Chapitre 49

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C'est le noir complet. C'est comme si je luttais pour garder les yeux ouverts mais je ne peux pas. Ils se ferment, je doute qu'ils aient déjà réussi à s'ouvrir. C'est comme si j'étais emprisonnée dans mon propre sommeil et qu'il était impossible pour moi d'en sortir. J'entends Ander qui m'appelle. Il me parle, il me touche, il m'embrasse mais je ne sens rien. J'entends juste. Je ne vois rien, je ne distingue aucune silhouette, c'est obscur et j'ai si peur.

Peur de sombrer définitivement. Suis-je morte ? La question tourne en boucle dans mon esprit, je suis à la fois consciente et inconsciente. Je ne me rappelle de rien. Où est Bianca ? Et Sebastien ? Des voix fusent de tous les côtés mais je ne comprends pas. Je ne reconnais pas. Je suis noyée, perdue, je peine à respirer. Suis-je en train de mourir ?

Mes poumons se compriment. C'est donc cela la mort ? Une perpétuelle douleur ? Je ne me sens pas apaisée. J'ai si peur. Je veux rentrer chez moi, mes parents doivent s'inquiéter.

Et je n'ai pas le temps de penser de nouveau. On me touche, quelque chose se plante dans mon corps et je sombre de nouveau. C'est une boucle infernale, je ne vais jamais pouvoir m'en sortir.

• • •

— Il faut la réveiller ! intervient une voix grave, un peu rauque.

— Non, elle est encore trop faible, lance une voix féminine inconnue.

— Cela fait plus de deux semaines qu'elle est comme ça, quand diable allez-vous la sortir de là ?

— Elle n'est pas assez rétablie, Ander... dit une troisième voix.

— Je m'en fiche, elle doit savoir ! Je refuse de manigancer dans son dos comme cela.

— Ander... Tu dois obéir à ton père ou bien il déshéritera. Et c'est Sebastien qui montera sur le trône.

— Qu'il me déshérite, je préférerais encore vivre avec Eileen dans les bois plutôt que de rester avec Cecilia pour le restant de ma vie !

— Ander, s'il te plaît, calme...

— Non ! Il en est hors de question. J'ai besoin de lui parler, et cela ne peut pas attendre.

— Elle mettra des jours à être consciente, lance l'autre voix féminine.

— Peu m'importe, faites votre boulot.

• • •

Un léger picotement se fait sentir dans mon avant-bras. C'est la première chose que je ressens pleinement et c'est une sensation indescriptible. J'ouvre les yeux et les referme aussitôt lorsqu'une lumière vient m'aveugler.

Mon premier reflex est de prononcer un mot mais ma voix est enrouée. Alors j'essaie de me lever mais rien n'y fait. Je me laisse choir complètement contre la surface molle derrière moi et pousse une plainte.

— Eileen !

Cette voix, je ne la reconnais pas sur le moment. Je cligne plusieurs fois des yeux, essayant de m'habituer à la lumière mais cela me brûle. Alors, des pas se font entendre dans la pièce et je sens qu'il fait tout à coup plus sombre. Je bats des paupières de nouveau et le monde se distingue devant moi.

Je me trouve dans un lit et des draps blancs m'enveloppent. Je bouge un peu pour m'en extirper puis dévisage la pièce. Des murs beiges, une grande fenêtre, des meubles luxueux : aucun doute je suis au palais.

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant