Chapitre 51

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— T'écouter pour quoi ? Rewind m'a dit le nécessaire, je n'ai pas besoin de savoir plus.

Il me prend par les épaules pour m'écarter de la porte et me ramener au centre. Ses cheveux bruns sont emmêlés et ses yeux bleus brillent toujours autant.

— Eileen, la dernière fois que cela s'est passé ainsi, j'ai refusé de t'écouter et on a perdu notre temps sur des futilités.

Et il a raison. Pour mon baiser non-voulu avec Sebastien, j'ai tenté de m'expliquer et il ne m'a pas écouté, têtu comme il est. Mais maintenant, qu'aurait-il à me dire ?

— Je ne crois pas qu'il y ait quelque chose à dire. Le mariage est annulé, c'est tout.

Je grimace lorsque je sens mes jambes lourdes. Ander remarque mon malaise et me saisit par les coudes.

— Tout va bien ? Tu veux t'assoir ?

Il ne me laisse même pas décider. Il me tire vers la chaise où il était assis et je vais m'y assoir. Je tourne un peu la tête pour regarder ce qu'il dessinait et c'est de nouveau un portrait de moi, endormie dans un lit.

Quelque chose renaît en moi.

— Tu ne vas donc jamais cesser de me dessiner ? soufflé-je.

Il s'approche, s'abaisse et pose ses mains sur mes cuisses nues. Je frémis à son contact et il répond en plongeant ses yeux dans les miens :

— Jamais. Tu es et resteras ma muse.

J'inspire fort. Les mots de Rewind résonnent encore dans mon esprit. Ander va se marier. Il a annulé notre mariage. Il n'a rien dit.

— Écoute, Eileen, je sais à quoi tu penses mais ce n'est pas ce que tu t'imagines.

— Alors quoi ? Pourquoi aurais-tu accepté si vite ce mariage ? Ton père a fait pression ? Sebastien t'a menacé ?

Je suis énervée et il le voit. Il recule un peu et ses mains quittent mes jambes. Il finit par croiser les bras sur sa poitrine.

— Aucun des deux.

— Alors cela ne vaut pas la peine de t'écouter.

Et je me lève mais Ander me retient. J'ai l'impression qu'il veut me dire quelque chose mais qu'il n'y arrive pas.

— Eileen, s'il te plaît... Je ne peux pas te dire clairement mais...

— Tu me dis de t'écouter pour au final ça ? Sérieusement, tu te moques de moi ? Ander, je ne suis pas comme toi. J'attache de l'importance à des choses qui peuvent te sembler idiotes, mais toute cette histoire... Je suis fatiguée. J'ai l'impression que rien ne t'atteint et que quoique je dise, tu t'en ficheras toujours de moi. D'abord avec Sebastien, puis maintenant avec le mariage.

— Mais ce n'est pas ça, Eileen... J'ai juste...

Et il ne finit pas sa phrase. Ça m'exaspère. La Eileen que je connais serait déjà partie depuis bien longtemps mais je ne sais pas. J'ai le sentiment qu'il a besoin de moi. Il a l'air déboussolé comme si les mots n'arrivaient pas à se former correctement.

Il prend une grande inspiration et déclare d'un ton calme :

— Eileen, personne ne m'a forcé mais nous savons tous les deux que si j'avais refusé, j'aurais tout perdu.

Je lève les bras, exaspérée et m'exclame :

— Mais alors ? Il n'y a rien pour nous ici, Ander ! Je n'ai rien à perdre, tu aurais pu venir avec moi et nous serions partis loin de tout ça et...

— Mais où, Eileen ? Où ? J'ai ma famille ici, j'ai ma vie à Lucrenda. Tu ne peux pas me demander de tout abandonner pour... pour ça.

Il désigne d'un geste vague nous deux. Un silence s'écoule durant lequel nous nous fixons. Lui, semble au bord du désespoir et moi, je suis épuisée mentalement. J'ai trop de choses à gérer, trop de problèmes qui s'accumulent et je suis en train de perdre tout ce que j'avais.

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant