Chapitre 29

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Le trajet dans la voiture se déroule dans un silence complet en premiers lieux. Je suis assise entre Ander et Bianca et clairement, il y a une ambiance de cimetière. Bianca me fait la tête et Ander est contrarié, ce que je comprends.

Je finis par briser le silence :

— Où allons-nous ?

Ander regarde par la fenêtre, muet et Bianca fait de même. Bon sang, je ne survivrai jamais à ce trajet si aucun des deux ne met nos différends de côté le temps d'un instant !

— Est-ce que quelqu'un pourrait répondre ?

— Dans une auberge, marmonne Ander.

Je soupire. Ce n'est vraiment pas gagné. Je décide alors d'intervenir :

— Écoutez, je sais que je n'aurais pas dû vous mentir à tous les deux. J'ai agi dans ton dos Ander et j'ai conscience que cela t'a blessé et Bianca, je suis navrée de ne t'avoir rien dit. Mais s'il vous plaît, je m'en veux déjà bien assez comme cela pour que votre silence m'assassine encore plus...

Bianca se tourne alors vers moi d'un geste vif et s'exclame d'un ton plein de reproches :

— Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

— Ça n'aurait rien changé à la situation. Je trouvais juste plus simple que tu crois les choses telles qu'elles étaient.

— Mais c'est stupide ! Jasper le savait, lui ?

Je hoche la tête, me sentant piteuse. Elle me dévisage, outrée que je puisse en dire plus à mon meilleur ami qu'à elle. Vexée, elle se détourne et je tente de prendre sa main mais elle me repousse d'un geste furieux.

Je pousse un énième soupir et me tourne vers Ander. Toujours aussi grognon. Lassée, je finis par fixer la route devant moi. J'ai failli avec deux personnes qui me sont chères et cela me fend en deux.

Épuisée, je finis par laisser tomber lourdement ma tête en arrière. Mes paupières me sont lourdes et je ne réagis pas comme ma tête tombe sur l'épaule d'Ander et que le sommeil finit par m'emporter.

• • •

On me secoue doucement et une voix me sort de ma torpeur. Des doigts glacés effleurent ma joue et j'ouvre lourdement les yeux.

— Eileen, réveille-toi...

La première chose que je vois ce sont les yeux d'Ander rivés aux miens et sa proximité réveille en moi des sensations nouvelles. Je me frotte les yeux et regarde autour de moi. Nous sommes toujours dans la voiture.

— Tu as dormi pendant tout le trajet.

Je réalise alors que je suis complètement avachie sur lui, la tête sur son torse. Génial. Je me redresse et remarque que Bianca a disparu. Ander répond à mes interrogations avant même que je puisse les énoncer :

— Elle est déjà partie dans une chambre de l'auberge. Je n'ai pu qu'en louer deux, je n'ai pas pris assez d'argent sur moi.

Je m'approche de la fenêtre et observe l'auberge. C'est une grande bâtisse faite en briques et isolée du reste du monde. En plein bord de forêt et prêt d'une petite route, elle est assez recluse mais paraît chaleureuse avec le feu sortant de sa cheminée et la lumière se dégageant des fenêtres.

Je m'extirpe de la voiture, suivie d'Ander qui reste derrière moi. Sans trop attendre, nous entrons à l'intérieur et je plisse des yeux quand la lumière vient m'assassiner les yeux de plein fard. Nous nous trouvons dans une moyenne pièce qui s'avère être un bar et où les clients y sont attablés. Le brouhaha résonne dans mes oreilles : tous rient et parlent fort. Deux hommes se retournent à notre arrivée et s'esclaffent en me dévisageant.

— Non mais vous avez vu son accoutrement !

Je comprends alors. Une fille en robe, qui plus est pleine de boue et trempée dans un endroit tel qu'un bar où tous les pochtrons se réunissent, cela fait tâche. Un homme se lève et s'approche, me toisant avec intérêt.

— Elle a l'air sauvage !

Ander s'avance mais je le repousse de ma main. L'homme louche sur mon décolleté et je me demande à ce moment ce qu'ont les hommes avec cette partie du corps. Cela en devient obsessionnel.

— Ne restons pas ici, soufflé-je à Ander.

Il me prend par le bras et m'entraîne vers des escaliers en bois au fond de la pièce qui mènent à un étage. Derrière moi, j'entends :

— Appelle-nous si t'as besoin d'aide, vieux !

Ander serre des dents et moi, je bâille. J'ai envie de dormir et de manger surtout. Mais de dormir principalement.

Et d'embrasser Ander.

Ah, non !

Arrivés à l'étage, plusieurs pièces divergent mais nous nous rendons directement vers celle du fond. La porte se refermant derrière nous, Ander marmonne :

— Donne-moi une seule bonne raison de ne pas leur en coller une.

Sans perdre une seconde, je commence à retirer mes chaussures. Jetant un coup d'œil autour de moi je remarque un lit qui a l'air trop petit, une armoire, une commode et une chaise. Le strict nécessaire.

Tout en me déshabillant, je déclare d'un ton moqueur :

— Eh bien déjà, je pense que tu ne fais pas le poids contre eux. Sans vouloir te vexer, tu te faisais battre par Sebastien alors dix armoires en bas, ce serait une bataille perdue d'avance. Ensuite, je pense qu'on s'en fiche d'eux. Ce sont des gros porcs mal élevés qui méritent une torture douce et lente pour tous les propos grossiers qu'ils ont pu sortir. Un jour, vengeance s'effectuera, en attendant, tâche de rester en vie.

Il me fixe, les sourcils froncés.

— Tu sous-entends que je suis faible ?

— Pas le moins du monde, mon cher, simplement que tu es moins robuste qu'eux.

Il me dévisage bizarrement. Je pose ma robe sur la chaise et l'interroge du regard.

— Un problème ?

— Tu viens de me tutoyer.

Je me dirige vers une armoire en quête d'un peignoir ou quelconque autre vêtement susceptible de me servir de pyjama.

— Je dois m'excuser ?

Ouvrant les portes, je tombe pile sur une large chemise blanche. Parfait. Je me décale pour aller la poser sur le lit et commence à défaire les lanières de mon corset. Ander n'a toujours pas bougé et je cesse ce que j'étais en train de faire.

— Un autre problème ?

— J'ai envie de t'épouser.

Et mon cœur loupe un battement.






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Re!

Le prochain chap sortira en fin d'aprem :)

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𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant