#Tome 2 | #Amour 78

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Le ciel nous tombe sur la tête.

Samedi 12-01-19

Appartement de Léo, n° 4 sur 2 270 NW Savier St, Portland, OR 97 210, États-Unis

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20 h 30 | Telle une chape de plomb, cette nouvelle nous est tombée dessus. Le chef vient de nous apprendre qu'Éden a été retiré à ses parents par les services sociaux suite au signalement du médecin qui l'a ausculté après l'explosion. Heureusement, Éden n'a pas été blessé, mon corps l'ayant protégé du souffle de la déflagration ou de toutes autres projections.

Je suis resté sans réactions face à cette annonce.

Mon esprit s'est mis sur pause quant à mon cœur, il tente une brèche dans ma cage thoracique pour s'extirper de mon corps à grands coups de démonte-pneus. Mes yeux restent fixes et hagards, ne cherchant pas à voir.

Mon esprit et mon corps sont en état de sidération... Je pense.

Le souvenir de son sauvetage s'est imposé à moi, ainsi que celui de son corps menu tremblant dans mes bras. Sa faible chaleur m'a pourtant détendu, son parfum salé m'a chatouillé les narines, tandis que ses frêles petits bras l'ont retenu à moi en entourant mon cou. Et malgré l'urgence de la situation, je me suis senti bien. Son regard vert de jade ne m'a pas quitté. Il m'a fixé, sondant mon âme, puis il m'a capturé pour se rassurer et enfin cajolé en s'abandonnant dans mes bras.

Je n'ai pas compris l'importance de ce regard ni tout ce que cette inspection avait de majeur pour lui. J'étais un adulte et il avait sans doute voulu vérifier que je n'allais pas lui faire de mal. Mais comment pouvais-je le savoir ?

Comment j'aurais pu comprendre la détresse de ce petit corps maltraité par ses parents, certes, je l'ai trouvé malingre. Mais de là à m'imaginer qu'il manquait d'attention et d'amour...

L'urgence m'a empêché d'analyser la situation ainsi que ma peur, d'autant plus que Sadek était venu me rejoindre dans mon esprit traumatique. M'en vouloir n'aurait rien changé, surtout que je n'étais pas responsable de son état de santé.

Le chef nous a appris qu'Éden avait un peu plus de quatre ans et que les séquelles de sa maltraitance n'étaient pas récentes.

La rage a succédé à la stupéfaction et s'est muée en ce venin coulant dans mon être. Je n'ai pas pu retenir mon poing, qui s'est terminé dans le mur de son bureau. Le chef a eu l'intelligence de ne pas râler et a laissé agir Jina, qui de sa main sur mon épaule et de ses mots doux à mon oreille, a fait refouler cet excès d'agressivité...

Il nous a communiqué l'adresse de la famille d'accueil à qui Éden a été remis temporairement. Il restera là-bas jusqu'à ce que les services sociaux, mais surtout le juge, statuent sur un retour auprès de ses proches. Ou sur la culpabilité de ses parents avec pour conséquences d'être déchus de leurs droits parentaux. L'éventualité que ces monstres puissent reprendre Éden avec eux m'est impossible à envisager.

Mon cœur s'est déchiré une nouvelle fois en apprenant cette éventualité.

Nous sommes complètement sonnés à notre retour à l'appartement.

— Mon amour...

Jina passe sa main dans mes cheveux encore humides de l'eau de la douche, tandis que je fume une cigarette sur le balcon de notre appartement. Elle colle son corps au mien et nous restons là sans parler, laissant cette bombe torturer nos esprits.

— Tu veux que nous allions le voir ?

— Tu serais d'accord ?

Mes mots tout autant que mes yeux l'interrogent tant je suis surpris.

Un bébé pour Noël | Romance terminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant