans sa direction. Mais ce n'était pas des reproches que je vis dans son regard, ni de la haine juste de l'étonnement.

Je crois que ça me rassura un peu, pas complètement, mais un peu, alors je pris mon courage à deux mains et tentais d'entamer une conversation.

- Je...heu

Bien essayé Emilie mais c'est loin d'être une franche réussite. Je fermais les yeux et essayais de me reprendre. Je cherchais les mots justes. Mais existait-il des mots justes?

Alors que je tentais de formuler une phrase correcte dans ma tête, je vis enfin Idriss bouger. Il s'avança vers moi d'un pas rapide et la seconde d'après je me retrouvais emprisonnée dans ses bras.

Je restais quelques secondes sans bouger, interdite, par ce geste d'affection. Je m'attendais à tout sauf à ça. L'étonnement passé, j'enroulais à mon tour mes bras autour de lui.

- T'es là. Me murmura-t-il à l'oreille. C'est vraiment toi... J'y crois pas. T'es là. Répéta-t-il plusieurs fois. Tu m'as tellement manqué.

Je crois que c'est à ce moment là que je craqua. Les larmes me montèrent au yeux et la seconde d'après elles dévalaient mes joues.

- Je suis désolé. Murmurais-je entre deux sanglots. Je suis tellement désolé d'être partie. Si tu savais comme tu m'as manqué.

Je ne sais pas combien de temps on resta enlacé, mais Idriss finit par briser ce moment en se détachant de moi. Il s'essuya le nez et je vis qu'il pleurait lui aussi.

- Je ne comprends pas. Dit-il simplement.

- Je crois que je te dois des explications.

Il hocha la tête et me prit la main pour m'entrainer vers le canapé. On s'y assit en silence. Lorsque je le sentis lâcher doucement ma main, je l'en empêchais et enroulais mes doigts autour des siens. Je ne voulais pas briser ce contact qui s'était installé. J'en avais besoin pour me donner du courage.

Idriss le comprit car il resserra son emprise sur ma main et me fit un regard encourageant. Je pris une grande inspiration et commençais mon récit.

- Je crois que ça a commencé lorsque je me suis remise à coucher avec Ken, un soir on avait fais ça dans la salle de bain lors d'une soirée et quelques minutes plus tard en sortant de cette salle de bain j'avais appris qu'il avait couché avec une autre fille la veille. Tu t'en souviens je t'en avais parlé sur le balcon lors d'une soirée chez Alpha et Deen?

Il me fit un signe de tête pour me montrer qu'il s'en souvenait.

- Ce soir là, j'étais rentré chez moi en pleurs, mon voisin de palier m'avait retrouvé assise devant ma porte pleurant toutes les larmes de mon corps. Il m'a invité chez lui pour parler et j'y suis allée. Il m'a dit qu'il avait un bon remède pour me relaxer, il m'a proposé de l'extasie et j'en ai pris. Et puis je suis devenu de plus en plus fatiguée entre la fac, mes cours de violon et les soirées. Je m'étais dis que prendre de l'exta de temps en temps me permettrait de tenir le rythme. Et tout c'est enchainé, la fatigue, la drogue, les nuits blanches. Et puis mes vieux démons ont refais leur apparition. Je me sentais nulle, plus capable de rien. Je me trouvais nulle en cours, je trouvais mes notes mauvaises. Et puis j'étais même plus sûre de vouloir faire du droit, je n'étais plus sûre de rien. Je n'avais plus confiance en moi. J'avais finis par me dire que si Ken m'avait trompé c'est qu'il avait ses raisons, si il avait été voir ailleurs, c'est que je ne lui suffisais pas. J'avais finis par me détester, je me trouvais moche, horrible, je ne pouvais plus me regarder. Je ne pouvais même plus me regarder dans un miroir, dès que je rentrais dans la salle de bain et que je passais devant le miroir je fermais les yeux et quand je devais le faire pour me maquiller ou autre, je fermais la lumière pour me voir le moins possible. C'était devenu un enfer.

EtincelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant