Prologue

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J'avais toujours pensé qu'un jour, je serais devenue reine. Je voyais déjà la couronne se poser sur ma tête. J'aurais gouverné avec générosité mais fermeté. J'aurais été un exemple pour tous les enfants du pays, j'aurais pu faire mes preuves et montrer ce dont j'étais capable. Je me serais assise sur ce trône et aurais admiré la foule devant moi, m'acclamant.

Vive la reine ! Vive la reine !

Ce rêve avait toujours grandi au fond de moi, prenant un peu plus de place chaque année s'écoulant. Je rêvais de dominer un pays tout entier, de faire ma propre loi et d'écrire enfin ma propre histoire. Je rêvais d'être enfin celle que j'étais réellement.

Or, rien ne s'est déroulé comme prévu. Le huit septembre dernier, c'est-à-dire il y a exactement quatorze jours, on a dû m'annoncer, avec une pitié qui m'agaçait, le décès de mes parents. Sur le moment, je suis restée de marbre. J'avais toujours haï mes parents car ils ne voyaient en moi que le mauvais côté. Mon père maltraitait ma mère et cette dernière n'était qu'une potiche incapable de faire quoique ce soit.

Je devrais avoir honte de parler ainsi de mes paternels, mais au fond de moi, je m'en fiche. J'avoue que j'ai peut-être cillé quand on m'a annoncé leur mort, mais seulement car la personne qui m'avait porté dans son ventre n'était plus qu'un tas de poussières. Là où j'ai commencé à m'inquiéter un peu plus, c'est quand j'ai pensé à Bianca.

Moi, je m'en sortais parfaitement sans parents. J'étais majeure, débrouillarde et indépendante. Or, pour Bianca, ce n'était pas une mince affaire. Quand je l'ai vu fondre en larmes à l'annonce, j'ai dû me retenir afin de rester forte devant elle.

Je l'ai longuement observé, les mains jointes dans mon dos puis j'ai déclaré d'un ton solennel :

— Ils sont mieux là où ils sont à présent, crois-moi.

À ce moment-là, j'ai pu lire dans son regard une haine profonde comme si j'étais la responsable et d'un côté, je la comprends. S'ils sont morts, c'est en partie de ma faute. Je regrette mes parents, mais seulement pour elle.

Bianca a alors bondi et m'a hurlé au visage que je n'avais pas le droit de rester insensible, que je devrais pleurer avec elle plutôt que de lui faire la morale.

Le problème, petite sœur, c'est qu'à partir du moment où tu dévoiles ne serait-ce qu'un bout d'émotion, les gens s'en servent pour te détruire. C'est ce que, reine, j'aurais dit mais malheureusement pour moi, je ne le suis pas devenue. Au contraire, j'ai été envoyé à l'autre bout du monde, seule et complètement désemparée, fiancée au dernier des idiots.

Et c'est là que l'enfer a commencé.

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant