Tome 1 | Chapter 15.02

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Face à face !

Mercredi 12/12/18

Plage sur Pacific Ave - à Oceanside | Oregon

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11 h 30 - Et Léo a dit vrai. Il n'a plus ouvert la bouche, jusqu'à ce qu'il gare la voiture sur le parking en bord de mer. Ça fait des années que je n'étais pas revenu à Oceanside. Cet endroit, c'est toute ma jeunesse. Les journées à ne rien foutre, à part délirer avec mes potes, à faire des paris plus débiles les uns que les autres, à surfer, à boire et à baiser bien sûr.

Des années d'insouciances où le monde des adultes était si éloigné de nous, qu'on ne voulait surtout pas leur ressembler, ne jamais aimer, ne jamais fonder de famille...

Putain de promesse à la con.

Pourtant, j'avais tout ça, mais, en un claquement de doigts, j'ai tout perdu. Leyna, Cody, nous...

Je m'échappe de la voiture à peine le moteur éteint, et cours les trois ou quatre cents mètres qui me séparent du sable et de la mer. Je hurle à m'en faire exploser les poumons et les cordes vocales. J'effraie un groupe d'oiseaux qui s'envolent et expriment leur peur dans un bruit infernal. Tandis que certaines personnes se décalent ou font demi-tour, alors qu'ils se baladent seuls ou accompagnés de leurs chiens.

Je sais que si je cours encore cinq minutes, je pourrai être tranquille dans l'anse qu'ont créée les rochers.

À bout de souffle, de vie, je vomis mes tripes derrière l'un d'eux.

Une bouteille d'eau se matérialise, proposée par Léo. Il est un peu moins essoufflé que moi, mais le rythme que je me suis imposé n'a rien à voir avec nos entraînements ou l'on doit tenir la distance. Là, je voulais expulser tout l'air de mon corps et de ma tête, ainsi que le connard que je suis.

Mais apparemment, c'est peine perdue.

— Tu comptes vraiment crever ?

— Je ne voudrais pas que tu aies mon sang sur tes mains ! Et puis, niveau conneries, j'ai la médaille d'or. Alors un peu plus ou un peu moins.

On marche au bord de l'eau pour retrouver un souffle normal avant de s'asseoir sur le sable. Je lui propose une clope, qu'il prend bien sûr, merci l'armée, alors que je m'en allume une. La première taffe me rappelle que j'ai les poumons en feu, il n'y a pas plus de cinq minutes, mais cette douleur n'est rien face à celle que je ressens au fond de mon cœur.

— J'ai merdé !

Mon aveu ne doit pas surprendre Léo. Mon regard scrute l'étendue d'eau bleu foncé, argentée et houleuse. Elle est tout aussi maussade que moi, et recrache son mauvais temps, et ses vagues bruyantes à nos pieds dans une écume importante.

— Ça, tu peux le dire !

— Je crois que j'ai perdu Leyna.

— J'en ai bien l'impression, aussi...

— Tu n'es pas censé m'aider ? Me remonter le moral ou me dire de me battre pour elle, pour mon fils...

— À quoi ça sert ? Tu fais n'importe quoi, et surtout, le contraire de ce qu'on te conseille. Tu n'as pas voulu entendre ton cœur, qui te crie depuis des mois que Leyna est la femme que tu aimes. Tu ne tiens pas à balayer le passé qui fout le bordel dans ta tête pour faire une place à ton fils... Alors à quoi ça sert ?

Putain, j'ai tout foutu en l'air...

Je chiale comme un gamin ne pouvant plus rien retenir. Le barrage a cédé, et c'est un tsunami d'émotions qui me traverse et m'emporte. La tête entre mes jambes repliées, je les enserre de mes bras de peur de me disloquer si je me relâche entièrement.

Un bébé pour Noël | Romance terminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant