Chapitre 21

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La cour arrive aujourd'hui. C'est ce que m'a affirmé Arynn ce matin lorsqu'elle est entrée dans ma chambre à l'aube, sautillante et trépignante d'excitation. J'ignore pourquoi elle est aussi contente, peut-être a-t-elle des amis, je ne sais pas mais moi, cela ne me fait ni chaud ni froid. Elle m'a parlé, beaucoup parlé et je n'ai compris qu'un mot sur dix sur tout ce qu'elle m'a dit. J'avoue ne pas avoir été très attentive étant donné que je n'avais qu'une envie : dormir.

Par la suite, elle m'a priée de me dépêcher de m'habiller et j'ai vaguement hoché la tête, les yeux plissés de fatigue. Quand elle est sortie, j'ai congédié ma femme de chambre et les servantes ; je suis partie fermer les rideaux puis me suis allongée dans mon lit comme une patate des mers. Je me suis rendormie peut-être trois ou quatre heures et nous sommes à présent en pleine après-midi.

Les yeux mi-ouverts, je me contente de fixer le soleil qui se dégage de sous la porte. Je sais que je dois me lever mais je suis épuisée d'avance de devoir saluer tout le monde, la famille royale et la cour en plus, faire des révérences, sourire, supporter les remarques d'Ander, parler avec Sebastien... Si j'avais le choix entre avoir une vie normale et celle que j'ai actuellement, mon choix se porterait sans hésiter sur la première option. Même si j'arrive à trouver des bons points à cette nouvelle vie, l'absence de Bianca et Jasper se fait ressentir au plus profond de mon cœur.

Cela fait des dizaines et des dizaines d'années que la monarchie a été réinstaurée dans pratiquement tous les pays du monde, même si certains fonctionnent avec un régime différent, que l'on nous a peu appris à l'école. Mon éducation a aussi été assez spécifique, je n'ai jamais eu beaucoup d'amis et je travaillais toute la journée, tôt le matin jusqu'au coucher du soleil. Bien que ce fut difficile, cela m'a permis d'acquérir beaucoup de connaissances et de culture, mais à Lucrenda, tout semble différent. Et je crois bien que j'ai encore beaucoup à apprendre...

Une ombre se forme soudainement devant ma porte et je présume qu'il s'agit de Sebastien. La poignée se tourne lentement et je repousse un peu ma couette, sans pour autant me redresser. La porte s'ouvre et à ma plus grande surprise, non, ce n'est pas Sebastien. C'est Ander.

Sa silhouette se dessine dans le soleil éblouissant et il referme la porte derrière lui. Avec la lumière des rideaux, j'arrive à le voir même si cela reste sombre.

— Il est plus de quinze heures, annonce-t-il. Vous devez vous lever puisque la cour est arrivée et à ce qu'il paraîtrait, j'ai besoin de vous pour saluer tout ce beau monde.

Je me redresse, assise en tailleur et me frotte les yeux. Je remarque que maintenant, il me vouvoie. La nuit, il me tutoie et la journée c'est le contraire ? J'ai l'impression que lorsqu'il se montre sous son beau jour, il est plus enclin à établir une relation de proximité et donc de me tutoyer. Enfin, peu importe.

Ander ne bouge pas. Je m'attends à ce qu'il parte mais il n'en fait rien. Soudain, les propos de la veille me reviennent à esprit.

Je ne te courtiserai jamais.

— Pourquoi avez-vous dit cela hier ?

Il bouge légèrement la jambe et je remarque qu'il porte un uniforme assez officiel, avec des boutons dorés qui luisant à la lumière du soleil et des motifs foncés tracés tout le long.

— Quoi donc ?

J'ai l'impression qu'il est... exaspéré. Ou peut-être fatigué. Peut-être les deux. Je me lève de mon lit et m'approche de lui.

— Que vous ne me courtiseriez jamais. Pourquoi ? Cela signifie que je serais supposée vous courtiser, vous ?

Un rire s'échappe de sa bouche et une douce sensation de chaleur se propage dans tout mon corps. S'il pouvait rire au lieu d'être détestable à longueur de journée, cela serait un délice aux oreilles.

— Une femme n'est pas supposée courtiser un homme.

— Les mœurs peuvent changer.

— Je ne veux pas que vous me courtisiez, Eileen, rétorque-t-il.

— Et pourquoi donc ?

Je fais un pas. Il me dépasse d'une tête mais cela ne le dérange pas à me scruter attentivement. J'ai l'impression que sur ce silence assourdissant, mon cœur bat à mille à l'heure. Alors que c'est totalement faux, pourquoi mon cœur s'affolerait-il ?

— Simplement parce que je ne vous aime pas.

Pourquoi dessines-tu mon visage alors ?

Cette phrase me brûle les lèvres mais je me retiens. J'ignore ce qui m'empêche de tout faire sortir, peut-être que j'ai pitié de lui. Il peut aussi très bien me dessiner parce qu'il aime mon visage ? Ou juste par ennui. Cela m'agace de ne pas le comprendre.

— On ne peut pas aimer quelqu'un sans apprendre à le connaître, soufflé-je.

— Je ne souhaite pas vous connaître non plus, répond-il simplement.

Cet homme est un mystère à lui-même. Un jour il est capable de vous insulter, un autre de vous défendre et dans la seconde vous insulter encore. Il affirme ne pas vouloir me reconnaître mais si nous devons nous marier, nous devrons bien apprendre l'un de l'autre.

— Donc nous allons bientôt nous marier et vous ne ferez aucun effort ?

Il hausse les épaules et ses yeux viennent directement rencontrer les miens. J'ai envie de le toucher. J'ignore pourquoi. Et ça me démange. Il tend le bras vers moi et sa main s'approche de mon visage mais il laisse tomber. Et dans un élan de folie, j'attrape sa main et j'entremêle mes doigts aux siens.

Sa main est d'une froideur aberrante alors que la mienne est chaude. Je lève la tête et fronce les sourcils.

— C'est stupide, lancé-je.

Et ma phrase finit en suspens.

— Quoi donc ?

— Tout cela. Je ne devrais pas être obligée de vous épouser et vous également. Vous devriez être libre de vous marier avec la personne que vous aimez. Ce monde est stupide. Tout est stupide.

Un silence s'ensuit et je l'entends murmurer :

— Et nous sommes deux idiots coincés dans un monde de perfection. Deux idiots qui n'ont pas le droit à l'échec ni le droit à l'amour.

Il ne lâche pas ma main et ses yeux se mettent à briller. Je déglutis discrètement et il finit par pousser un soupir, laissant tomber sa tête contre le mur.

— Cela pourrait changer, affirmé-je. Nous pourrions changer les choses et...

— Non, nous ne pourrions pas, Eileen.

Et il détache sa mienne de la mienne. Il redevient froid, un automate, un sans cœur.

— Non... Vous ne pouvez pas vous fermer comme cela. Pas après que...

— Il ne s'agit pas de cela, réplique-t-il durement. Préparez-vous, la cour nous attend.

Et il ouvre la porte puis s'en va. Et moi, ça m'énerve. Nous avons à peine effectué un pas en avant pour nous comprendre qu'il en fait trois en arrière.






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Hey hey!

Bon j'ai un souci parce que je bug avec le vouvoiement et le tutoiement. En fait, des fois j'ai l'impression que le vouvoiement sonne mieux à certains endroits et inversement. Pour moi quand je relis ce n'est pas dérangeant mais je voulais savoir si pour vous ça l'était ?

D'un côté, si ça l'est c'est un peu gênant, parce que le but est d'installer une relation "proche" puis distante et c'est pour ça que je varie. Bref n'hésitez pas à me laisser votre avis !

Aussi, je n'ai jamais demandé mais j'espère que la longueur des chapitres est bien ? Je les fais d'environ 1000 à 1500 mots (le prochain fait 1600).

Le prochain chapitre sortira demain normalement ou peut-être que je le posterai en pleine nuit si j'ai avancé 💀

Bref, on se retrouve demain du coup et n'hésitez pas à commenter ! ;)

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𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant