Chapitre 14

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Allongée dans mon lit, je remets toute ma vie en question. L'oreiller est trop chaud et ma joue se colle. Je pousse un soupir las en le retournant pour retrouver un peu de fraîcheur. C'est peine perdu puisque je l'ai déjà retourné il y a de cela quelques minutes.

Peu après le repas catastrophique, je suis partie dans ma chambre. Je n'avais rien d'autre à faire et puis, personne n'est parti à ma recherche. Il faut croire que peu leur importe que ce mariage soit catastrophique. Je peux concevoir qu'Ander ne m'aime pas –et je ne le porte pas non plus dans mon cœur–, mais il pourrait au moins faire un effort. Une phrase aimable, je ne demande que ça. Mais j'ai bien l'impression que je n'obtiendrai jamais cela de sa part.

Alors que je me retourne une énième fois dans mon lit, un bruit de pas se fait entendre derrière ma porte. Cette dernière s'ouvre et mon visage est de face par rapport à mur. C'est-à-dire que je tombe nez à nez avec mon visiteur, qui ne se trouve qu'être Arynn. Elle s'avance dans ma chambre d'un pas silencieux et je jette un coup d'œil à l'horloge en balancier près de la porte : il est plus d'une heure du matin.

— Je peux entrer ? demande-t-elle à voix basse.

Je ne sais pas pourquoi elle demande puisqu'elle est déjà rentrée. J'acquiesce puis me redresse en emportant mon oreiller avec moi. Elle vient s'assoir au bord de mon lit et me dit d'une voix neutre :

— Tu sais, il ne changera pas.

Au moins, c'est dit. Ce n'est pas comme si j'avais espoir que lui et moi nous entendions bien un jour.

Arynn triture ses doigts puis ajoute :

— Avec le temps, cela s'adoucira. Il est juste un peu... froid.

Elle semble vouloir ajouter quelque chose mais elle se retient. Et je suis persuadée qu'elle cache quelque chose.

— Si tu viens pour t'excuser au nom de toute ta famille, ce n'est pas la peine. Je suppose que je vais juste devoir m'adapter.

— Je ne suis pas venue pour ça. J'ai juste eu de la peine pour toi, étant donné toutes les méchancetés qu'il a pu te sortir au repas.

Je ris amèrement et hausse les épaules.

— Il n'y a que la vérité qui blesse comme on dit.

J'essaie de me convaincre moi-même mais c'est raté. Ses paroles m'ont blessée. J'ai beau vouloir jouer la fille dure, je suis vexée dès qu'on parle mal un tant soit peu de mon physique. C'est tellement dur de s'accepter tel qu'on est, alors des mots blessants venant d'un étranger, ça peut marquer.

Arynn s'exclame un peu trop fort :

— Mais n'importe quoi ! Il ne pensait pas ce qu'il a dit, je t'assure.

— Pourquoi l'a-t-il dit alors ? rétorqué-je, glaciale.

— Parce qu'Ander est comme ça. Il blesse les gens volontairement. Simplement pour nous éloigner. Il a... quelques problèmes.

Éloigner par rapport à quoi ? Et puis quels problèmes ? Je n'ai vraiment pas envie de jouer à la détective, comme avec tous ces bad boy mystérieux dans les livres qui ont besoin d'être guéris.

— Je suis même sûre qu'il te trouve à son goût. Et puis, tu es vraiment jolie ! Il ne faut pas croire tout ce qu'il te dit, je t'assure.

Je suis peu convaincue. Alors, je réponds :

— Ouais... Enfin, bon. Je n'irai pas lui parler pour autant. Organisons ce mariage débile pour que je puisse enfin vivre tranquillement.

Et je ne suis toujours pas convaincue, même par mes propres mots. Il faut croire qu'une vie paisible et tranquille ne sera jamais atteignable.

Arynn se redresse, me lance un regard sincère puis sourit.

— Demain matin, on va faire une balade à cheval en famille dans les bois de la propriété. Tu veux te joindre à nous ?

— Pourquoi pas ?

Ma réponse se veut nonchalante mais je sautille de joie intérieurement. Moi qui adore l'équitation, je vais enfin pouvoir monter à cheval ! Surtout que je devais passer un concours, qui, au final n'a jamais eu lieu à cause d'oncle Ednard et de ses stupides arrangements...

— Bien. On se donne rendez-vous à dix heures devant les grandes portes, et ne sois pas en retard, mère a horreur de ça !

Je hoche doucement la tête et Arynn s'éclipse après m'avoir fait un signe. Même si le concept de faire une balade en famille ne m'enchante guère, je pourrais au moins monter. Et puis, peut-être que le détestable fils héritier de la famille nous fera don de son absence ? Le rêve...

Enfin, je n'espère pas trop.

Et puis, cet oreiller est trop chaud. Je me lève, mes pieds nus entrant en contact avec le sol glacé. Je sors de ma chambre et mon regard se porte directement à travers les énormes baies vitrées. Le ciel est assez éclairé et les étoiles se dessinent, toutes plus nombreuses les unes que les autres. D'immenses arbres sont plantés sur le jardin en contrebas et il y a un petit chemin de graviers qui mène jusqu'à la forêt.

Je m'arrête dans ma contemplation, bien déterminée à aller voler un coussin dans le salon. Sauf que je me suis à peine habituée au nouveau palais et je ne me rappelle plus où est le petit salon.

Réfléchis, tu dois bien t'en souvenir...

Peut-être que si je tourne ici, et que je monte ces escaliers-là. Je traverse les couloirs pendant quelques minutes, au final contente d'explorer le palais de nuit et m'arrête brusquement. Je suis à quelques pas d'une pièce où la lumière s'y dégage, se reflétant sur le sol.

Est-ce que c'est le petit salon ? Je m'avance et passe la tête par la porte grande ouverte. J'y découvre un homme de dos, torse nu, assis sur un petit tabouret. Je ne discerne pas très bien de qui il s'agit et je pense un moment à Sebastien mais il est beaucoup plus large que cet homme. Et c'est quand mes yeux se posent sur un chevalet que je comprends.

Ander.

Il ne m'a pas entendue et c'est tant mieux. J'essaye de voir un peu plus en détail ce qu'il est en train de dessiner mais je ne vois rien de là où je me trouve. Si j'entre, je risque de m'attirer ses foudres. Je m'attarde un peu sur ses muscles saillants, l'esprit rêveur.

Et là, c'est la parfaite occasion. Il penche légèrement le buste de côté, la tête penchée comme en pleine réflexion et je retiens un hoquet de surprise. Je m'attendais à ce qu'il dessine un paysage, comme la mer ou la forêt, qui figurent principalement sur ses tableaux dans l'entrée du palais, mais ce que je vois me laisse bouche bée.

C'est mon visage qu'il est en train de dessiner.




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Hey ! j'espère que vous allez bien :)

j'espère aussi que ce chapitre vous a plu, que globalement l'histoire est plaisante à lire (même si c'est pas un gros projet, ça m'aide à me remettre à l'écriture et c'est plutôt cool)

en attendant, n'hésitez pas à voter et commenter comme d'habitude 🥺 (ou à me donner vos théories sur la suite de l'histoire)

Et on se retrouve demain pour le prochain chapitre ! <3

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant